Selon l'Évangile de Jean, Jésus le Christ, après avoir soupé pour la dernière fois avec ses disciples, leur donna de précieuses instructions spirituelles. Il leur avait précédemment lavé les pieds, illustrant ainsi par son exemple le ministère du christianisme qui doit purifier le monde de ses tendances matérielles. Le Maître allait bientôt quitter ses disciples, parvenir à un état de l'être pour lequel eux n'étaient point encore suffisamment préparés. Mais il leur prescrivit une règle assurant les progrès, de sorte que plus tard ils seraient capables de le suivre. Il dit (Jean 13:34): « Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. »
La norme parfaite de l'amour pratiquée par Jésus était assurément pour ceux qui le suivaient une chose nouvelle. Sa carrière terrestre fut riche en bonnes œuvres témoignant d'un pouvoir qui prouvait que Dieu est Amour, que l'homme est la ressemblance de cet Amour auquel il obéit. Le Conducteur vivait le précepte que lui-même avait énoncé (Jean 15: 13): « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Cette profonde parole du Maître explique ce qu'est l'amour qui guérit.
La Science Chrétienne affirme que la vie à laquelle il faut renoncer est le sens mortel de l'existence. Les humains doivent cesser de croire à la réalité des sens corporels qui représentent l'homme en tant que créature charnelle, délicate, sujette au péché, à la souffrance, au désespoir, à la destruction. Ils doivent se purifier de cette fausse emprise et permettre que les sens spirituels les vivifient afin de voir l'homme tel que Dieu le crée, c'est-à-dire incorporel, immortel. Alors ils percevront clairement ce que signifie l'amour conforme au Christ. Ils se rendront compte que l'amour efficace, capable de guérir, est la pureté qui voit la perfection.
Quand la pureté fait défaut, il est impossible de percevoir la création parfaite dont Dieu est l'auteur. Il nous faut donc démontrer un sens pur si nous voulons obéir au nouveau commandement du Maître — aimer comme il en a donné l'exemple. Mary Baker Eddy déclare dans Miscellaneous Writings (pp. 362, 363): « Plus un soi-disant entendement égaré s'approche de la pureté, plus il prend conscience de sa propre irréalité, et de la grande réalité que constituent l'Entendement divin et le bonheur véritable. »
Jésus le Christ discernait l'homme réel; grâce à ce discernement, il pouvait dissiper les brumes de la pensée fausse dans lesquelles apparaît la race adamique. Les déconvenues de la maladie, l'esclavage du péché, le malheur d'une vie déréglée disparaissent lorsqu'on fait agir sur ces erreurs la pure vision de l'homme créé à la ressemblance de Dieu.
Puisqu'il est l'apanage de l'homme, le sens spirituel peut toujours se démontrer comme un fait de notre être. Puisque, comme l'explique la Science, la pureté seule peut voir la création parfaite de Dieu, celui qui voudrait vivre plus haut que le sens temporel de vie doit scruter ses propres pensées pour y trouver les signes de la réalité. Rien ne peut empêcher le disciple fidèle de voir ce que son abnégation l'a préparé à saisir.
Tant que, soit inconsciemment soit d'une manière agressive, nous entretenons un mauvais concept de notre prochain, nous n'obéissons pas au commandement nouveau donné par Jésus qui nous dit d'aimer comme lui-même l'a fait. Et nous ternissons notre propre sentiment de l'existence. A la page 49 de Unité du Bien, Mrs. Eddy fait cette remarque: « Tant que j'ai conscience du mal, je ne puis être entièrement bonne. » Voilà qui exclut le pharisaïsme ainsi que le désir de se justifier, et présente comme seule norme de l'amour la pureté absolue. Croire au mal chez une autre personne, c'est être soi-même moins que bon, manquer de bienveillance.
Ceux dont le cœur est pur aiment parce qu'ils voient ce qui est aimable — la ressemblance de Dieu. Ils pardonnent, car ils comprennent l'irréalité de tout ce qui obscurcit la ressemblance de Dieu, digne d'être aimée. Si l'effort fait pour percevoir l'homme réel ne procure pas immédiatement la guérison, ils continuent à purifier leur propre concept de l'homme. Ils s'abstiennent de condamner personnellement autrui, mais réprouvent plutôt les faux sens corporels.
Une perception pure élève le disciple jusque dans le royaume de l'Amour. Elle lui rend sensible l'atmosphère de l'Esprit. Elle lui révèle la vraie nature de toutes les identités existant en Christ, spirituelles et parfaites, enfants d'un Père parfait. Cette pure perception caractérisait les patriarches ou les prophètes dont parle la Bible et les séparait de la masse des humains. Les Écritures rapportent que de grandes œuvres furent accomplies lorsqu'on fit taire les sens physiques, et que des hommes remarquables saisirent la perfection de l'univers créé par Dieu. Dans son Message to The Mother Church for 1901 (p. 9), notre Leader écrit: « Les patriarches et les prophètes perçurent mainte glorieuse lueur du Messie ou Christ; et leur sens plus vrai concernant le Christ les baptisa dans l'Esprit — les immergea dans un sens si pur que ces hommes devinrent des voyants, des guérisseurs chrétiens. »
Les normes de la pureté diffèrent chez les humains selon la mesure dans laquelle ils sont éclairés spirituellement. Pour certaines personnes, une bonne conduite représente déjà un idéal assez haut. Mais ceux qui voudraient unir la pureté avec l'amour capable de guérir réalisent que cette pureté exige non seulement de bonnes mœurs, mais le sacrifice du sens matériel de vie — le « plus grand amour » défini par Jésus. Ils savent que cet amour sera suffisamment pur pour voir la réalité quand leur cœur sera débarrassé de tout ce que produisent les sens physiques, des craintes, de l'orgueil, de l'attachement à la matière qui caractérisent un mortel. Et quand ils percevront la réalité, ils guériront les malades, les pécheurs, les indigents et les affligés. Parce qu'ils entretiennent des vues spirituelles de l'homme, celles-ci détruiront les vues fausses qui se présentent à eux. La pureté et l'amour s'avéreront inséparables, et puissants dans leur cohérence.