Les Évangiles montrent que lorsque Jésus fut amené devant Pilate, malgré les violentes accusations de ses ennemis, le Maître « ne répondit rien » (Matth. 27:12). A ce sujet Mary Baker Eddy, Découvreuse et Fondatrice de Christian Science, écrit dans le livre de texte de Christian Science, Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 48): « Judas avait les armes du monde. Jésus n'en avait pas une seule et ne choisit pas les moyens de défense du monde. "Il n'ouvrit point la bouche." Le grand démonstrateur de la Vérité et de l'Amour se tut devant l'envie et la haine. »
Évidemment, cette sublime défense frappa Pilate, car l'Évangile de Marc déclare (15:4, 5): « Pilate l'interrogea encore et lui dit: Ne réponds-tu rien? Vois combien d'accusations ils portent contre toi! » Puis le récit continue en ces termes: « Mais Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate en était étonné. » Il est bon de méditer la méthode qu'employa le Métaphysicien par excellence pour se défendre contre cette pernicieuse attaque de l'entendement charnel. La majesté et la puissance du Christ, de la Vérité, qui se manifestèrent dans cette intense épreuve humaine, doivent paraître au moins dans une certaine mesure au cours de nos démonstrations.
Le sens personnel corporel insiste pour que nous répondions à la haine par une haine plus âpre, aux accusations par des contre-accusations plus véhémentes. Sera-ce là notre attitude, verserons-nous ainsi de l'huile sur le feu? Ou bien étoufferons-nous l'incendie en refusant avec une fermeté sincère de l'admettre dans notre conscience parce que la Vérité et l'Amour sont omniprésents? Le Scientiste Chrétien sait qu'il ne s'agit point ici d'une défense passive. C'est l'action la plus vigoureuse contre les suggestions malignes. Il nous faut affirmer avec constance la vérité de l'être en refusant toute identification avec le mal ou la matière, soit pour nous-mêmes soit pour autrui. Alors sous l'action de la Vérité le mensonge — haine, maladie, péché — entraîné par son propre poids, retombera dans le néant.
Par un après-midi d'été un Scientiste Chrétien qui rentrait chez lui dans son automobile laissa reposer sa main sur le siège de la voiture, où se trouvait une gerbe de fleurs. Sentant quelque chose sur le dos de sa main, il la frotta machinalement contre le siège. Il sentit une douleur cuisante, et le coup d'œil qu'il jeta dans la voiture lui fit voir un gros bourdon qui s'éloignait avec lenteur. Il éleva ses pensées vers Dieu et reçut ce message: « Dieu est amour » — « L'amour parfait bannit la crainte » (I Jean 4:8, 18).
Le Scientiste Chrétien analysa le sens du mot piqûre et vit que ce terme implique une réponse aux suggestions agressives, comme on le voit dans l'expression « piqué au vif. » Il se souvint alors — et ceci l'inspira — que Jésus avait gardé le silence devant ses accusateurs; qu'avec une grande dignité morale, il avait refusé de s'offenser, de répondre à la haine, aux injures dont on l'accablait. Le Scientiste vit que seul le sens personnel peut prétendre piquer ou être piqué, mais que le sens spirituel en est incapable. Il se rappela aussi qu'un conférencier de Christian Science avait fait cette remarque: Personne ne peut souffrir dans son honnêteté, son intelligence ou son intégrité. Il affirma que ce raisonnement juste correspondait à la Vérité et par conséquent avait du pouvoir. Tout cela ne prit que quelques minutes, mais la douleur disparut complètement pendant qu'il méditait ainsi.
Refuser d'être sensible aux suggestions erronées du sens personnel est chose indispensable. Refuser d'admettre les prétentions du mal qui revendique une identité, c'est un facteur important pour établir et maintenir des rapports harmonieux au foyer, à l'église, dans les affaires, dans les différents milieux où nous pouvons nous trouver. Voici ce que déclare Mrs. Eddy dans Miscellaneous Writings: (pp. 223, 224): « La flèche mentale que lance notre prochain est quasiment inoffensive, à moins que nos pensées mêmes en fassent une arme barbelée. » Elle explique en outre, avec une perspicacité caractéristique: « C'est notre orgueil qui rend pénibles les critiques d'autrui, notre volonté personnelle qui regarde tel acte comme offensant, notre égotisme qui se sent blessé par a présomption d'une autre personne. »
Voici la question qui se pose: Nous laisserons-nous tromper par le sens personnel qui prétend constituer notre pensée, ou refuserons-nous de nous identifier avec ce faux sens? La bonté, l'intellect purement humains sont incapables de nous protéger contre les suggestions de haine répandues aujourd'hui dans le monde. La Christian Science révèle l'admirable fait que l'homme de Dieu — votre véritable individualité, la mienne — est inaccessible à la haine, car l'homme est l'idée de l'Amour infini. Il n'est point créé par le sens corporel. De même que l'obscurité ne peut détruire la lumière, ainsi l'envie, la haine ne sauraient léser ou détruire l'Amour et son idée. Le Scientiste Chrétien démontre cela dans la mesure où il refuse fermement de s'identifier avec un sens personnel du bien ou du mal. Sur la base de sa véritable individualité spirituelle, saint Paul put annuler la morsure de la vipère qui s'était attachée à sa main. Il secoua l'animal dans le feu et ne ressentit aucun mal.
L'homme de Dieu n'est point dans le tableau mesmérique illusoire que présente le sens personnel. Ce dernier prend comme cible son concept erroné de l'homme. Quand nous rejetons en ce qui nous concerne ce faux concept, nous n'offrons plus aucune cible aux traits de l'erreur. Notre moi réel n'a jamais subi d'atteinte; il est intact et le sera toujours.
Demeurer « dans la retraite du Très-Haut » (Ps. 91:1), c'est aujourd'hui même le glorieux privilège de tout soldat chrétien. Comme le dit notre intrépide Leader (Science et Santé, p. 571): « Revêtu de la panoplie de l'Amour, vous êtes à l'abri de la haine humaine. »