LE sens de l’humour est une chose précieuse, à laquelle s’apparente la qualité chrétienne du courage, de l’entrain; en effet, ces caractéristiques sont des protestations spontanées contre les fausses, les absurdes prétentions du mal qui revendique l’existence, la présence, le pouvoir. L’entrain ne correspond-il pas au « manteau de louange » qui, selon Ésaïe, doit remplacer « l’esprit d’accablement »? Ce dernier terme exprime bien les effets de la dépression, les suites du magnétisme animal sous toutes ses formes. Si par moments l’erreur semble stimulante, sa prétendue gaieté n’est que le prélude du découragement. Le mal ne tarde pas à décevoir ceux qui s’y adonnent. Le stimulus de la matérialité conduit à la réaction. Pour finir, le magnétisme animal est toujours « l’esprit d’accablement. »
Chez les enfants, l’entrain est chose naturelle. Et les adultes auraient la même allégresse spontanée s’ils connaissaient aussi peu l’erreur, s’ils étaient exempts de souvenirs coupables, s’ils n’étaient point endurcis par leur contact avec le mal. Au fait, ils devraient cultiver d’autant plus cette précieuse qualité.
Rappelons-nous que le « manteau de louange » appartient vraiment à l’homme; nous pouvons toujours le trouver, et voir qu’il va bien. Il est fait pour nous. Étant naturel à l’homme sous tous les rapports, il convient également aux idées moindres. Un jour, dans l’exercice de ses fonctions, une garde-malade Scientiste Chrétienne se sentit épuisée, triste, découragée par la ténacité de l’erreur; l’abattement s’empara d’elle au point qu’elle quitta le chevet de sa patiente pour s’enfuir au jardin, où elle se laissa tomber sur un banc, à l’ombre d’un grand arbre. Les sombres pressentiments, la mélancolie qui l’accablait lui faisaient baisser la tête; elle ne voyait que la terre humide et noire sur laquelle reposaient ses pieds. Soudain elle entendit un chant d’une allégresse indescriptible — des notes si claires, si fraîches et si belles qu’il lui fallut lever les yeux vers les branches du grand arbre.
Elle y vit une mésange perchée sur un rameau, en train de dire au monde que tout allait extrêmement bien. Intriguée, la garde-malade observa l’oiseau qui tout à coup descendit comme une flèche, ramassa par terre une brindille et s’envola vers la maisonnette qu’une personne bienveillante avait fixée pour lui au tronc de l’arbre. Or ce logis n’avait comme porte qu’une toute petite ouverture, qui le protégeait contre les intrusions des gros oiseaux. Quand la mésange voulut y introduire ce qu’elle destinait à son nid, elle n’y réussit pas, car elle avait saisi la brindille juste par le milieu. Voyant que ses efforts étaient vains, elle la laissa tomber et prit son vol pour aller se poser sur le toit, d’où elle considéra le problème. Puis elle leva la tête et se mit à chanter.
La garde-malade crut entendre un psaume de gratitude, des actions de grâces perçant la tristesse dont son cœur était plein. Elle sentit se dissiper l’ « esprit d’accablement »; le « manteau de louange » descendit sur elle et vint l’envelopper. Tout à coup la mésange cessa de chanter, glissa rapidement jusqu’à terre et ramassa de nouveau la brindille; mais cette fois elle la prit par une de ses extrémités. Volant tout droit jusqu’à sa maisonnette, elle disparut à l’intérieur avec la brindille qui passa facilement par la porte. La garde-malade dit tout bas: « Merci, mon Dieu! » Ayant recouvré son entrain, elle retourna au chevet de la patiente; avec des larmes de joie, elle vit que l’allégresse chassait les ombres de l’angoisse, que la guérison parfaite s’établissait là où l’on avait prévu le deuil.
L’entrain véritable permet de s’élever jusque sur les hauteurs ou d’y rester, malgré les circonstances adverses. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 167), Mary Baker Eddy montre l’importance de cette aptitude, car elle déclare: « Nous ne saisissons la Vie dans la Science divine que dans la mesure où nous vivons au-dessus du sens corporel et le corrigeons. »