Si les hommes avaient plus généralement consacré leurs efforts et leurs études à éclairer la race humaine, celle-ci serait sans doute déjà parvenue à un développement moral supérieur. Mais l'esprit humain, qui croit au bien et au mal, a regardé l'influx des lumières tantôt comme un ami, tantôt — et presque aussi souvent — comme un ennemi. Pour s'agrandir et se défendre, pour abattre et ruiner ses adversaires, il a recouru aux ténèbres du mensonge, de l'ignorance, de la tromperie. Pourtant le premier ordre du créateur fut celui-ci: « Que la lumière soit! » suivi dans la Bible de cette brève, irrévocable conclusion: « Et la lumière fut. » Bien des siècles plus tard, le Christ Jésus dit à ses disciples que non seulement lui-même, mais ceux qui le suivaient étaient la lumière du monde. Il fit donc voir que la divine loi de la lumière s'applique à tous les hommes. Jésus se proposait d'éclairer le monde, et ce but doit être également celui de ses disciples.
Le Révélateur comprenait l'importance primordiale de la lumière dans l'histoire de l'humanité; il vit au milieu des sept chandeliers d'or « quelqu'un qui ressemblait au Fils de l'homme. » Dans sa plénitude, cette vision dut être merveilleusement claire. L'auteur conclut en ces termes: « Son visage resplendissait comme le soleil, quand il luit dans sa force. » Plus tard il acheva son tableau de la création spirituelle en dépeignant « une femme revêtue du soleil. » Concernant cette vision, Mary Baker Eddy écrit, dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 561): « L'idée spirituelle est revêtue du resplendissement de la Vérité spirituelle, et la matière est mise sous ses pieds. La lumière décrite n'est en réalité ni solaire, ni lunaire, mais elle est la Vie spirituelle, “la lumière des hommes.” »
Pour décrire cette « lumière des hommes, » exprimant la paternité et la maternité de Dieu, saint Jean la compare au « soleil, quand il luit dans sa force. » Dans cette conscience de lumière radieuse, les ténèbres de la crainte, de la maladie, de la haine ou de la destruction ne trouvent aucune place. Les œuvres des ténèbres ne peuvent avoir d'effet là où règne la lumière. Si subtils, si formidables que soient les mensonges; qu'ils semblent former une conspiration, être semés à profusion, agir par répétition ou mesmériser les foules — ils ne sauraient atteindre celui qui sait que la lumière du monde n'est pas et ne peut être associée à autre chose qu'à la Vérité. Tout ce qui représente Dieu est lumière, et cette lumière n'est jamais absente. Le Christ — la Vérité — guérit la maladie et démasque le péché; il donne la preuve de son autorité divine sur toutes les fausses lois; il réfute le fallacieux témoignage qui soutient le pouvoir du mal; il dissipe les ténèbres de la mort et du tombeau. Or Jésus dit à ses auditeurs qu'ils étaient cette lumière. La lumière spirituelle est immortelle de sa nature; elle ne se dérobe pas aux uns tandis qu'elle illumine les autres. La lumière des « chandeliers » ne s'éteint pas, elle ne s'obscurcit pas même temporairement; et au milieu d'eux se trouve celui qui ressemble « au Fils de l'homme. »
Voici la nécessité de l'heure actuelle: savoir qu'aucune prétention ténébreuse, aucune combinaison adverse, nul renversement ou déformation de la réalité, nul présage de châtiment ou de vengeance, ne peuvent ravir au monde la lumière, entraver l'illumination graduelle des humains. Croire que soit à dessein, soit par méprise, une force s'oppose inévitablement à ce que les individus ou les peuples soient éclairés; considérer avec crainte ou avec colère les despotismes passagers et les ravages qu'il font dans l'existence de leurs victimes — c'est abandonner la seule chose qui puisse ou qui veuille détruire ces maux. Pour percer les ténèbres du mal et les dissiper, il faut que l'homme maintienne son unicité avec le réel. Le grand fait spirituel, c'est que l'homme exprime éternellement la lumière; c'est là son statut, sa mission, sa destinée. A toute heure, à chaque instant, il nous faut voir la lumière là où semblent régner les ténèbres, la vérité là où le mensonge des sens matériels prétend nous duper; alors nous pouvons connaître l'homme tel qu'il est éternellement, « comme le soleil, quand il luit dans sa force. »
Chez ses disciples, Jésus ne voyait pas se manifester beaucoup de lumière, ni une bien grande mesure de vérité; pourtant il n'hésita point à leur dire qu'ils étaient la lumière du monde. Dans cette lueur de sincérité, d'obéissance, de fidélité, il voyait la promesse de leur individualité véritable. Telle doit être notre attitude envers nous-mêmes comme envers autrui. Certains d'être éclairés, d'être un avec la lumière, nous chercherons avec une vigueur et une confiance toujours plus grandes à nous approcher des modèles qui nous sont révélés en Science divine, et à les maintenir; pour nous-mêmes et pour nos semblables, nous revendiquerons aussi cette « Vie spirituelle, “la lumière des hommes.” De cette manière, les Scientistes Chrétiens accompliront la prophétie que l'inspiration dictait à notre bien-aimée Leader; celle-ci en effet, à l'instar du Christ Jésus, avait confiance dans la grande destinée de ceux qui suivraient ses traces. A la page 276 de Miscellaneous Writings, elle écrit: « En Science Chrétienne, minuit sera toujours l'heure nuptiale, jusqu'à ce qu'il n'y ait “plus de nuit.” Les sages auront leurs lampes allumées, et la lumière éclairera les ténèbres. »
