Plutot que de connaître la vérité touchant une situation donnée, les humains aiment mieux faire certaines choses ou les voir faire par d'autres: nous en avons un exemple dans l'attitude des disciples en face de la foule qui sans se munir de provisions, avait suivi Jésus pour comprendre le Christ dont il était animé et grâce auquel il pouvait guérir les malades. Constatant que la foule avait besoin de nourriture, les disciples prièrent Jésus d'envoyer tout ce monde dans les villages pour y trouver des vivres. On peut bien se demander quelle impression les disciples éprouvèrent lorsqu'au lieu d'accepter leur conseil, Jésus dit: « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Pourquoi les disciples voulaient-ils renvoyer la foule? Pourquoi Jésus leur dit-il de la rassasier? Loin de récuser et de rejeter le faux témoignage des sens matériels, eux l'acceptaient comme une réalité digne de considération. Jésus d'autre part comprenait spirituellement que lorsque la conscience est spiritualisée, les hommes sont à même de refléter Dieu; il estimait donc que nourrir cette grande multitude était possible là où l'on se trouvait.
L'entendement humain n'abandonne qu'avec peine ses méthodes et ses plans. Il répugne à mettre sa confiance dans les faits et la loi spirituels. Si l'on hésite à répudier le faux témoignage des sens matériels, cela vient toujours d'un manque de spiritualité, d'une compréhension spirituelle insuffisante. C'était par manque de compréhension spirituelle que les disciples acceptaient un sens de pénurie. Comme l'a déclaré Mrs. Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 405): « L'entendement mortel est l'erreur fondamentale. » C'était donc l'entendement mortel qui disait, par la bouche des disciples: « Nous sommes dans un lieu désert. » Aujourd'hui, l'entendement mortel répète à qui veut l'entendre: Vous êtes dans un « lieu désert. » Il y a la crise, le chômage, l'insuccès, le manque. Il y a les créanciers et les dettes.
A l'heure actuelle, les suggestions d'incertitude, d'angoisse, d'insécurité, de pénurie semblent affamer la conscience et la laisser dans « un lieu désert. » Il faut que l'humanité quitte le « lieu désert » de l'incrédulité. Elle a le droit de sortir du « lieu désert » représenté par l'ignorance. Elle peut le faire en adoptant la voie spirituelle qui rendit Jésus capable de rassasier la foule, et cela sans aller ailleurs, sans avoir recours à des méthodes purement humaines.
Selon les termes de Mrs. Eddy, Jésus était, parmi tous les habitants de notre planète, « l'homme le plus scientifique » (Science et Santé, p. 313). Cet homme éminemment scientifique n'était point troublé par les craintes, les limitations ou le matérialisme auxquels les disciples donnaient une voix. Il n'acceptait pas le témoignage du sens matériel, car il savait que la loi de Dieu — la divine loi des ressources, toujours présente, opérante, à la portée de tous — s'exprime par l'homme, idée, image ou ressemblance de Dieu. Ce que le Maître savait, le Christ ou la Vérité qu'il manifestait, voilà ce qui donnait à Jésus la paix, l'équilibre mental, la maîtrise; il put ainsi rejeter la suggestion qu'il était dans « un lieu désert » où les ressources faisaient défaut; il put comprendre et prouver que là où est l'homme, la loi divine opère et s'exprime, loi d'abondance et de ressources constantes.
A l'époque de Jésus, c'était le Christ, révélant le fait spirituel des ressources, qui dissipait l'illusion mesmérique appelée manque ou pénurie. Aujourd'hui, grâce à la Science Chrétienne, les humains qui recherchent la vérité peuvent apprendre ce que Jésus savait; devenant des hommes ou des femmes scientifiques, ils peuvent comprendre que les troubles économique les bouleversements politiques, les crises financières ont leur source dans l mesmérisme de l'entendement mortel; que ces choses sont sans réalité, sans puissance ou pouvoir pour atteindre, manier, délinéer, limiter ou interrompre la continuité, la sécurité et la certitude des biens destinés à l'homme.
Le penser scientifique exact et spirituel embrasse la connaissance que les ressources viennent de Dieu; qu'elles sont bonnes, infinies, inépuisables. La croyance à la matérialité des ressources se dissipe devant ce fait spirituel: les ressources sont le développement ininterrompu des idées et des qualités spirituelles qui nous enrichissent et nous satisfont.
Parce que Dieu est le divin Principe ou la source des biens dont jouit l'homme, ceux-ci ne sont pas saisonniers, incertains, variables; ils sont continus, solides, sûrs, aussi constants que le Principe. Pourquoi s'attarder dans « un lieu désert » ou règne le sens matériel, pourquoi souffrir la disette mentale, l'insuffisance, les craintes et l'effroi, alors que la Vérité est présente, susceptible d'être comprise et utilisée? Pourquoi écouter les suggestions de l'entendement mortel, les accepter et permettre qu'elles nous rendent malheureux? Pourquoi n'accepterions-nous pas avec amour et sans délai les faits infinis, impérissables, qui concernent Dieu, l'Esprit? Accepter ces faits et les mettre en œuvre introduira dans notre conscience et dans notre vie l'abondance que discernait Ésaïe lorsqu'il s'écriait: « Le désert et la terre désolée sont dans la joie. La plaine aride est dans l'allégresse et fleurit comme le lis. Elle se couvre de fleurs. »
