Dans la parabole de l’enfant prodigue, Jésus fait voir le plus jeune fils quittant la maison après reçu ce qui lui revenait de l’héritage paternel. Le sens matériel faisait miroiter à ses yeux des tableaux de bonheur ou de succès, et nulle inquiétude ne troublait sa pensée. Cependant il éprouva bientôt des vicissitudes. Nous apprenons qu’après avoir dissipé « son bien en vivant dans la débauche,... il commença à être dans l’indigence. » Il avait d’abord gaspillé sa fortune et s’apercevait trop tard qu’il n’était pas à même de s’entretenir et de faire un travail productif.
Malgré ces erreurs et ces péchés, un bon accueil attendait le fils repentant. Alors qu’il vivait dans un pays éloigné, l’affection de son père s’était déjà portée vers lui; mais tant qu’il avait confiance en lui-même et semblait heureux, le fils n’avait ni vu ni désiré cet amour. Ce fut la disette, la faim, le repentir, qui le réveillèrent du songe des sens et le contraignirent à reprendre le chemin de la maison paternelle.
Cette parabole contient de profondes leçons, car elle décrit ce qui arrive souvent au mortel. Celui-ci se trouve parfois dans une situation où ce qu’il possède tombe en poussière, où les pertes, les soucis, le désespoir semblent l’assiéger. A-t-il pris sans aucun remerciement les biens que lui réservait son Père — la santé, la force, l’abondance, qu’il a tenues pour sa propriété et son héritage personnels? A-t-il cru que ces possessions lui conféraient un privilège, qu’à cause d’elles il serait reconnu et respecté? Dans ce cas, le sens humain l’a trompé en le rendant fier et présomptueux. Et lorsqu’en conséquence, le mortel était plongé dans l’ivresse et l’aveuglement, ce sens trompeur lui a ravi ses biens et l’a laissé pauvre et méprisé.
De même, comme un enfant lassé, le mortel qui errait dans la matérialité revient tôt ou tard à la maison paternelle, humble et repentant. Les déceptions et les souffrances l’ont ébranlé, découragé; aussi aspire-t-il à la paix de la vraie conscience, il voudrait comprendre et acquérir les trésors spirituels. Dans Miscellaneous Writings (pp. 203, 204), notre sage Leader, Mary Baker Eddy, qui pouvait reconnaître et percer à jour les erreurs de la pensée mortelle, s’exprima comme suit: « Le baptême de la repentance est vraiment un état où leur conscience ayant été touchée, les mortels apprennent à se voir eux-mêmes avec sévérité; un état d’esprit qui déchire le voile cachant la difformité mentale. Les yeux se remplissent de larmes, l’angoisse lutte, l’orgueil se révolte, et un mortel paraît être un monstre, un impénétrable et sombre nuage d’erreur; alors, tombant à genoux pour prier, humble devant Dieu, il s’écrie: ‘Sauve-moi, sinon je péris!’ »
La pensée qui n’est point unie à Dieu, au créateur, et qui croit se suffire, devient nécessairement pauvre et faible: elle perd toutes ses prétendues richesses. Les capacités qu’on tenait pour des talents personnels s’épuisent; d’un jour à l’autre, elles deviennent la proie de certaines lois matérielles destructives. Nous devons considérer les aptitudes comme des dons spirituels et les recevoir de la main du Père, en Lui rendant grâces; nous devons comprendre que Dieu dispense les biens et que l’homme est toujours Son humble obligé. Alors seulement nos possessions seront durables. Qu’il s’agisse de santé, de bonheur ou de ressources, nous devrions avoir le sentiment que nous sommes unis à Dieu et dépendons de Lui; qu’en toute circonstance, Il est présent pour nous aider et nous guérir.
« Mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce que j’ai est à toi. » C’est ainsi que dans la parabole, le père répond au fils aîné; et l’on peut considérer cela comme une promesse formelle pour quiconque reconnaît qu’il est spirituellement uni à Dieu et cherche tous les biens dans la réflexion spirituelle. Ésaïe écrivait: « Ainsi parle l’Éternel... Oh! si tu étais attentif à mes commandements! Ton bonheur coulerait comme un fleuve et ta prospérité comme les flots de la mer. » Le mortel qui se croit personnellement sage tombe dans l’infortune parce qu’il s’écarte de l’union consciente avec Dieu.
Nos luttes ne proviennent-elles pas avant tout du fait que soit en pensée soit en action, nous nous sommes séparés de l’Entendement divin? Jésus pouvait dire: « Je suis issu du Père et je suis venu dans le monde; maintenant je quitte le monde et je vais auprès du Père. » Il marchait consciemment avec Dieu dans l’unité spirituelle qu’il comprenait et prouvait, alors même que sa demeure était parmi les hommes. Il passa lui aussi par les tentations et les luttes; pourtant il resta fidèle au divin Principe et à son origine spirituelle. Jésus enseigna que nous sommes enfants de Dieu, mais il spécifia la condition qu’exige cette filialité. Voici ses paroles: « Le Fils ne peut rien faire de lui-même: il ne fait que ce qu’il voit faire au Père; car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » S’il accomplissait de grandes choses, des œuvres édifiantes, Jésus faisait ressortir la puissance et l’amour du Père qui le mettait à même de faire ces choses. Le Maître savait que sans Dieu, lui-même ne serait rien; mais il reconnaissait avec une humble gratitude qu’en Dieu rien ne lui était impossible.
La Science Chrétienne nous révèle le Principe divin qui à tout instant peut aider chacun d’entre nous. Ce Principe est le divin Amour éternel, toujours présent, que nous pouvons accueillir avec joie. Le Principe divin ne saurait être absent ou indifférent; jamais il n’est privé de pouvoir, jamais il ne nous refuse ce qui est bon. Mais à l’instar de l’enfant prodigue, nous devons avoir un grand désir de trouver Dieu, le Père, de Le reconnaître et d’appliquer Sa loi. A notre tour, nous devons nous mettre en chemin pour comprendre et servir Dieu. Le fils repentant disait à son père: « Traite-moi comme l’un de tes domestiques. » Et dans la Science Chrétienne, le disciple sincère demande ces bénédictions: O Dieu, fais-moi reconnaître Ta présence et refléter la vérité et la bonté!
Nous pouvons être certains que quelle qu’en soit la nature, le problème qui nous occupe se résoudra. Chercher sans réserve la Vérité; appliquer courageusement ce que nous en comprenons — voilà qui nous permettra de mettre en évidence l’opération naturelle du Principe; et le résultat dépassera peut-être nos besoins immédiats et espoirs. Dans son livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures, notre chère Leader a ce passage (p. 3): « Demanderons-nous au Principe divine de toute bonté de faire Son propre travail? Son travail est fait, et nous n’avons qu’à nous servir de la règle de Dieu pour recevoir Sa bénédiction, qui nous met à même de travailler à notre propre salut. »
Nous lisons dans Jérémie: « Je connais bien les projets que j’ai formés en votre faveur, dit l’Éternel; projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et une espérance. Alors vous m’invoquerez et vous reviendrez ici; vous me prierez et je vous exaucerai. » Lorsque les dispositions de l’enfant prodique eurent changé, lorsqu’il mit aux pieds de son père le sens mortel de bonheur ou d’orgueil et fut prêt à servir avec humilité, il vit que toutes choses avaient été préparées pour lui. « Apportez vite la plus belle robe et l’en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt et des souliers aux pieds, » dit le père. Le divin Principe est miséricoridieux; il déclare que rien n’est impossible ou trop parfait pour le disciple qui connaît Dieu et Lui reste fidèle, ou pour le fils repentant qui délaisse la matérialité lointaine avec ses douleurs, ses déceptions, ses espoirs, ses plaisirs erronés et commence dans la maison paternelle une nouvelle vie de spiritualité. Dans Rétrospection et Introspection (p. 23), notre Leader écrit: « Toutes les choses terrestres doivent finalement céder à l’ironie du sort, ou bien se fondre dans l’unique Amour infini. »