La lettre écrite à l’église d’Éphèse par l’apôtre Paul contient une exhortation précieuse pour le Scientiste Chrétien qui cherche à gagner et à retenir un concept bien clair de sa véritable individualité, c’est-à-dire de l’homme réel. Voici ces paroles: « On vous a enseigné... à vous dépouiller, en ce qui concerne votre vie passée, du vieil homme corrompu par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit qui inspire vos pensées et à vous revêtir du nouvel homme, créé à l’image de Dieu dans la justice et la sainteté que produit la vérité. » Paul exprimait ainsi le contraste frappant, le grand abîme qui sépare l’homme de la chair — la contrefaçon — d’avec l’homme réel créé selon la ressemblance de Dieu, l’homme créé « dans la justice et la sainteté. »
Mrs. Eddy fait clairement ressortir les vérités suivantes: le vieil homme, ainsi désigné parce que depuis longtemps on accepte comme une réalité la contrefaçon matérielle — cet homme-là est une illusion, le produit du sens matériel pécheur, n’existant que dans la fausse croyance. Douterons-nous qu’il soit sage ou désirable de dépouiller ce faux sens de l’homme pour laisser paraître le vrai concept? Il est certain que nous ne saurons nous attacher simultanément à ce qui est faux et à ce qui est vrai; nous ne pouvons saisir la vérité touchant un fait quelconque tant que nous adhérons au mensonge dans ce domaine.
Selon la description si juste de Paul, l’homme réel est créé « à l’image de Dieu. » Cet homme créé par Dieu, cette manifestation complète de l’Entendement, ce représentant de Dieu — voilà l’individualité réelle que le Scientiste Chrétien s’efforce d’établir dans sa conscience. C’est l’homme parfait que Jésus percevait d’une manière scientifique; et de nos jours comme autrefois, ce concept guérit chez ceux qui l’obtiennent les croyances de maladie et de péché qu’implique le sens matériel de l’homme. Telle est l’œuvre qui nous occupe en tant que Scientistes Chrétiens. Nous travaillons dans l’esprit du ministère chrétien; nous nous efforçons d’acquérir le concept spirituel de l’homme parfait, idée qui détruit toutes les erreurs afférentes au concept charnel; et nous y parvenons grâce à ce que révèle la Science Chrétienne, en comprenant la nature et les attributs de Dieu, ainsi que le caractère de l’homme, expression de Dieu. Ce processus semble impliquer une lutte que prolonge parfois la ténacité des fausses croyances touchant le vieil homme. Pendant de longs siècles, le genre humain a cru que la matérialité constitue l’homme; aussi la transformation spirituelle de la conscience humaine semble-t-elle exiger beaucoup de patience et de persévérance. Cependant si longue qu’elle soit, cette recherche apporte de précieuses récompenses au disciple qui lutte. A mesure qu’il avance dans la direction de l’Esprit, le chemin s’éclaire; et la récompense est directement proportionnée à la persévérance, à la fidélité et à l’intelligence des bons efforts. En outre, toute nouvelle lueur de vérité spirituelle mise en pratique diminue d’autant, pour l’ensemble des humains, le fardeau de l’existence matérielle.
C’est tantôt pour nous-mêmes tantôt pour notre prochain que nous nous efforçons de détruire les fausses croyances se manifestant sous forme de péché ou de maladie; mais le processus est pareil dans tous les cas. Si nous sommes conscients de ces faits: la présence divine est la seule réalité; l’Amour divin et sa manifestation constituent le tout de l’être — le résultat est prompt et certain, car nous percevons l’homme réel dans sa perfection spirituelle.
A la page 412 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, notre Leader expose avec précision la méthode qu’il faut employer. « Si pour guérir, » dit-elle, « vous vous servez d’arguments, cherchez le type de la maladie et son nom, et opposez votre plaidoyer mental au physique. » Ainsi nous opposons les faits concernant l’homme réel ou le nouvel homme aux fausses prétentions du sens matériel, au vieux sens d’un homme qui serait malade et souffrant. C’est vraiment l’échange des fausses croyances contre la vérité spirituelle, de l’irréalité contre la réalité. La tâche ne devrait pas être difficile pour qui se place sur le terrain de la logique. Mais certains types de croyance semblent s’être ancrés à tel point dans la mentalité humaine qu’ils paraissent avoir le caractère et la force d’une loi. Le disciple vigilant ne se laissera ni tromper ni abattre par des prétentions de ce genre. Il n’y a qu’un seul Législateur, Dieu; par conséquent il n’existe pas d’autre loi que la Sienne.
Remarquons que le paragraphe précité a cette rubrique marginale: « Il est nécessaire de persister. » Lorsque l’erreur ne cède pas promptement, il semble parfois que si nous ne sommes pas sur nos gardes, elle s’arroge une réalité qui ne lui appartient à aucun titre. L’emploi d’arguments n’indique point un adversaire, un antagoniste, une chose qui s’oppose au bien et qu’il faille combattre en tant que réalité. L’argumentation se propose uniquement d’établir le fait que le mal — l’erreur sous toutes ses formes — est absolument irréel; qu’il n’a ni personnalité, ni domicile, ni entité. Établir l’irréalité de quelque forme spéciale du mal, c’est voir disparaître même la prétention qu’elle existe; alors l’harmonie remplace ce qui semblait discordant.
En découvrant l’erreur, on constate parfois que la croyance spécifique donnant lieu à une manifestation visible se cache dans les profondeurs de la mentalité du patient. Dès lors, si nous avons recours à l’argumentation, nous serons forcés d’approfondir mentalement la situation pour chercher non pas quelque chose de réel, mais le genre de fausse croyance qui prétend être une réalité. Les penchants ou la nature de celui qu’on aide entreront donc en ligne de compte. A la page 119 de Miscellaneous Writings, notre Leader fait cette déclaration remarquable: « Plus tenace que les circonstances, la nature de l’individu présentera toujours des arguments en sa propre faveur,— elle soutiendra ses habitudes, ses goûts, ses faiblesses. » Le prétendu entendement mortel consiste en croyances personnelles ou héréditaires, quelquefois profondément enracinées; aussi voudrait-il empêcher le dévoilement et la destruction qui se produisent lorsque ses fausses prétentions ont été mises à nu par le Christ, la Vérité. Or le mensonge qu’elles impliquent ne se reconnaît que dans la mesure où l’on saisit la vérité concernant l’homme et où l’on s’attache fermement à cela. Alors, quelle que soit la persistance avec laquelle la nature ou les dispositions d’une personne soutiennent la réalité de « ses habitudes, ses goûts, ses faiblesses, » cette fausse nature disparaîtra devant la Vérité irrésistible.
Trouver l’erreur et la détruire: ce processus correspond à la victoire sur l’homme fort dont Jésus parlait dans une parabole significative. Dans la mentalité humaine, les croyances fixes, raciales ou personnelles sont souvent regardées comme héréditaires; tenues pour vraies, elles constituent, d’après le sens matériel, une barrière formidable s’opposant à l’entrée de leur propre destructeur, du Christ qui guérit. Mais si fermement qu’une fausse mentalité retienne les erreurs, si longtemps qu’elles aient duré, si menaçantes qu’elles paraissent, elles doivent nécessairement céder à ce qui représente l’omnipotence. « Aucune puissance ne peut résister à l’Amour divin, » lisons-nous dans notre livre de texte, à la page 224. Ayant pour arme la compréhension bien nette de la présence, de la totalité et de l’accessibilité divines, le disciple du Christ, de la Vérité, a tout ce qu’il faut pour vaincre l’adversaire — l’ennemi du genre humain, le magnétisme animal, le vieil homme — même si cet adversaire paraît s’être fortifié dans les prétentions du mal.
Au cours de son épître aux Colossiens, Paul mentionne l’homme nouveau, « qui se renouvelle à l’image de Celui qui l’a créé. » Présent ici et partout, maintenant et toujours, l’homme créé selon la ressemblance de Dieu reflète continuellement les qualités et les attributs du Père. Les enseignements et les démonstrations de la Science Chrétienne réveillent le monde et lui font comprendre l’utilité pratique de ce fait; les fardeaux imposés par le vieil homme s’allègent dans une certaine mesure, et l’on voit apparaître l’homme réel.
Pensons moins aux hommes et davantage à Dieu.—