Il est probable que les traitements donnés par les praticiens de la Science Chrétienne sont le plus souvent silencieux. Pour diverses raisons, la chose est fort compréhensible et l'on peut même dire normale, étant donné les circonstances. Toutefois il ne serait pas bon que les praticiens — et quiconque démontre la vérité de l'être pour soi-même ou pour autrui est praticien — ne donnassent que des traitements silencieux. Dans un grand nombre de cas, la parole se trouve être désirable en même temps qu'efficace. « Les paroles dites à propos ressemblent à des pommes d'or dans des vases d'argent ciselé. »
Les récits évangéliques décrivant le ministère curatif de Jésus le Christ nous font supposer que la plupart de ses guérisons résultaient de ce qu'il est permis d'appeler des traitements à haute voix; en outre, chose frappante, les guérisons que Jésus effectua de cette manière furent presque toutes instantanées. Il énonçait la vérité avec une conviction, une autorité fondées sur la pleine intelligence du pouvoir et de la présence d'un Entendement infini, l'Esprit, Dieu, qu'il appelait le Père; et ceci guérissait le péché, la maladie, la mort elle-même, souvent d'une manière instantanée.
« Pour lui la tombe est sans terreur,
Sa parole a vaincu la mort. »
Dans le ministère de Jésus, un exemple remarquable semble indiquer la combinaison des deux traitements, l'un silencieux, l'autre formulé: c'est le rétablissement de Lazare. On avait fait dire à Jésus que Lazare de Béthanie était malade. Tout d'abord il déclara: « Lazare, notre ami, s'est endormi; mais je vais le réveiller. » Puis voyant que ses disciples ne le comprenaient pas, il leur dit ouvertement: « Lazare est mort. » Cependant plusieurs jours s'écoulèrent avant que Jésus vînt à Béthanie, et il est bien probable que le Maître consacra une bonne partie de cet intervalle à la prière silencieuse, à connaître la vérité touchant l'éternité de la Vie et touchant l'homme qui est l'expression immortelle de cette Vie. Aussi put-il dire avec autorité, lorsqu'il se trouva devant le tombeau où l'on avait mis le corps: « Lazare, sors! » Et son ami obéit immédiatement à cet ordre magistral.
A la page 2 de Non et Oui, Mary Baker Eddy déclare: « J'ai guéri plus de maladies par la parole exprimée que par la parole non exprimée. » Néanmoins elle n'a jamais désapprouvé l'emploi du traitement silencieux. Au contraire, si l'on examine dans le livre de texte les chapitres intitulés « La Pratique de la Science Chrétienne » et « L'Enseignement de la Science Chrétienne, » on remarque ceci: l'auteur prévoit que pour le moment du moins, la plupart des traitements donnés par les Scientistes Chrétiens seront silencieux.
Pourtant dans certains cas, surtout avec les patients qui débutent en Science Chrétienne, le praticien ferait preuve de bonté et d'égards s'il donnait d'abord quelques explications inspirées par la sagesse. Parfois sans doute les commençants ont attendu ces explications et ont peut-être été surpris, sinon découragés, lorsque le praticien s'est contenté de dire: « Fort bien, je vais travailler pour vous »— donnant ensuite, sans autre commentaire, un traitement silencieux. Ceci pourrait indiquer que le praticien a temporairement perdu de vue ces paroles de notre Leader à la page 396 de Science et Santé: « Dès qu'il vous semblera opportun de le faire, expliquez aux malades le pouvoir que leurs croyances exercent sur leur corps. Donnez-leur la compréhension divine et saine qui les mettra à même de combattre leur sens erroné, et effacez ainsi de l'entendement mortel les images de la maladie. »
Cependant ce passage de Mrs. Eddy ne justifierait pas l'opinion que tous les traitements doivent se faire à haute voix; et ceux qui travaillent avec sagesse en Science Chrétienne ne tomberont pas dans cette erreur. Ils ne commettront pas non plus la méprise de parler trop ou prématurément. Ils se rappelleront comment débutent les lignes précitées, écrites par notre Leader: « Dès qu'il vous semblera opportun de le faire, expliquez aux malades. » Si l'on veut parler d'une manière vraiment profitable au patient pour lequel la Science Chrétienne est un sujet nouveau, il faut mettre en œuvre la sagesse, la compassion, la tendresse, l'intuition, l'inspiration. Dans ces circonstances, il est nécessaire que le praticien ait humblement recours à l'Entendement divin pour être guidé; alors il pourra dire ce qui sera le plus utile au patient. Faute de quoi il dirait peut-être des choses qui déconcerteraient son auditeur au lieu de le guérir.
Dans la pratique de la Science Chrétienne, il faut maintenir un équilibre normal entre le traitement à haute voix et le traitement silencieux; or cet équilibre se trouve et se maintient grâce à la prière et à l'étude de la Bible ainsi que des ouvrages de Mrs. Eddy. Rappelons-nous que Paul déclare: « L'Écriture est divinement inspirée et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice; » et n'oublions jamais ce qu'a dit notre Leader (ibid., p. 447): « On ne guérit pas les malades simplement en déclarant qu'il n'y a pas de maladie, mais en sachant qu'il n'y en a pas. »
