Il arriva qu'un Scientiste Chrétien dut répondre à la question suivante, posée par une personne qui désirait se renseigner: « Vous avez le même but que le docteur employant des remèdes matériels — vous vous proposez de guérir le patient. Pourquoi ne coopéreriez-vous pas? » Faire à cette question une réponse correcte, c'est indiquer la notre tonique de la Science Chrétienne en appuyant sur son caractère essentiellement spirituel. Le docteur cherche à rétablir la santé physique ou le bien-être dans la matière, tandis que la Science Chrétienne se propose de faire connaître au genre humain Dieu et la nature spirituelle de l'homme, ce qui ouvre la porte aux « signes » dont s'accompagne la pratique curative. En général, l'un se contente de ramener son patient à la norme physique d'autrefois. L'autre rend possible la compréhension des faits de l'être — faits éternels mais nouveaux pour la conscience qui s'éveille.
Ainsi la maladie et les conditions malheureuses — chagrin ou manque — offrent l'occasion d'exposer ces faits à l'heure où celui qu'atteint l'adversité est particulièrement prêt à recevoir de l'aide. Les malheureux ont maintes raisons pour reconnaître l'insécurité des croyances matérielles ou l'insuffisance de la vie telle que la conçoit l'entendement mortel. S'étant rendus compte de cela, s'ils apprennent à se tourner vers les « vérités éternelles » dont parle Mrs. Eddy (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 110), ils pourront dire avec elle que « le perte est un gain » (Poems, p. 4), puisque l'heure la plus sombre — comme l'appellerait le sens mortel — a pu devenir une heure radieuse. Dès lors c'est non seulement la dispartition des choses pénibles, mais l'aube d'une nouvelle conscience du bien, un sentiment de joie et de bien-être précédemment inconnu. Bref, il s'est produit une démonstration: on a la preuve qu'au-delà du sens d'un moi personnel se trouve la présence divine, accessible à l'heure de la détresse. Ceci ouvre des perspectives sans bornes, et l'on sent qu'il faut en apprendre davantage touchant la bénédiction à laquelle on ne s'était peut-être pas attendu.
Nous saisissons ainsi ce fait remarquable: à la lumière de la Science Chrétienne, toute circonstance adverse doit être envisagée comme une merveilleuse occasion de prouver le pouvoir guérisseur de Dieu. Quel encouragement, quelle inspiration de comprendre ce qu'exprime si bien Science et Santé (p. 574): « L'Amour peut faire de la circonstance même, que, dans votre souffrance, vous appelez un châtiment et une affliction, un ange que vous avez reçu pour hôte sans le savoir. » La maladie soit aiguë soit chronique, l'affliction, la pénurie, les complications survenant au foyer ou dans les affaires — toutes ces conditions apparemment fâcheuses peuvent être traitées de manière à ce que notre bonheur augmente grâce à la réalisation de la vérité; en effet, la prospérité véritable ne consiste pas à prolonger les illusions d'une fausse existence, mais à en émerger pour parvenir à la joie, au pouvoir et à la satisfaction de la vie éternelle.
Il n'y a pas de vie séparée de Dieu, et plus vite nous sommes divinement forcés de le comprendre, mieux cela vaut. Faut-il en conclure que Dieu envoie les peines pour nous faire progresser? Non; mais l'erreur est quelquefois très apparente lorsqu'elle s'achemine vers sa propre destruction, et s'exprime sous forme de douleur plutôt que de plaisir; c'est alors aussi que l'homme est le plus enclin à laisser entrer dans son cœur la délivrance qu'apporte la Vérité et l'Amour.
Les béatitudes suivantes, que Jésus prononça au cours du Sermon sur la montagne, montrent clairement que l'affliction nous présente l'occasion de recevoir la vérité: « Heureux les pauvres en esprit;... Heureux ceux qui pleurent;... Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice;... Vous serez heureux, lorsqu'on vous outragera,... Réjouissez-vous et tressaillez de joie. » Faute de discernement spirituel, on a pu croire que ces passages appuyaient sur le côté négatif de l'existence humaine; et cette fausse manière de les comprendre a parfois jeté son ombre sur la théologie, en assimilant le christianisme à une vie morne, incompatible avec la joie, l'expression et le succès réels.
Mais il suffit que le monde examine les enseignements de la Science Chrétienne pour se convaincre que la religion ne doit pas être triste. Grâce à la « clef » des Écritures fournie par Mary Baker Eddy, maints disciples ont ouvert le trésor du christianisme et y ont trouvé de grandes richesses — une allégresse, une liberté, une animation qu'ils ne connaissaient pas; aussi désirent-ils partager ce bien avec ceux qui sont prêts à le recevoir. Eux-mêmes se réjouissent de cette « bonne nouvelle »; leurs pensées en sont radieuses; ils savent pourquoi ceux qui pleurent ou ceux qui selon le sens matériel manquent de certaines choses sont bénis, car eux-mêmes se sont jadis trouvés dans cet état misérable et ont eu l'indescriptible joie d'être sauvés de leurs souffrances. Les béatitudes indiquent qu'en se séparant de la mondanité on prépare dans sa propre conscience une place au royaume des cieux.
En Science Chrétienne, les valeurs matérielles sont radicalement renversées, non pour des raisons morales, négatives ou disciplinaires, mais pour la raison suivante, qui est affirmative: le bien divin, illimitable, se tient à la porte de la conscience humaine, prêt à y entrer pour guérir. Le mortel qui se contente de vivre lourdement dans l'illusion de la vie matérielle ne possède ni bonheur, ni prospérité, ni santé véritables, car son concept de ces biens repose sur une base erronée qui peut lui manquer d'un moment à l'autre. Parfois la crainte de perdre ce qu'il possède devient pour ainsi dire une obsession; d'ailleurs ce qu'offre la vie matérielle même aux heures les moins difficiles ne saurait se comparer avec les joies de la conscience divine ou de la vie éternelle, qu'on peut goûter ici même et dès maintenant.
Lorsque l'entendement mortel s'écrie: « Je suis dans le besoin, je souffre! » nous pouvons nous réjouir du fait divin qui peut être immédiatement proclamé pour abattre le mensonge général de la vie dans la matière et le mensonge spécifique prétendant altérer ou limiter la situation. La vérité, c'est que par réflexion nous possédons toutes les choses bonnes; nous sommes éternellement au niveau de la perfection. Tout ce qui existe procède de Dieu, du bien: la connaissance de ce fait peut déplacer n'importe laquelle des erreurs qui prétendent entrer dans notre conscience et s'attacher à nous.
Comprendre la nature absolument spirituelle de l'homme apporte au mortel des bienfaits qui surpassent de beaucoup ce que pourrait conférer un svstème matériel quelconque. L'Entendement divin donne à la pensée réceptive l'harmonie, l'ordre, la rectitude, et supprime ainsi le désordre, l'inharmonie, l'erreur. L'Entendement divin agit sur la conscience humaine et y produit un effet bienfaisant qui est la régénération. Dans ce sens-là, on peut dire que l'Entendement divin rétablit l'individu et le ramène à l'état normal. Alors le disciple se rend compte que sa normalité suprême ou son individualité est l'identification avec le bien spirituel.
L'erreur, le péché, la maladie, la mort, le manque, l'inharmonie et l'insuccès sont des illusions; ce sont les signes et les symboles d'une prétention illusoire concernant la vie dans la matière. Le Scientiste Chrétien a l'avantage de pouvoir utiliser la vérité de l'être, et de prouver maintes fois, par la victoire sur la souffrance, ce sens des choses réel et nouveau. Mais il ne faudrait pas que le Scientiste Chrétien prît l'habitude de considérer le malheur comme un pédagogue nécessaire. Nous éveillant à l'irréalité de toutes les souffrances, nous devrions accepter cette opportunité pleine d'inspiration: les progrès harmonieux et méthodiques rendus possibles par la compréhension spirituelle.
La Science Chrétienne est nôtre, c'est-à-dire que nous pouvons l'utiliser. Son nom même est un appel qui nous engage à l'activité mentale. La loi est placée devant nous: notre tâche consiste à l'appliquer, ce dont nous sommes capables grâce à la connaissance d'une méthode clairement exposée. Dans de telles circonstances, nous devrions faire des progrès et démontrer toujours davantage. Si notre foi devient plus profonde, notre amour plus pur, notre compréhension plus vaste, nous devrions être toujours mieux à l'abri du besoin et du malheur, et pouvoir nous consacrer librement à un ministère plus élevé. Toutefois, quand notre chemin semble passer par le feu du fondeur, nous pouvons encore nous réjouir, car la seule existence réelle est supérieure aux vicissitudes: harmonieuse, pure, joyeuse, c'est la jouissance du bien immuable.