Malgré la conviction générale d'après laquelle la crainte serait profondément enracinée dans l'esprit humain, y régnerait en tyran, et verrait maintes fois ses assauts couronnés de succès, la Science Chrétienne s'en tient à ce fait scientifique: en réalité la crainte n'existe pas. « Il n'y a point de crainte dans l'amour » est non seulement une déclaration rassurante, mais un fait scientifique. La crainte ne s'associe qu'à la matérialité; or dans l'Amour ou la réflexion de l'Amour, il n'existe point de matière, par conséquent point de crainte. L'ignorance concernant l'Amour divin produit ce qu'on nomme la crainte, évoquant les ombres mentales de la maladie, des difformités, de l'affliction, de l'isolement et d'autres inharmonies. Cependant en réalité la crainte n'est jamais présente, car l'Amour divin est omniprésent. La croyance à la crainte ne saurait rendre cette dernière réelle; et ceci explique l'apparente contradiction de la remarque faite par le Psalmiste: « Ils ont été saisis de terreur là où il n'y avait point de terreur. »
La spiritualité est à la fois le remède contre la matérialité et contre la crainte. « Celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour. » Donc obtenir l'amour est pour nous la chose la plus importante, puisque ce gain nous libérera de la crainte. Dieu, la source infinie et unique de la vie, de la santé, de l'intelligence, est le divin Principe en qui tout est harmonieux, invariable; et l'homme, image ou ressemblance de l'Amour, n'hérite jamais soit la maladie soit quelque autre imperfection. Déclarant l'omniprésence de l'Amour divin, nous sommes logiquement obligés de déclarer que la crainte est absente. Ainsi nous permettons à l'Amour divin de rendre notre penser toujours moins matériel, de nous purifier, de nous réconforter, de nous fortifier; « son amour est parfait en nous, » et la croyance à la crainte, antipode de l'Amour divin, se trouve chassée. On ne devrait jamais tenir la santé pour physique, car la santé que Dieu donne est spirituelle; les lois ou les théories mortelles ne l'atteignent point; elle fait à jamais partie de l'héritage incorruptible auquel l'homme a droit. On ne peut concevoir une chose nuisible émanant de l'Amour divin ou y demeurant.
Il est donc inutile de vouloir chasser la crainte comme si c'était une entité ou une qualité réelle: la crainte n'est qu'une phase de l'ignorance concernant Dieu, le bien, et dans tous les cas cette ignorance est remédiable. Il n'y a pas d'ignorance incurable. En vérité, qui pourrait craindre l'ignorance alors que la Science Chrétienne est proche pour dissiper ces ténèbres?
L'entendement mortel s'efforce de porter ses attaques sur des points nouveaux pour que l'humanité n'échappe pas à son étreinte. Par exemple, alors que la Science Chrétienne fait disparaître la croyance selon laquelle la matière pourrait causer la maladie, nous sommes peut-être assaillis par cette nouvelle suggestion: Tu ne peux te rendre maître du penser faux, et par conséquent tu ne peux te guérir. A ceci, il y a une réponse scientifique: « Les pensées de Dieu sont parfaites et éternelles; elles sont substance et Vie » (Science et Santé, p. 286). Ces pensées véritables sont notre sanctuaire toujours présent. Si nous méditons avec gratitude les pensées divines annonçant la réalité, le pouvoir, la substance, la Vie; si nous nous réjouissons de leur accessibilité, de leur puissance inhérente, de l'action curative qu'elles exercent dans la conscience humaine — nous verrons que les pensées de Dieu sont des anges qui gardent notre santé, notre intelligence, notre fidélité, notre pureté et notre paix. Bref, la Vérité nous libère en ce qui concerne tant la crainte du penser faux que la crainte de la matière.
L'Amour lui-même rend parfait en nous l'amour du bien; il fortifie et récompense la résolution que nous avons prise d'obéir au divin Principe. Ceux d'entre nous qui s'attachent fidèlement au fait de la perfection spirituelle découvrent leur propre perfection en tant que reflet de l'Amour. La crainte nous quitte lorsque nous nous attachons toujours à ce fait scientifique: « Dieu ne nous a pas donné l'esprit de crainte, mais de pouvoir, et d'amour, et d'un jugement sain » (II Timothée 1:7, version anglaise).
Les dons de l'Entendement divin — la santé mentale et le pouvoir spirituel — nous appartiennent vraiment: si nous en faisons usage, nous avons la joie de voir s'accroître notre gratitude envers Dieu et notre respect pour notre identité véritable. La gratitude envers Dieu est comme une douce rosée tombant sur une terre aride. S'ils cultivent cette qualité, ceux dont le cœur est anxieux trouveront la paix et l'assurance, car les humains ont soif de l'Amour qui se reflète dans l'amour. Quiconque veut chasser les croyances conjuguées de la matière et de la crainte doit avant tout comprendre qu'il a réellement son origine dans l'Amour ou l'Esprit; il doit réaliser son héritage d'amour, de bienveillance, de penser pur, sa jouissance spirituelle de la santé, du bonheur et de l'immortalité.
Lorsqu'elle se montre fidèle à la Vérité fondamentale, la conscience humaine n'est plus entravée par l'ignorance, mais s'épanouit dans l'atmosphère de l'Amour divin qui n'a point de limites et où tous peuvent trouver le bonheur. On est obligé de convenir que la crainte s'apparente à l'athéisme. Donc notre défense à cet égard sera la compréhension spirituelle, le culte spirituel et la piété. La délivrance est nôtre dans la mesure où nous apprenons à adorer le Père « en esprit et en vérité; » où nous reflétons toujours davantage l'Amour divin et remportons la victoire sur les sens corporels en nous appuyant sur ce fait scientifique et libérateur: « Il n'y a point de crainte dans l'amour. » Nous constaterons alors que « l'esprit de crainte » ou la déférence pour la matière ne résiste pas au culte de Dieu, de l'Esprit.
