A L'époque actuelle, on parle fréquemment de chômage et l'on y pense un peu partout; une foule de personnes se demandent à quoi se réduiront leurs ressources; et ce qui est pire, d'autres paraissent en être tout à fait dépourvues. Il serait donc utile de voir ce que sont véritablement les revenus, d'après la révélation de la Science Chrétienne. Selon le dictionnaire, « revenu » signifie notamment: « gain provenant du travail, d'un emploi, d'une possession. » Or qu'est-ce que notre travail, notre emploi, nos possessions? et comment en obtiendrons-nous un gain profitable?
Un jour qu'elle était assise au jardin, l'auteur vit un oiseau s'affairant à la recherche de sa nourriture, et cette pensée se présenta: « Connaît-il l'anxiété ou le malaise? Souffre-t-il de ces choses? Non certes, il a tout ce qui lui est nécessaire. » Mais cet oiseau ne restait pas immobile, attendant que les choses nécessaires vinssent à lui; il travaillait toute la journée, cherchant sa nourriture, à certaines époques construisant son nid, puis prenant soin des oisillons, et de temps à autre chantant un hymne de joie. Jésus nous donne en exemple les lis des champs; et un pasteur qui citait les paroles du Maître fit remarquer qu'ils ne travaillent pas et ne se tourmentent point, mais qu'ils font certainement leur part. Ils plongent leurs racines dans la terre, ils tournent leurs feuilles vers le soleil pour en obtenir la lumière et la chaleur; ils recueillent dans leurs pétales la rosée ou la pluie. Bref, ils font tout ce qu'on peut demander à des lis; et en conséquence, « Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. »
Ceci n'indique-t-il pas ce que nous devons faire? Mrs. Eddy, dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 13), nous dit que « si nos supplications sont sincères, nous travaillerons pour avoir ce que nous demandons. » La Bible nous donne une foule d'exemples illustrant cette proposition. Lorsque les Israélites se trouvèrent en face de la mer Rouge, Moïse pria l'Éternel, qui lui répondit: « Pourquoi cries-tu vers moi? Dis aux enfants d'Israël de se mettre en marche. » Il leur fallait vraiment reconnaître que Dieu est l'Amour toujours présent qui peut et veut sans cesse nous aider; puis il leur fallait agir en conséquence, tourner le dos aux Égyptiens et se mettre en marche. Grâce à cet effort divinement dirigé, et dans la mesure où ils obéirent, les enfants d'Israël échappèrent à la servitude subie en Égypte et purent finalement entrer dans la terre promise.
Notre Leader écrit (Miscellaneous Writings, p. 117): « Assurez-vous que Dieu trace votre chemin; puis hâtez-vous de le suivre en toute circonstance. » Nous devons être alertes, actifs; nous devons toujours savoir que Dieu nous guide et que par conséquent nous ne sommes jamais sans ouvrage. Nous vivons, et ce fait implique qu'il y a du travail pour nous; c'est ce que nous verrons et démontrerons de plus en plus lorsque nous obéirons à Dieu d'une manière active et joyeuse, reconnaissant le rapport qui nous unit au Père. Alors nous saurons que toutes les choses nécessaires nous sont données par Celui dont Jésus disait: « Ne vous revêtira-t-il pas beaucoup plutôt, ô gens de petite foi? » Il nous faut être humbles, prêts à faire n'importe quel travail honnête; il nous faut avoir assez de confiance et de gratitude pour savoir que Dieu supplée à tout, et Lui en remettre le soin.
Comment envisagerons-nous notre emploi? Le Maître s'occupait sans cesse des affaires de son Père; il écoutait la voix de Dieu, obéissait à Ses préceptes, faisait Sa volonté. Il savait que tout pouvoir appartient à Dieu qui prend soin de Sa création; que l'unique Entendement gouverne l'univers, excluant la possibilité des conflits ou des embarras. Les idées de Dieu sont à leur place dans l'Entendement; chacune d'elles est maintenue de la manière la plus complète par « Celui qui sait tout, qui voit tout, en qui est toute action, toute sagesse, tout amour, et qui est éternel » (Science et Santé, p. 587).
Jésus s'employait aux affaires de son Père; or quelles en furent les conséquences? Il put trouver l'argent du tribut dans la bouche d'un poisson; il fut à même de nourrir cinq mille personnes avec cinq pains et deux petits poissons, et les morceaux qui restaient après que tous eurent mangé à souhait remplirent douze corbeilles. Ces choses et d'autres semblables représentaient en partie le gain ou le profit que Jésus tirait de son emploi. Et si nous nous occupons des affaires du Père, nous pouvons avoir des profits analogues; car Dieu est toujours le même, et Celui qui est Tout-en-tout chérit d'une manière égale tous Ses enfants.
Envisageons maintenant nos possessions. A ce sujet, Jésus nous donne dans la parabole de l'enfant prodigue une leçon remarquable. « Tout ce que j'ai est à toi »: ces paroles que le père adresse au fils aîné indiquent à coup sût l'attitude de Dieu envers chacun de Ses enfants. Le fils cadet avait dit à son père: « Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. » Il voulait donc une « part » pour lui seul. Sa propre demande le condamnait aux limitations et par conséquent à la matérialité, car l'infini ne saurait être divisé. Les choses spirituelles sont universelles; jamais elles ne sont la propriété exclusive d'une ou de quelques personnes. Comme l'exprime notre Leader dans Rétrospection et Introspection (p. 57): « Tout doit être de Dieu, et non pas de nous, séparés de Lui. »
Dans la parabole, l'enfant prodigue s'en va avec ce qu'il nomme ses possessions; mais étant matérielles, celles-ci le laissent bientôt pauvre et misérable, car la matière ne satisfait jamais. Comprenant enfin que tous ses malheurs proviennent de ce qu'il a quitté la maison paternelle, il en reprend le chemin. Mais à son arrivée, il demande qu'on le traite en mercenaire, et ceci prouve que la leçon n'a pas encore été complètement saisie. Puisqu'il est vraiment un fils, il ne peut perdre cette qualité; et son héritage n'a cessé de l'attendre, car le père en a toujours pris soin.
Peu à peu le fils comprend ce que sa filialité représente. Il reçoit « la plus belle robe, » en d'autres termes le manteau de la justice symbolisant le penser juste. On lui met au doigt l'anneau — sans doute l'emblème du gouvernement et de l'autorité— qui lui rappellera toujours qu'il peut et doit revendiquer tout ce que possède son père. Quant aux souliers qu'on lui met, ils représentent, d'après un dictionnaire biblique, « le terrain sous ses pieds, l'exemption des périls. » Grâce à ces chaussures, il pourra marcher comme un fils ou un héritier en est capable, d'un pas ferme et avec la conscience de la liberté spirituelle. Quand cette réalisation lui vient, tous ceux qui sont dans la maison se réjouissent avec lui.
Si nous portons nos désirs vers les ressources et les possessions matérielles, ne ressemblons-nous pas à l'enfant prodigue qui s'égarait dans les régions lointaines de la matérialité? Il nous faut comprendre ce que signifie être fils de notre Père-Mère Dieu. Il nous faut reconnaître que toutes les possessions réelles dont nous pouvons disposer sont sous la garde de l'unique Entendement ou gouverneur de l'univers, et que pour en jouir nous devons rester constamment dans la maison du Seigneur — la conscience de l'Amour divin — et revendiquer les biens qui sont l'éternel apanage de l'homme créé à l'image de Dieu. A notre tour, il nous faut porter la robe du penser juste, en nous souvenant que dans Sa bonté et Son amour infinis, Dieu a donné à chacun de Ses enfants l'empire sur toute la terre. Nous devons mettre l'anneau de l'autorité et les souliers représentant la liberté à l'égard de l'erreur; il nous faut savoir qu'il n'y a rien à craindre puisque nous sommes sur un terrain solide, en présence de l'Amour divin.
Ce faisant, nous nous réjouirons nous aussi, car l'âme est rassasiée de joie en Sa présence, et « Il ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l'intégrité. » Pour voir l'accomplissement de cette promesse: « Tout ce que j'ai est à toi, »— il nous faut apprendre à remplir la condition clairement exprimée dans la parole que le père adresse au fils aîné: « Tu es toujours avec moi. » Si nous communions avec Dieu, si nous sentons la présence de notre Père-Mère plein d'amour, « aucun bien » ne pourra nous faire défaut. Toutes les richesses de Dieu, du Père, sont à nous par réflexion, et nous pouvons les partager avec nos frères.
Nos revenus sont abondants et sûrs: nous nous en rendons compte lorsque nous nous efforçons de connaître Dieu et travaillons à mettre en pratique ce que nous avons déjà pu comprendre touchant la Vérité. Nous sommes ainsi conscients de nos possessions inaliénables, qui sont entre les mains de Dieu.