Dans l'introduction du quatrième Évangile, Jean-Baptiste est mentionné comme un homme que Dieu a chargé d'un message. Il connaissait la lumière brillant dans les ténèbres, c'est-à-dire incomprise des hommes; et lui-même devait rendre témoignage à « la véritable Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » Le même Évangile indique que le genre humain a le droit d'être éclairé concernant le rapport de filialité unissant l'homme à Dieu, et affirme que ceux qui sont prêts à recevoir le Christ obtiendront « le pouvoir de devenir enfants de Dieu. » Cette déclaration est suivie d'un autre passage qu'un traducteur moderne rend ainsi: « Ils devaient cette Vie non pas à une conception naturelle, à des instincts humains ou au choix d'un homme, mais à Dieu lui-même. »
L'enseignement par les béatitudes dépasse souvent de beaucoup la compréhension de « l'homme naturel »— celui que guident l'égoïsme et les penchants humains; aussi plusieurs ont-ils besoin d'une correction ou d'une amélioration préalable, exprimée par les défenses de la loi qui dit: « Tu ne feras point telle chose. »
Moïse fit connaître les dix commandements qui devaient mettre un frein aux tendances idolâtres de ceux qu'il désirait instruire et discipliner — les tribus israélites et la « multitude de gens » sortie d'Égypte à leur suite. Il fallait interdire les désordres de la mentalité charnelle égoïste, impure, envieuse, menteuse et meurtrière. En l'absence de Moïse qui séjournait sur le Sinaï, Aaron fit pour les Israélites un veau d'or autour duquel ils se livrèrent à des danses lascives. Quand Moïse vit le peuple plongé dans l'ivresse et la honte, il sentit la nécessité d'une police énergique. Il « se tint à la porte du camp, et dit: A moi quiconque est pour l'Éternel! » Et lorsque les enfants de Lévi se furent assemblés vers lui, il les chargea de faire régner l'ordre par l'épée. Plus tard, il donna des règles concernant les fêtes, les sacrifices, les cérémonies révérencielles en l'honneur du Dieu invisible, et des directions complètes sur la manière dont les hommes devaient se conduire. Des villes de refuge protégeaient contre le vengeur du sang celui qui avait tué par mégarde. Des lois spéciales sauvegardaient le foyer. Il fallait être juste pour le mercenaire, charitable envers l'orphelin. Le bœuf qui foulait le grain ne devait pas être emmuselé. L'avarice était réprouvée comme une injustice, « diminuant l'épha,... augmentant le poids du sicle, » ainsi que l'exprime le prophète Amos.
Sans doute un cœur bienveillant observerait de lui-même toutes ces choses; mais il fallait corriger ceux qui se montraient arrogants et durs. Dans sa lettre aux Galates, Paul explique que « la loi » ne saurait produire une vie meilleure; elle peut tenir en échec le malfaiteur, mais ne produit point la justice. Se servant d'une image significative, l'Apôtre ajoute: « La loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. Mais la foi étant venue, nous ne sommes plus soumis à ce pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ. » Dans la famille antique, le pédagogue était le fidèle esclave auquel on confiait les jeunes enfants et qui conduisait ceux-ci à l'école. « La loi, » peut-être avec moins de douceur, insiste sur la correction; mais ceux qui apprennent à se conduire selon la doctrine de Christ ne tombent pas sous le coup de « la loi, » puisqu'elle ne restreint en aucune façon l'activité du disciple obéissant.
La loi de l'antiquité était dure —œil pour œil, vie pour vie; mais Jésus introduisit un nouveau point de vue grâce auquel on peut éviter les peines injustes, vaincre l'inimitié, donner plus d'ampleur à la vie et à la joie. « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi » constituait une devise imparfaite, que les hommes avaient maintes fois entendue; mais le Maître leur disait: « Aimez vos ennemis. » Nul ne peut être sûr de sa propre bienveillance à moins qu'il ne réussisse à faire preuve d'amour dans les circonstances les plus difficiles — envers un ennemi opiniâtre, une personne qui hait sans cause, un calomniateur hypocrite incitant les hommes à détester leurs bienfaiteurs. Néanmoins, ceux qui obéissent au Maître obtiennent dans la vie la maîtrise et trouvent la félicité.
Les enseignements de Jésus prenaient souvent la forme de béatitudes. Quelle différence entre la loi qui se préoccupe des modes pervers pour dire: « Tu ne feras pas telle chose! » et ces paroles du Sermon sur la montagne: « Heureux les débonnaires,... les miséricordieux. » Éviter le vol, la cupidité, les meurtres, la convoitise, le mensonge, cela est nécessaire pour la société organisée; par contre aimer est nécessaire pour soi-même. Aimez bénissez, faites du bien, priez, disait Jésus, « afin que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes; » il disait aussi: « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. »
Enseignant la Science Chrétienne, Mrs. Eddy nous donne « règle sur règle, » « précepte sur précepte »; elle nous donne aussi des béatitudes qui sont pleines de lumière et d'inspiration. « La nature du Christianisme est paisible et heureuse, » déclare-t-elle; et en termes plus explicites encore: « Béni soit celui qui voit le besoin de son frère et y pourvoit, trouvant son propre bien en cherchant celui d'autrui » (Science et Santé avec la Clef des Écritures, pp. 40, 518). Qui dira combien de fois et dans combien de domaines elle prévit les besoins de l'humanité et prépara ce qui devait y subvenir non seulement à l'heure actuelle mais durant les siècles futurs! Si personne ne peut compter ce que nous lui devons, tous les travailleurs peuvent avec une joie profonde discerner individuellement la sagesse de notre Leader, obéir à son génie et poursuivre le but dont sa vie s'inspirait; alors la véritable lumière éclairera tout homme et fera « cesser les combats jusqu'aux extrémités du monde. »