Au soir d'une journée qui avait paru longue et pénible, une jeune fille se coucha tristement sur son lit. Comme elle étudiait la Science Chrétienne, elle avait fait bien des efforts pour refléter l'unique Entendement, pour maintenir dans sa propre pensée l'image parfaite de Dieu, et malgré cela tout semblait être allé de travers. Certains membres de sa famille s'étaient moqués d'elle, car ils s'opposaient à ce qu'ils croyaient être la Science Chrétienne. Finalement elle s'était laissé gagner par l'erreur et avait dit des choses que les circonstances lui semblaient justifier.
Maintenant qu'elle était au lit, elle se sentait envahie par la haine et le ressentiment. Elle s'apitoyait sur elle-même et se demandait comment ses proches avaient pu être si impolis, si cruels. N'avait-elle pas assez de choses à supporter pendant les heures de travail, et fallait-il qu'à son retour elle trouvât la maison remplie de personnes hargneuses?
Il n'était pas encore tard, et une pâle lueur venant de la rue éclairait la table de toilette. Lorsque ses regards s'y arrêtèrent, la jeune fille remarqua que tous les objets placés sur ce meuble étaient déformés. La glace qui surmontait la table paraissait oblongue et non carrée, et l'un de ses côtés semblait plus haut que l'autre. Les lampes et les bibelots étaient difformes et projetaient des ombres grotesques. Les rideaux qu'agitait le vent dessinaient sur la paroi d'étranges figures. Quant à l'ombre du poteau téléphonique placé au dehors, c'était une immense barre coudée traversant la chambre.
Soudain la pensée de la jeune fille s'éclaircit. Des ombres! Ne recevant qu'un jour incertain, tous ces objets attrayants avaient pris des formes insolites. Elle courut tirer une chaînette et la lumière inonda sa chambre. Effectivement, toutes choses étaient à leur place et parfaites de forme.
Alors elle se rendit compte qu'elle avait permis aux ombres d'entrer dans sa pensée, et qu'au lieu de voir les enfants parfaits créés par Dieu, elle avait vu les images difformes de l'entendement mortel.
Lentement, une à une, elle effaça les fausses ombres qui troublaient sa pensée; et quand l'Amour éclaira sa conscience, la rancune et l'apitoiement firent place au pardon, à la gratitude. Elle ouvrit Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy, et y lut ce passage (p. 267): « Analysés à la lumière de la Science divine, les mortels présentent plus qu'on ne discerne à la surface, puisque les pensées inverties et les croyances erronées sont forcément les contrefaçons de la Vérité. La pensée est empruntée à une source plus haute que la matière, et, renversées, les erreurs servent de poteaux dirigeant vers le seul et unique Entendement, où toute erreur disparaît dans la Vérité céleste. » Dés lors la leçon des ombres a souvent aidé cette jeune fille qui, se tournant vers la lumière de la Vérité, a vu disparaître les images fausses et troublantes de la pensée mortelle.
