A La page 80 de Rétrospection et Introspection, Mrs. Eddy écrit: « Il n'y a pas de plus grands miracles connus au monde que la perfection, et une amitié ininterrompue. » Chacun verra sans peine que d'après le sens mortel des choses, la perfection est vraiment un grand miracle; mais ce qui frappe et fait réfléchir, c'est que notre bien-aimée Leader associe l'amitié ininterrompue avec la perfection. Il est naturel que ceux qui partagent les mêmes sentiments éprouvent les uns pour les autres une amitié marquée; mais jusqu'à ce que l'humanité fonde son intelligence et sa pratique de l'affection sur des vues exactes concernant Dieu, l'éternel Ami de l'homme, et sur l'amour que chacun reflète envers son prochain, l'amitié paraîtra souvent sujette aux inharmonies. Pour être durable, il faut qu'elle repose sur un fondement solide.
Le monde n'a jamais vu d'amitié plus grande que celle dont le Christ Jésus nous a donné l'exemple. Le Maître comprenait si bien sa propre intégralité spirituelle dans l'univers créé par Dieu qu'oubliant son moi humain, il refléta l'amitié véritable au point de renoncer à tout sens de l'homme en tant que mortel. A notre époque Mary Baker Eddy, qui suivait le Maître avec fidélité, discerna clairement le Principe divin, l'Amour, créateur de l'homme et de l'univers; elle maintint à l'égard de tous l'attitude d'une amitié ininterrompue, et cela malgré l'opposition et les moqueries les plus outrées. Elle partagea les fruits de sa propre expérience et les richesses dues à l'abondance de l'Amour; elle donna sans cesse, aidant ainsi à compenser l'aridité mentale du monde.
En amitié, le plus grand piège est la tendance à recevoir au lieu de donner, le sentiment de ce qui nous est dû plutôt que de ce que nous devons à Dieu, lequel nous a fait ce don suprême: l'affection pour Ses idées. L'amitié n'a pas simplement pour but de rapprocher certaines personnes: c'est l'attraction et l'association des qualités spirituelles. On ne peut donc être un véritable ami que si l'on reflète les qualités divines, notamment la pureté et la constance, « qui sont toutes deux immortelles, » comme le déclare Mrs. Eddy (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 60). La pureté ne cherche pas le mal et ne le voit point; la constance exprime fidèlement l'amour, quelles que soient les conditions dont témoigne le sens matériel.
Nous savons par les livre des Actes que les apôtres « étaient tous d'un accord dans un même lieu. » N'est-ce pas là l'expression d'une amitié gouvernée par l'unique Entendement? Avec quel pouvoir les disciples parlèrent dans des langues diverses le langage universel de l'Amour, qui leur permettait de guérir instantanément les malades! Comme n'importe quelle autre activité louable, l'amitié dépend avant tout d'une vue correcte des situations. Or la vue correcte est toujours celle de Dieu. Si nous voulons y parvenir, il faut que notre vue — notre vision et notre intuition spirituelle — soit pénétrante, ininterrompue. Concernant le sens matériel de la vue, notre Leader dit (Science et Santé, p. 214): « Quel sens éphémère que la vue mortelle, alors qu'une blessure à la rétine peut mettre fin au pouvoir de la lumière et de la lentille! Mais la véritable vue ou le véritable sens n'est pas perdu. »
Cette déclaration a maintes fois guéri une certaine Scientiste Chrétienne lorsqu'un malentendu, des froissements pénibles, ou même ce qui semblait être une injustice et un outrage immérité la faisaient souffrir. Nous offenserons-nous, admettant par là un sens mortel de vue? ou bien garderons-nous notre vision spirituelle de l'homme parfait, restant ainsi dans des sphères où l'on ne peut ni infliger ni recevoir de dommage? Si dans le sanctuaire de la pensée nous pouvons sincèrement répondre à ces questions comme il convient, l'amertume et la souffrance nous seront épargnées dans une grande mesure; de plus, ce choix correct apportera la guérison et contribuera à faire du disciple un praticien de la Science Chrétienne au sens le plus élevé. Ainsi se trouvent illustrées dans leur essence ces paroles de notre Maître: « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent; faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous outragent et qui vous persécutent. » Et pourquoi agirons-nous ainsi? Pour faire éclater notre propre mérite, et l'indignité de notre prochain? Non certes. « Afin que vous soyez enfants de votre Père qui est dans les cieux. »
Si comme enfants de notre Père-Mère qui est aux cieux, nous voyons notre prochain à la lumière de la vérité, où restera-t-il des choses incompatibles avec les enfants de Dieu? Le ciel n'est-il point partout? Avec cette pensée sublime, nous nous approchons de ce que décrit l'Apocalypse — l'intelligence de la terre nouvelle et des cieux nouveaux où la vision est entièrement spirituelle, où aucune trace d'inharmonie ne vient troubler l'amitié ininterrompue qui se fonde sur la compréhension de la réalité.
Poussés par la souffrance et le désespoir, combien d'hommes aujourd'hui cherchent dans toutes les directions le soulagement dont ils ont besoin! Paraissons-nous être dans la plus profonde obscurité, faute de comprendre que la lumière de l'Amour brille sans cesse? Mettons notre confiance dans le bras puissant qui soutient, l'Amour qui protège, la voix qui ne cesse de dire: « Fais de moi ton appui! » Dès lors nous n'aurons pas à chercher bien loin toutes ces bénédictions. Elles sont présentes maintenant même, et nous pouvons les trouver; car Dieu est là, toujours prêt à secourir quiconque L'invoque. Si nous Le recherchons de tout notre cœur, nous Le trouverons à coup sûr.—
