Puisque l’homme tient ses sens de l’Entendement parfait, il n’a pas de sens matériel qui lui fasse voir des choses matérielles défectueuses, ou entendre des mensonges et des calomnies. Dans le domaine des faits absolus, rien ne peut se voir ou s’entendre à part la vérité du seul univers spirituel qui comprend l’homme.
Jésus-Christ, dont la vision était claire et l’intelligence pénétrante, se mouvait dans l’univers de l’Entendement; parce qu’il voyait et entendait selon le vrai sens de ces termes, il put donner au genre humain des preuves multiples du pouvoir guérisseur de l’Entendement. Malgré le brouillard des indices matériels et la clameur mentale des arguments fallacieux, il maintenait la finesse de l’ouïe spirituelle et la pénétration de la perception spirituelle. Il provoquait ainsi la destruction instantanée du péché, de la maladie, de la mort, dans la pensée et l’expérience de ceux qui faisaient accueil à son ministère.
La vue et l’ouïe spirituelles sont les dons irrévocables que l’homme a reçus de Dieu, et grâce auxquels il se rend toujours compte de sa filialité. Quand le Scientiste Chrétien cultive et exerce le sens spirituel, il voit graduellement les nouveaux cieux et la nouvelle terre qui apparurent à Jean durant son séjour dans l'île de Patmos. A vues humaines, le disciple bienaimé était en exil, mais jamais il ne fut exilé spirituellement. Nul ne peut être séparé de Dieu et de son identité véritable à moins qu’il ne consente à croire que la matière et le mal existent véritablement; or ceci reviendrait à nier l’omniprésence de Dieu, du bien.
Mrs. Eddy écrit (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 274): « Les sens de l’Esprit demeurent dans l’Amour, et démontrent la Vérité et la Vie. » Pour s’élever plus haut que la croyance à la matière et au mal, le chrétien doit apprendre à exclure de sa conscience tout ce qui s’oppose à l’Amour divin. Il doit conquérir même les péchés et les craintes futiles afin d’apprendre à exprimer la beauté et la joie de la nature divine. Pour comprendre ce que sont la vue et l’ouïe véritables, il faut comprendre l’Amour divin et demeurer dans sa réflexion. Puisque le sens spirituel démontre la Vérité et la Vie, il bannit l’erreur et la mort; comme la Vérité elle-même, il ne peut être déçu, trompé ou détruit.
Dans son Épître aux Éphésiens, Paul dit en parlant de Dieu: « Qu’il éclaire les yeux de votre entendement. » Puisque la matière n’entend ou ne voit jamais, on ne saurait dire qu’elle est devenue sourde ou aveugle; par la même raison, l’on ne peut rendre soit la vue soit l’ouïe à la matière insensible. Pour rétablir ces facultés chez les humains, il faut que la pensée mortelle se réveille. Les vraies lumières constituent l’ouïe et la vue véritables; ce discernement de l’existence spirituelle porte remède aux conditions humaines anormales et supprime le faux sens selon lequel nous serions séparés des facultés intelligentes. Pour l’homme créé selon la ressemblance de Dieu, l’erreur ne s’est ni produite ni répétée.
Le Scientiste Chrétien est dans l’obligation d’insister sur la présence constante des cieux nouveaux et de la nouvelle terre et sur le fait que par le sens spirituel il se rend compte de cette présence. Le cauchemar de la souffrance ne doit pas simplement s’échanger contre un rêve de bien-être dans la matière, indéfiniment prolongé par une ascension mentale individuelle. Celui qui veut progresser spirituellement ne peut se contenter d’améliorer une contrefaçon, car la santé n’est point matérielle mais spirituelle. Ceci est également vrai en ce qui concerne la force, la vue, l’ouïe. Chacun de nous doit s’éveiller à la justice et prouver qu’il est sous tous les rapports un témoin de Dieu.
Quiconque soupire après un réveil dans quelque domaine que ce soit — et n’est-ce pas le cas pour chacun de nous?— devrait se demander continuellement si toutes ses pensées, ses désirs, ses mobiles, prouvent qu’il possède le sens spirituel qui demeure sans cesse dans l’Amour. Jusqu’à ce qu’il en soit arrivé là, il peut avoir recours à l’Amour divin pour se guérir de la surdité et de la cécité mentales, prétentions qui se trouvent à la base de tous les problèmes humains. La tâche du Scientiste Chrétien consiste à prouver que sa conscience est spirituellement pure, illuminée par l’amour, calme sans indifférence, divinement vivante. Tel sera le but céleste auquel tendra sa vie de chaque jour, s’il est fidèle à sa mission.
Le sens spirituel demeure dans la beauté qu’offre toujours à nouveau l’univers de l’Entendement. L’ouïe véritable saisit les accents de la Vérité. La conscience de l’homme est pour ainsi dire un rayon lumineux jaillissant de l’Esprit et demeurant dans la gloire permanente de la révélation spirituelle. Bref, la vue et l’ouïe véritables dénotent la perception spirituelle. Notre Leader écrit (ibid., p. 209): « Le sens spirituel est la faculté consciente et constante de comprendre Dieu. » L’oreille véritable ne perçoit aucun argument d’infidélité, de découragement, d’avarice. Le sens spirituel de la vue et de l’ouïe ne saurait prendre connaissance de ce qu’on appelle la matière. Jésus employa le mot « œil » comme un terme mental, c’est-à-dire représentant un état de pensée, lorsqu’il parla de la poutre et de la paille ou lorsqu’il dit: « Si ton œil est sain, tout ton corps est dans la lumière. »
Par le sens spirituel, l’homme reçoit consciemment les inspirations de Dieu: il est obéissant, joyeux, satisfait. En persévérant dans la joie qui est le fruit et la récompense du penser pur, le Scientiste Chrétien voit au travers de la poutre et de la paille; et portant plus loin son regard, il s’éveille à une vision simple et saine. Toutes ses démonstrations d’empire et d’harmonie reposent sur ce fait: « L’oreille qui entend et l’œil qui voit, c’est l’Éternel qui a fait l’un et l’autre. »
