Renouvellement perpétuel

Si les hommes étaient sûrs que la vie est indestructible, quel fardeau leur serait enlevé! Car la crainte de la mort est certainement la source de bien des tourments; il est clair aussi qu'elle peut empêcher la guérison de la maladie. Supposons qu'un homme se croie sur le point de passer: une fois qu'on aura délivré sa pensée de la terreur qu'inspire « le dernier ennemi, » l'espérance et la foi se ranimeront dans sa conscience: et ce progrès s'accompagnera d'une santé et d'une force renouvelées.

Le christianisme apporta notamment au genre humain la connaissance de deux faits: l'indestructibilité de la vie, la nature éternelle de la Vie. Jésus-Christ enseigna cette connaissance et la démontra tant pour d'autres que pour lui-même. Lorsqu'il ressuscita la fille de Jaïrus, le fils de la veuve de Naïn, et son ami Lazare, il prouva que leur vie n'avait pas été détruite. Quand il maîtrisa la mort en ce qui le concernait,— sortant du tombeau après avoir travaillé trois jours à ce problème,— il prouva que sa vie était indestructible. Les disciples virent dans la résurrection de Jésus la preuve irréfutable de ce qu'il avait enseigné. Les Actes des Apôtres rapportent qu'après être sorti de la tombe, le Maître fut pendant quarante jours en communication avec ses disciples, auxquels il inspira le courage moral nécessaire à l'évangélisation du monde, la grande œuvre qui les attendait.

Mais la chrétienté n'avait compris qu'en partie les enseignements et la démonstration du Maître. Le christianisme ne datait que de quelques siècles lorsque se généralisa la croyance qu'il fallait passer par la mort pour jouir de la Vie éternelle. Il est aisé de voir pourquoi cette opinion prévalut. La mort était si universellement acceptée comme inévitable que l'on n'envisageait guère la possibilité de vaincre cet ennemi. Or comme le désir de vivre éternellement était un désir universel, on renvoya au temps futur la démonstration de la vie éternelle.