Dans le monde entier, les nations sont aux prises avec la question du désarmement, qu'elles discutent avec zèle mais non sans appréhension. La perspective de voir finir la guerre et ses douloureux sacrifices inspire la joie, et pourtant les nations hésitent à conclure l'accord général qui précipiterait l'abandon de leur matériel de guerre. Le fait est que les nations aspirent à désarmer, espèrent désarmer, mais que la crainte les empêche de faire le pas décisif. Chacune d'elles redoute de céder ce qu'elle appelle le droit et le pouvoir de se défendre.
Cette notion qu'il faut se défendre soi-même est aussi ancienne que la lutte de l'humanité pour le maintien de son existence. L'homme primitif se défendait par la force; et au cours des développements sociaux qui aboutirent à l'unité de la famille, du groupement local, et finalement de la nation, la pensée humaine a considéré la force, dont elle déplorait de plus en plus l'usage, comme étant l'argument final. Les gouvernements ont éprouvé le désir sincère de renoncer à leurs armes destructives; mais la crainte latente que faisait naître cette perspective les a conduits à l'hypocrisie et au subterfuge, et diplomatie a parfois semblé être synonyme de fourberie. Les hommes d'État se sont trouvés sérieusement embarrassés. Effrayés des charges qu'impose la guerre, ils se sont toutefois posé cette question: Étant donné l'inconstance, la fausseté et la rapacité des hommes, une nation peut-elle sans danger consentir à se dépouiller de sa puissance militaire?
La vérité touchant cette question, dont la considération affectera presque inévitablement soit en bien soit en mal l'histoire immédiate du monde, est connue de celui qui étudie sérieusement la Science Chrétienne. Il a appris que tout progrès véritable est marqué non par un simple déplacement, mais par un remplacement. Il sait qu'une nation, par les individus qui la composent, doit avoir développé jusqu'à un certain point son arsenal spirituel avant de pouvoir se décider de bon cœur à la suppression de ses arsenaux matériels. Ce n'est pas en désarmant avec crainte, mais en réarmant avec sagacité, que les nations pourront atteindre à la paix qui supporte les chocs.
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