Il travaillait à l'étage supérieur d'un grand immeuble situé au centre de la ville. Tout en Poursuivant vigoureusement son nettoyage, il fredonnait un air qui s accordait parfaitement avec l'expression rayonnante de sa figure. Sur une question qu'on lui posa, il répondit d'une manière animée et polie, si bien qu'un des nouveaux occupants de l'immeuble pensa: “Cet homme doit avoir aujourd'hui des raisons toutes particulières pour être heureux.” Cependant, à mesure que les jours s'écoulaient, on découvrit que le joyeux sourire était coutumier et que, pour ce laveur de fenêtres, la politesse était chaque jour de mise. Non content d'accomplir avec joie sa tâche prosaïque, il allégeait encore en toute occasion celle de ses camarades, tantôt par quelques paroles aimables, tantôt par un coup de main offert à ceux qui faisaient d'autres travaux. Il semblait surtout mettre son honneur à ce que les vitres fussent particulièrement claires; et il avait toujours l'air d'être heureux.
“Pourquoi ne puis-je être heureux?” Il n'est pas rare d'entendre ces tristes paroles, parfois même dans la bouche de ceux qui, à vues humaines, auraient toutes les raisons possibles pour être heureux. Pourquoi, en effet? “Dieu ne fait pas acception de personnes;” et le vrai bonheur vient toujours de Dieu.
La Science Chrétienne élucide tout ce que la Bible enseigne concernant Dieu et l'homme: elle montre que Dieu est le divin Amour omnipotent, omniscient et omniprésent; qu'il est Tout-en-tout, et que ce divin Être confère à l'homme, créé à Son image et selon Sa ressemblance, toutes les qualités divines, au nombre desquelles sont l'harmonie, la santé, le bonheur et l'amour. Saisir la portée de ces faits, c'est reconnaître que la joie est la condition normale et naturelle de l'homme; et la gratitude inonde la conscience humaine ainsi éclairée. En outre, dans la mesure où notre vie journalière manifeste le désintéressement, cette noble caractéristique qui ne peut être séparée de l'homme à l'image de Dieu, nous réalisons que le bonheur est une possession d'un prix inestimable, qui ne saurait nous être ravie; car le désintéressement est une porte ouverte qui conduit au royaume des cieux sur la terre.
Peut-être demandera-t-on si le laveur de fenêtres avait la compréhension de Dieu que donne la Science Chrétienne. Cette question ne fut pas soulevée, mais une chose est certaine: il était prêt à recevoir le don précieux et divin du bonheur parce qu'il exprimait continuellement la nature de Dieu en donnant sans égoïsme. C'était évidemment le secret de sa joie: il donnait sans cesse, il répandait la joie et le contentement. “Le bonheur consiste à être bon et à faire du bien; ce que Dieu donne, et ce qu'il nous rend capables de donner à nous-mêmes ou aux autres, confère seul le bonheur,” écrit Mrs. Eddy (Message to The Mother Church for 1902, p. 17). Parce que l'homme a la vie, le mouvement et l'être en Dieu, son être véritable est forcément spirituel. L'homme possède par réflexion toutes les qualités de Dieu. Comprenant ces faits spirituels, celui qui étudie la Science Chrétienne ne s'approprie pas, ne peut s'approprier ces qualités comme étant exclusivement siennes; mais il les exprime sans cesse par le désintéressement, la pureté, l'amour et les bonnes œuvres. Ceci constitue le vrai bonheur.
Or le soi-disant entendement mortel prétend procéder d'une tout autre manière. Déclarant que l'homme est un être matériel et fini, il tend à conduire la pensée dans des voies où le bonheur repose sur un faux concept de Dieu et de l'homme. Tout prétendu bonheur qui résulte d'un sens matériel concernant les personnes et les choses, sous l'autorité de ce qu'on nomme l'entendement mortel, se trouve être éphémère, capricieux et fugitif: c'est le jouet des circonstances, c'est une simple croyance des sens matériels que ces mêmes sens prétendent pouvoir changer d'un instant à l'autre en une croyance opposée et malheureuse. Quelle merveilleuse bénédiction la Science Chrétienne confère au genre humain! et quelle reconnaissance le monde doit à Mary Baker Eddy pour avoir découvert la vérité démontrable selon laquelle le témoignage du sens matériel est toujours faux, parce que le seul homme qui ait une existence véritable est spirituel; il est la ressemblance parfaite de Dieu, il possède des sens spirituels et reflète l'empire de la Vérité sur la création tout entière.
Métaphoriquement parlant, nous sommes tous laveurs de fenêtres. Les vitres de notre penser doivent être débarrassées des souillures de l'intérêt personnel et de l'égoïsme afin que la lumière de la Vérité spirituelle puisse les traverser. Si la pureté mentale et l'amour désintéressé maintiennent nos fenêtres sans tache, nous pouvons contempler la beauté toujours nouvelle de la création divine; nous pouvons trouver une joie constante dans la réalisation des faits éternels, sachant que les étoiles du matin chantent toujours leurs Alléluias “à Dieu au plus haut des cieux,” et que tous les fils et les filles de Dieu poussent des cris de joie.
