Lorsque Christ-Jésus dit: “Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! ... qui entreront dans le royaume des cieux, mais ceux-là seulement qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux,” il tirait une ligne définie de démarcation entre l'acte de simplement penser aux choses spirituelles et celui de vraiment refléter l'Entendement divin. On peut dire en toute sécurité que beaucoup de personnes ont passé par cette expérience terrestre et ont chaque jour plus ou moins pensé à Dieu et aux choses spirituelles,— telles qu'elles croyaient les comprendre,— mais ne se sont jamais élevées à la hauteur mentale de refléter l'Entendement divin à un haut degré; car si elles l'avaient fait, elles eussent répété dans quelque mesure les œuvres de Christ-Jésus.
Il est réconfortant et encourageant de remarquer que le Maître ne dit pas qu'aucun de ceux qui lui dirent: “Seigneur, Seigneur!” n'entrerait dans le royaume des cieux, mais: “Pas tous ceux.” En vérité, beaucoup d'entre ceux qui commencent peut-être par simplement penser aux choses spirituelles sont conduits, grâce à leur désir de connaître Dieu comme il convient, à cette compréhension démontrable que la Science Chrétienne communique Le concernant. Mais à moins que le simple fait de penser à Dieu ne devienne cet état de penser qui est formellement gouverné par Dieu et qui, par conséquent, reconnaît d'une part l'infinitude de l'Entendement divin et de sa réflexion, et de l'autre l'irréalité de tout ce qui est dissemblable à la nature immaculée de cet Entendement, il reste grandement sans effet et inefficace en ce qui concerne la rédemption de l'humanité.
Penser à la musique, sans l'exercer, ne mettrait jamais personne à même d'interpréter dans une grande mesure la pensée des grands compositeurs, bien que l'on puisse admettre la valeur de leurs compositions. Aussi, simplement faire l'aveu de l'idéalisme de la Science Chrétienne, reconnaître ce qu'elle a fait pour la régénération de l'humanité, ou avoir un sentiment de sécurité lorsqu'on est avec les Scientistes Chrétiens, ne mettra personne à même d'“annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ... [de] publier la liberté aux captifs et le recouvrement de la vue aux aveugles, [de] renvoyer libres ceux qui sont dans l'oppression.” Un pareil état de la pensée n'ira peut-être pas plus loin que de dire: “Seigneur, Seigneur!” et n'entrera peut-être pas dans le royaume des cieux, le domaine de la vérité démontrable. Il y a une vaste différence entre un assentiment tacite à la bonte et la pratique active du bien, entre le fait d'admirer la justice et celui d'être juste. En vérité, un des arguments les plus subtils du soi-disant entendement charnel est que le simple assentiment indolent à la justice d'autrui suffit; et il reçoit une réprimande dans cette exhortation de saint Paul: “Travaillez à votre salut.”
Très récemment, quelqu'un qui n'avait jamais lu un mot des écrits de Mrs. Eddy, et qui apparemment ne prenait aucun intérêt à la Science Chrétienne, informa une praticienne de la Science Chrétienne qu'elle vivait et travaillait exactement par la même compréhension de Dieu que le Scientiste Chrétien! Lorsqu'on lui demanda si cette compréhension la mettrait en état d'aller au chevet d'un petit enfant et de le délivrer de la douleur et de la souffrance, elle dut admettre franchement que non. On lui montra alors affectueusement qu'elle négligeait de donner des preuves de l'état de disciple qu'exigeait Christ-Jésus,—“les miracles qui l'accompagnaient,” qui à travers tous les siècles ont été le témoignage d'Emmanuel, ou “Dieu avec nous,”— et que lorsque l'Entendement de Christ était présent dans la conscience humaine, ces œuvres de guérison étaient inévitables.
La seule preuve évidente que l'on entre dans le royaume des cieux, et que l'on ne dit pas simplement: “Seigneur, Seigneur!” c'est de pouvoir répéter, alors que ce ne serait que dans une petite mesure, les œuvres de Christ-Jésus. Néanmoins, que le commençant dans la Science Chrétienne ne croie pas que, parce qu'il ne peut encore appliquer ce qu'il a appris que d'une façon très limitée, il n'entre pas dans le royaume; car il y entre. Il n'a qu'à regarder en arrière et se rappeler le temps où il ne connaissait pas la Science Chrétienne, et il aura bien des preuves que son mode de penser est en voie d'être gouverné par Dieu. Peut-être ne répond-il plus avec impatience lorsqu'on lui parle de la sorte, ou peut-être même ne répond-il pas avec autant d'impatience qu'il l'eût fait autrefois. Ceci peut lui sembler être une bien petite chose; et pourtant, quelle victoire! Vraiment, “celui qui est patient vaut mieux que le plus vaillant guerrier; Et celui qui est maître de son cœur vaut mieux que celui qui prend des villes.” Peut-être a-t-il pu vaincre, grâce à sa compréhension de la Vérité, ce qui ne paraissait être qu'une légère incapacité physique; ou peut-être sa perspective de la vie est-elle tant soit peu plus heureuse et moins surchargée. Peut-être se rend-il compte que l'amour oublieux de soi-même naît dans son cœur; ou que, grâce à l'étude du livre de texte de la Science Chrétienne: Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy, il a enfin appris à prier. Toutes ces choses sont, toutefois, des preuves que l'Entendement qui était en Christ-Jésus remplace le soi-disant entendement de la chair, et que son mode de penser commence à refléter le seul Entendement, Dieu.
Il n'y a qu'une énergie rédemptrice, récupérative, qu'un pouvoir constructif, en tant qu'il s'agit de la rédemption de la race humaine: c'est la pensée gouvernée par Dieu. Dans la pensée gouvernée par Dieu gisent l'espoir de l'humanité et son affranchissement final du péché, de la maladie et de la mort. Quel encouragement à poursuivre l'avancement spirituel, l'on trouve, par conséquent, dans cette affirmation de Mrs. Eddy, aux pages 494 et 495 de Science et Santé: “Dieu guérit les malades par l'homme, quand l'homme est gouverné par Dieu.” Il ne pourrait en être autrement, car la pensée de Dieu reflétée dissipe de toute nécessité tout ce qui lui est dissemblable. Accorder à l'Entendement divin le droit absolu, se soumettre sans cesse à l'autorité de l'Amour, c'est voir la loi de Dieu démontrée dans l'expérience humaine.
Il est probable que dans leur enfance certains d'entre nous ont vu, en concentrant avec un microscope les rayons du soleil sur un morceau de papier, que ce dernier prenait feu et se consumait. Le verre grossissant seul n'aurait pas pu le faire, non plus que ne l'auraient produit les rayons du soleil sans l'aide du verre; mais les deux réunis donnèrent ce résultat. C'est ainsi que la loi spirituelle, concentrée par la pensée spiritualisée sur tout ce qui est dissemblable à la nature de Dieu, fait qu'elle se consume et disparaît. C'est ainsi que nous devenons “ouvriers avec Dieu.”
Donner à l'Entendement divin la suprématie absolue, ne reconnaître aucune autre puissance, aucune autre présence en tant que réelles, verser devant le tout-Amour, qui est Dieu, le plein dévouement du cœur, c'est faire la volonté du Père. Ceci, cependant, nécessite la dénégation de la volonté de la chair. C'est bien plus que le simple assentiment de la justice: c'est l'effort constant d'être juste, d'être un fils bien-aimé en qui le Père a mis toute Son affection. A mesure que ceci s'accomplit, l'homme individuel — l'homme réel, spirituel — apparaît, l'homme auquel Christ-Jésus fit allusion lorsqu'il dit: “Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre.”
D'un bout à l'autre, les écrits de Mrs. Eddy appuyent sur le fait que ce que l'Entendement divin ne sait pas n'a jamais existé, et n'existera jamais. Il s'ensuit logiquement que dans la mesure où la pensée humaine imite la divine, elle perd son sens de fausseté,— tout ce qui est dissemblable à l'Amour éternel,— et devient le moyen par lequel les rayons de la Vérité peuvent se concentrer sur ce qui n'est pas vrai et qui est par conséquent périssable. C'est parce que son penser était entièrement gouverné par Dieu que Christ-Jésus fut à juste titre appelé le Sauveur du monde. Mais il ne prétendit jamais que ce pouvoir rédempteur n'appartenait qu'à lui. C'est l'héritage des fils et des filles du Seigneur tout-puissant, qui ne sont pas nés “du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais qui sont nés de Dieu.” Cette conscience divinement née fait la volonté du Père avec spontanéité. Elle fait entrer l'individu dans le royaume du ciel dès ici-bas et dès maintenant, et rend possible l'accomplissement de la volonté de l'Amour divin “sur la terre comme au ciel.”
