Lorsque, dans le Sermon sur la Montagne, Christ-Jésus fit en parlant à ses auditeurs la recommandation suivante: "Accorde-toi au plus tôt avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui," il présenta à l'humanité un précepte digne de la considération la plus attentive. Lorsque les métaphysiciens chrétiens l'analysent soigneusement à la lumière de la compréhension spirituelle, ils la trouvent particulièrement précieuse. Conclure que Jésus exhortait ses auditeurs à accepter les protestations du Diable,— l'adversaire que saint Pierre qualifiait de "lion rugissant,"— tomber d'accord avec ses prétentions à la réalité et ou pouvoir, c'est réfuter les enseignements du Maître dans leur entier. Ses préceptes ainsi que son exemple étaient tout à fait contraires à cette supposition: ils réfutèrent complètement les prétentions du mal à la réalité, comme étant une chose avec laquelle il fallait être d'accord.
Jésus annula le soi-disant pouvoir de la loi matérielle, non en l'acceptant comme ayant du pouvoir, mais en connaissant son impuissance. C'est-à-dire, il n'acceptait pas ses protestations, n'admettait pas que ses prétentions fassent loi; il le détruisait. Chacun peut profiter d'une leçon fort importante par le fait que Jésus ne se laissait ni entraîner ni dominer par les tentatives du mal. Il refusait absolument d'admettre qu'elles soient réelles, ou même qu'elles soient autre chose que le néant.
Appliqué à notre expérience journalière, qu'est-ce que cela signifie? Ceci: que pour suivre ses traces, pour faire ses œuvres approximativement, nous aussi, nous devons refuser de nous laisser dominer par l'erreur. Sans notre consentement l'erreur ne peut jamais nous nuire. Elle ne peut nous atteindre et nous dominer que dans la mesure où nous nous soumettons à elle, où nous lui accordons de la réalité, où nous lui donnons notre consentement.
Le mot "consentir" implique à la fois être d'accord avec et sympathiser avec une certaine proposition. Demandons-nous: Avec quoi sommes-nous d'accord? Avec quoi sympathisons-nous? A quoi donnons-nous notre consentement, c'est-à-dire, notre approbation? Une analyse approfondie de la pensée dans le but de déterminer la réponse à ces questions fort importantes, révélera notre état mental. Une fois que nous savons positivement à quoi nous donnons notre consentement, à quoi nous accordons de la réalité, nous avons fait le premier pas vers la régénération de la pensée et l'affranchissement mental.
Le rôle que joue le consentement du soi-disant entendement mortel dans l'économie humaine est clairement présenté par Mrs. Eddy. A la page 221 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, sous la rubrique: "Entendement et estomac," elle écrit concernant la "compréhension nouvellement née, que ni la nourriture, ni l'estomac, sans le consentement de l'entendement mortel, ne peuvent nous faire souffrir." Or, le consentement joue un grand rôle dans la souffrance à laquelle les mortels semblent être soumis! Ce n'est pas la matière, mais la croyance au sujet de la matière, qui est le coupable, la cause efficiente de la souffrance que subissent les mortels. De plus, c'est leur consentement, leur acquiescement au faux témoignage, qui fait le mal.
Quel remède faut-il employer alors? Refuser d'acquiescer, refuser de consentir à chacune des protestations de l'erreur, quel qu'en soit le nom ou la nature. Assurément, en raison d'un consentement général de l'humanité, la croyance semble avoir de la réalité. Mais elle n'en a pas; et il y a un antidote certain contre la croyance qu'elle en a, un remède parfait. Mrs. Eddy l'affirme avec précision ainsi qu'avec brièveté. A la page 229 de Science et Santé elle écrit: "D'un consentement universel, la croyance mortelle s'est constituée une loi pour lier les mortels à la maladie, au péché et à la mort." Et elle termine le paragraphe en donnant un remède parfait contre ce sens erroné de loi: "La prétendue loi conjecturale et spéculative de l'entendement mortel est annulée par la loi de l'Entendement immortel, et une loi fausse devrait être foulée aux pieds."
Ainsi nous voyons qu'une proposition apparemment aussi formidable que les prétendues lois de l'entendement mortel, alors même qu'elles sont établies d'un commun accord, sont sans réalité; elles sont tout à fait impuissantes lorsqu'elles sont en présence du pouvoir divin, de l'omnipotence de Dieu. Il s'ensuit, alors, que si les mortels semblent souffrir, c'est parce qu'ils donnent leur consentement à ce qui n'est pas réel; et il s'ensuit aussi que, en retirant son consentement, c'est-à-dire, en refusant de tomber d'accord avec les prétentions de l'erreur, on en brise le soi-disant pouvoir, en annule la prétendue loi et la rend impuissante. Un examen soigneux de cette proposition qui aboutit à la compréhension de l'entière signification des paroles de notre Leader brisera le lien qui tient les mortels et affranchira les captifs. L'accord avec l'adversaire devient alors le consentement basé sur la pleine compréhension de sa nature, c'est-à-dire, la perception complète de son néant.
Refuser son consentement aux prétentions du mal, c'est faire le pas nécessaire pour avoir l'affranchissement de toute souffrance, de toute limitation, de toute constriction. Les fils de Dieu ne consentent à accepter que le gouvernement de la volonté divine; ils ne sont donc jamais asservis aux prétentions du mal.
