L'Exode nous rapporte qu'à l'heure où les Israélites étaient poursuivis par Pharaon et que la mer Rouge leur barrait toute issue, la voix de Dieu s'adressa à Moïse et lui dit: “Parle aux enfants d'Israël, et qu'ils marchent.” Malgré l'apparence invincible des obstacles, le commandement fut obéi à la lettre, en sorte que les eaux furent divisées, le peuple passa à sec et les Égyptiens à ses trousses furent submergés par suite de leur acharnement à persécuter le bien. La leçon qu'enseigne cette expérience aurait dû suffire à ceux qui furent si magnifiquement préservés, mais nous les trouvons très vite oublieux de leurs obligations envers Dieu et réclamant les pots de viande de l'Égypte. Quand bien même la manne du ciel leur fut envoyée pour leurs besoins quotidiens, ils soupirèrent après les jours du passé, jours de satisfaction sensuelle et d'esclavage aux choses de la chair.
A la lumière de l'interprétation métaphysique, ce récit renferme une leçon vitale pour tous ceux qui sont prêts à la comprendre. Il souligne le truisme que le progrès véritable dépend essentiellement d'un point de vue progressif. Les étudiants de la Christian Science ont tourné le dos à la sombre terre d'Égypte (le matérialisme) et, comme dans le cas de Lot et de sa famille échappant à la destruction de Sodome, le commandement est: “Ne regarde point derrière toi.” Mrs. Eddy dit, dans “Science et Santé avec la Clef des Écritures” (p. 324): “Le bonheur de dépasser les fausses limites et la joie de les voir disparaître,— voilà la disposition d'esprit qui aide à hâter l'harmonie ultime.” Jésus rendit cette même pensée en quelques mots: “Souvenez-vous de la femme de Lot;” et une autre fois encore il déclara que “celui qui, après avoir mis la main à la charrue, regarde en arrière, n'est point propre au royaume de Dieu.”
Soupirer après le passé ou ruminer sur lui est aussi répréhensible que d'appréhender l'avenir. Les jours écoulés devraient être envisagés sans tristesse ni regrets. Tout le bien qu'ils renfermaient est encore avec nous, car le bien est immortel. Le “bon vieux temps” souvent ne semble bon que dans la perspective lointaine que lui donne le présent, et, à moins d'être mieux avertis, ceux qui sont ainsi trompés par la distance sont aptes, dans les jours à venir, à parler du présent dans les mêmes termes. Rien n'est plus légitime que de profiter de l'expérience du passé; toutefois, demeurer dans le passé c'est non seulement déformer nos vues du présent mais aussi provoquer l'appréhension la plus terrible de l'avenir. S'il était réellement possible à la meilleure partie de la vie d'un homme d'être derrière lui, l'initiative n'aurait plus de raison d'être. Accomplir le bien qui est à portée, voilà tout ce qui nous est demandé, et ce que les hommes appellent l'avenir doit être perçu à mesure qu'il se dévoile dans le présent.
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