Hier, et aujourd'hui, et à jamais, l'activité véritable dans toute sa plénitude est engendrée par l'Entendement. C'est là l'éternel message de Noël que la Science Chrétienne apporte à l'humanité entière. Le seul fait d'en avoir la conscience est une bénédiction. Celui qui l'annonce et le démontre à nouveau devant un monde aux écoutes ressent la joie spirituelle si ancienne et pourtant toujours nouvelle. Car il s'agit certes de penser et de comprendre pour pouvoir annoncer la nativité perpétuelle du Messie. L'Entendement divin est la seule cause possible de notre conscience: tel est le fait dont la compréhension nous rend heureux. A coup sûr, la fête de Noël ne devrait pas être associée à l'acte barbare qui ne consiste qu'à manger et à boire. Un étalage somptueux de la matière n'est pas une digne célébration du fait spirituel que l'idée indestructible est la progéniture unique et toujours présente de l'Amour.
Quand, pour commémorer la naissance de Jésus-Christ, on en vint à choisir un jour particulier, accompagné de mascarades et d'une abondance de bonne chère, la promesse “Voici, je suis avec vous tous les jours,” cessa d'être pour la multitude une réalité actuelle. Ainsi, la nativité tomba au niveau des cérémonies passées, accompagnée de la vague possibilité d'un retour mystique dans un avenir plus distant encore. Seule, la Science Chrétienne montre qu'en dehors de toute conception ecclésiastique des choses, tout ce que l'on connaît du bien qui se dévoile, ne se connaît que comme expérience heureuse de l'Entendement. L'heure natale de la Vérité est perpétuelle, ici même et maintenant.
La naissance véritable ne consiste pas dans le fait de tirer quelque chose du néant. Elle ne peut consister non plus dans le don étrange de la part de quelque Jéhovah personnel, d'une animation de la matière, en sorte qu'un corps minuscule puisse devenir comparativement grand. Elle n'est pas davantage la matière vivante provenant uniquement de la matière vivante. Au vrai, il n'y a jamais eu de matière animée, ou de matière du tout, car la seule vie qui se puisse prouver est celle de la conscience, de la conscience qui émane tout entière de l'intelligence divine, absolument étrangère à toutes les suppositions de la biogénèse.
Bildad faisait allusion au rêve de la vie matérielle quand il dit à Job: “Nous sommes d'hier, et nous ne savons rien. Nos jours sur la terre sont comme une ombre.” Mais, ayant déjà ouï bien des réflexions pareilles et n'ayant trouvé en elles qu'un médiocre réconfort, Job s'attacha d'autant plus fermement à la vérité dont il était certain: “Je sais que mon Rédempteur est vivant, qu'à la fion, il se lèvera sur la terre,” dit-il. Il appartenait à Mrs. Eddy, néanmoins, de démontrer que ce que Dieu sait des derniers jours constitue le jour sans fin du présent. Réduisant au néant toute conjecture qui envisage le monde comme matière, l'idée de l'Entendement s'affirme comme création spirituelle.
La conscience divine engendre et soutient l'idée d'une façon continue, sans déperdition comme sans accroissement. L'action à jamais invariable de l'Entendement unique est le Messie qui fut avant Abraham. Elle sauve l'homme de toute croyance en un opposé, car la conscience entière avec toute son action constitue l'existence unique. L'action normale de l'Amour divin, par conséquent, est le sauveur en la naissance duquel le Je suis prend plaisir. Cette action qui est en même temps connaissance, préserve de l'ignorance ou de l'inertie, comme elle en est préservée. Telle est la plénitude du salut. Ce qui existe en réalité nous protège contre ce qui n'est pas, ce qui n'a jamais été et ne pourra jamais être dans la Vérité.
Aussi n'y a-t-il rien de surprenant dans ces paroles de Mrs. Eddy, dans “Christ and Christmas”:
Pourquoi signaler la naissance
De celui qui n'est jamais né?
Qui rendra la valeur immense
De son éternelle clarté?
La célébration de la présence incessante du Christ exige plus que de simples cadeaux, soit par sentiment soit par devoir, une fois l'an. Le Principe divin donne à jamais. L'achat et la distribution de cartes de visite portant quelques mots plus ou moins sincères, n'indiquent que d'une manière bien faible si nous sommes conscients de l'aurore perpétuelle qui est aujourd'hui même le libérateur et le consolateur. N'éprouver qu'une fois l'an un sentiment de gratitude à l'égard de la nativité, équivaut à ne payer ses dettes que le premier janvier. L'appréciation, pour être sans bornes, qu'il s'agisse d'un don ou d'un payement, doit être de tous les instants.
Si l'on reconnaît que le jour du Seigneur est comme mille ans, est infini et souverainement bon, personne ne saurait éprouver de solitude douloureuse en aucun jour. Le fait de manier un ascenseur ou un tram avec bonne humeur, est bien plus acceptable à Dieu que celui qui consiste à se gorger de bonne chère. Il appartient chaque jour à l'homme d'éprouver le sentiment de Noël. Au fait, essentiellement, servir, c'est attester le bonheur radieux de cette fête en toute occasion.
Ainsi, nous voyons que les sens physiques ne sauraient percevoir la signification de Noël. L'Intelligence divine à jamais donne naissance à l'activité normale. Comme l'écrit Mrs. Eddy, bien que pour une autre circonstance, à la page 158 de “The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany”: “Nous vivons à une époque où l'Amour divin établit qu'il est Tout-en-tout. Ce jour est celui de la naissance de ma solitaire vie terrestre; il a son obscurité et sa gloire pour tout le genre humain: il supporte toutes choses; il signale la nouvelle naissance, la présence ici même du ciel, la fin de la lutte; le passé lui est un gain, le présent une joie — ce jour enfin confère une beauté nouvelle à la sainteté, à la patience, à la charité et à l'amour.” Emmanuel, Dieu avec nous, la conscience divine avec toute sa joie souriante, accorde, quelles que soient les apparences, la paix certaine du cœur.
