Quand l'homme d'affaire réussit, humainement parlant, et se demande pourquoi il est reconnaissant, il lui faut différencier soigneusement entre la substance véritable qui est Esprit et l'illusion de la matérialité. Constater que l'accaparement brutal ou la monopolisation à outrance nous ont apporté la richesse, et s'en montrer satisfaits, ce n'est pas ressentir vis-à-vis du Principe une reconnaissance quelconque. Au vrai, un pareil état d'esprit n'est en aucune façon celui d'une satisfaction authentique. Si, dans la poursuite effrénée de l'argent et du pouvoir, l'on paraît avoir écrasé toute concurrence légitime, supprimé le développement et entraîné la ruine d'autrui, il se peut que l'on ressente d'un façon éphémère un sentiment de satiété dans la matière, mais ce n'est pas là parvenir à une prospérité éternelle, celle qui ne vient qu'en exprimant l'intelligence divine. Pour ressentir une joie authentique, le désir même d'accumuler de vastes quantités de matière doit faire place à la compréhension de l'infinité de l'Entendement.
La Science Chrétienne ne soustrait rien à personne, mais elle procure toujours l'idée véritable à la place de la contrefaçon. Aussi, les affaires spirituelles sont-elles toujours grandes parce qu'elles constituent l'activité illimitée conforme au Principe. Elles n'ont rien à voir toutefois avec une croyance quelconque en une puissance matérielle concentrée. La Science Chrétienne montre que le capital réel, toujours utilisable quoique entièrement distinct d'une notion humaine quelconque d'argent, c'est l'intelligence divine qui se manifeste sous forme d'une activité s'adaptant exactement à chacun. Le temps doit venir quand tous les êtres s'adresseront ensemble à ce capital inépuisable et le trouveront suffisant pour tous les développements légitimes. Dans son Message de 1901, à la page 3, Mrs. Eddy écrit: “Or, que dit la Science Chrétienne? 'Quand un homme est droit, ses pensées sont droites, actives et fécondes; il perd le moi dans l'amour et ne s'entend que s'il cesse d'être à l'unisson. Celui qui pense et agit avec droiture fait de son mieux, il pense pour les temps à venir. Pas de mains qui ne sentent son appui ou de cœurs son réconfort. Il fait valoir les moindres instants; pour lui le temps c'est de l'argent, et il accumule ce capital-là pour en distribuer les bénéfices.' ”
Ainsi, la gratitude qui est acceptable à Dieu ne provient pas de ce qu'on soit devenu un millionnaire, mais de ce qu'on ait prouvé que l'intelligence divine seule gouverne l'homme réel, en dépit de toutes les apparences. Évidemment, celui qui, sous l'empire d'une conception matérielle de la pauvreté, s'enorgueillit de subir cette dernière, est tout aussi répréhensible que celui qui exulte dans un sentiment tout matériel de richesse. Assurément, quand Jésus-Christ déclara qu'il est “plus aisé qu'un chameau passe par le trou d'une aiguille, qu'il ne l'est à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu,” il entendait par “un riche” quiconque accepte la matière comme substance. L'homme qui, bien qu'apparemment pauvre des soi-disant biens de ce monde, se figure que des objets désirables lui échappent, trouve nécessairement qu'il est difficile d'obtenir une place dans le royaume divin. En d'autres termes, sa vie est tellement écrasée de croyances matérielles qu'il ne saurait se réjouir de la plénitude qui accompagne toujours la toute-présence de l'Amour divin. Quiconque croit que la matière est la substance, peu importe s'il la possède ou non, est certainement dominé par la fausse croyance et n'a pas assez de compréhension spirituelle.
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