“Que la bienveillance de l'Éternel, notre Dieu, repose sur nous! Affermis notre œuvre entre nos mains; oui, affermis l'œuvre de nos mains!” Le genre humain a accepté plus ou moins généralement une division du travail en travaux, de la Vie en vies. Nous nous sommes accoutumés à admettre, en d'autres termes, un classement du travail en médiocre, mauvais, passable, bon, meilleur, parfait. Alors que dans la jeunesse il n'y a probablement personne qui ne rêve d'un noble but, il en est peu, néanmoins, qui achèvent à leur satisfaction l'œuvre commencée. De hautes résolutions, émoussées par des ajournements, des lenteurs, une vanité impatiente ou des distractions passagères, sont laissées en en arrière. Des rêves de victoire se transforment trop souvent en l'acceptation tacite de facultés bornées qui assistent, soit avec des regrets brûlants soit avec passivité, aux progrès de ceux qui persévèrent. Cette gradation de l'activité humaine a conduit à une autre gradation du travail lui-même en degrés divers de dignité et d'honneur. Ainsi, faire une lessive, diriger une banque, écrire, sont trois genres d'activité placés à des niveaux différents d'excellence dans l'opinion du monde. Il arrive de la sorte qu'une besogne est mal faite parce que jugée inférieure à la dignité de qui l'entreprend, trop dure pour lui ou ne méritant pas un effort de son intelligence. Alors qu'il y a toujours eu des hommes qui ont vu que “Devant Dieu tous les services sont égaux,” nombreux sont ceux qui se sont vus glisser vers une fin médiocre ou indigne même, dominés par un sentiment d'incapacité devant un idéal jamais atteint. Cet état de choses déplorable durera tant que nous croirons que nous travaillons pour un objet qui périt, qui peut ou ne peut pas être atteint, ou pour une gloire qui n'est pas la propriété commune de chacun.
Le Scientiste Chrétien, face à face avec le fait que Dieu est Tout, que ce Tout est l'intelligence infinie avec l'infinité de son idée, se voit dans l'obligation de prouver que le seul état de choses réel est entièrement satisfaisant. Dieu est omnipotent, ou Il ne l'est pas. S'Il l'est, la réponse à tout appel au secours doit être que l'homme est déjà secouru, car le fait de la puissance infinie de Dieu exclut l'existence d'une autre puissance contre laquelle il nous faut lutter. Dieu est omniscient, ou Il ne l'est pas. S'Il l'est, il ne saurait y avoir de conscience hors la Sienne, ni d'Esprit pour créer ce qu'Il ne crée pas. Dieu est omniprésent, ou Il ne l'est pas. S'Il l'est, il ne saurait y avoir de présence nulle part, d'espace, de passé, de futur qui ne soit la présence de Dieu. Le Scientiste Chrétien accepte sans réserve l'omnipotence, l'omniscience et l'omniprésence de Dieu. C'est cet infini de la perfection de l'être qui fait d'un Chrétien un savant, un Scientiste, car la logique et la raison veulent que ce qui est vrai soit recherché et trouvé. La plénitude de Dieu n'est pas une chose qu'on peut vouloir ou ne pas vouloir prouver à son gré; cette preuve est un devoir, car on ne peut nourrir le dessein de prouver autre chose, et, d'ailleurs, il n'y a rien d'autre à prouver.
Peu importe si nous donnons un concert, dirigeons un ménage, manions un ascenseur, il s'agit de faire “tout pour la gloire de Dieu.” Mais il ne suffit pas de dire que Dieu est Tout. De même que nous sommes réellement face à face avec le témoignage infini de la Vérité, nous sommes apparemment face à face avec le témoignage des sens, de la matière. De ces deux témoignages, l'un est bon, l'autre est mauvais. Étant contradictoires, ils ne sauraient être véridiques tous deux. Le témoignage matériel, avec ses arguments de fausseté, d'ignorance et d'échec, contredit assurément la plénitude de Dieu. Mais Dieu est Tout. C'est pourquoi, la prétention de la matière ne faisant en aucune façon partie de l'activité de Dieu, n'est qu'un mensonge à propos de la Vérité, et, bien entendu, le contraire du réel. C'est ici que se trouve la science de la métaphysique. Nous ne pouvons être troublés par un mensonge une fois que nous savons la vérité. Il va de soi que le mensonge affirme que l'homme est malade, las, abandonné. C'est là la contradiction du fait que la création de Dieu est toujours normale, toujours épanouie, jamais séparée du Père. Le mensonge soutient naturellement que l'homme peut échouer. C'est là tout ce qu'il peut dire au sujet de l'homme véritable qui réussit toujours, dont la seule destinée est de parvenir infailliblement à cet idéal unique conçu dans l'Entendement de la Vérité. Quoique en dise cet esprit mortel, il exprime l'opposé de la vérité, sinon il ne serait pas un menteur. Ce sens humain des choses ne peut jamais se développer, n'ayant pas de vie en lui-même. Sa seule existence étant illusoire, étant l'opposé imaginaire du réel, elle demeure à jamais la même, à jamais la négation inconsciente et inerte de la plénitude de Dieu.
Aussi, comment pouvons-nous attendre logiquement une autre occasion, une heure plus favorable, pour achever ce qui est commencé, pour bien remplir notre tâche? L'esprit humain dira toujours: “Un peu dormir, un peu sommeiller, un peu croiser les mains pour rester couché;” il donnera toujours des excuses, songera à des lois matérielles qui limitent et découragent. Mais qu'importe ce que dit le mensonge? La vérité qu'il renie est à jamais là même où il se trouve, sans quoi il n'y aurait pas de mensonge, et, à coup sûr, cette vérité, étant l'idée du Je suis, prévaut éternellement sur son adversaire supposé, le non-existant. Ainsi, puisque Dieu est Tout, Son image et Sa ressemblance, l'homme, doit accomplir sa tâche à la perfection. Tout ce qu'il y a dans une tâche, dans un projet, c'est ce que Dieu en connaît. Mrs. Eddy s'exprime là-dessus avec une logique admirable quand elle dit dans “Non et Oui” (p. 16): “Pour Dieu, savoir, c'est être; c'est-à-dire, ce qu'Il sait doit réellement et éternellement exister,” et, à la fin du même paragraphe elle dit: “Il est Entendement; et tout ce qu'Il connaît se manifeste, et est forcément la Vérité.” Certes, nous ne saurions être affectés par ce que Dieu peut savoir de notre travail, et c'est là tout ce qui constitue ce dernier. Rien ne peut lui être ajouté. Rien ne peut lui être enlevé. Il est “le même, hier, aujourd'hui, éternellement,” ne commençant jamais, ne passant jamais par un stage quand il lutte pour l'existence, ne connaissant ni maturation ni déchéance. Il est réel et substantiel en cet instant même. Ni les occasions ni l'ambiance ne lui font défaut, car il les possède toujours dans son inébranlable adhésion à l'heure et à l'endroit que Dieu choisit. Il ne connaît pas d'obstacles, pas d'interruptions. Il n'est jamais décevant. Nuit et jour “en temps et hors de temps,” il garde son activité. C'est ce fait sacré qui doit se manifester, parce que Dieu le connaît. Aussi, quand les sens nous disent que l'idéal de l'homme ne se peut atteindre, et suggèrent un compromis, nous pouvons être heureux de ce qu'ils ne nous parlent point de Dieu. Du moment que Dieu est Tout, nous ne pouvons avoir une conception limitée de notre tâche, mais nous devons, comme Mrs. Eddy le montre clairement, la regarder comme l'idée de l'infinité, avec des exigences également infinies que Dieu nous permet de satisfaire. De la sorte, niant les sens, affirmant la réalité de l'Entendement unique, nous voyons que “la sagesse est la chose principale” (voir Bible anglaise).
Il se peut qu'à travers les veilles de la nuit il faille s'attacher à la réalité de ce que Dieu connaît; il se peut aussi qu'il faille la contempler dans l'éclat décevant de la lumière mortelle du jour. Mais à mesure qu'on résiste au démon du témoignage des sens, il s'enfuit de devant nous. Aussi, pour mieux connaître notre travail, qu'il s'agisse de peindre, de traiter un cas dans la Science Chrétienne, ou de creuser un fossé, nous devons apprendre à mieux connaître Dieu. Il n'y a pas d'action si triviale qu'elle soit en dehors de la conscience de Dieu. Ce que vous et moi pensons au sujet de notre travail, importe peu; la pensée de Dieu est la seule qui soit. Le travail ne commence ni ne finit avec les réflexions d'une personne à son endroit. Il est et a toujours été dans ce que Dieu a vu au commencement comme bon. De même que nous nous détournons de la maladie pour contempler la ressemblance de Dieu, nous n'accomplissons bien notre tâche que dans la mesure où nous nous détournons de l'image qu'en fait la matière. Voici qui peut faire appel au courage qu'il importe d'avoir pour se détourner du spectacle de celui qui, selon le témoignage des sens, est mourant, afin de regarder la réflexion véritable de la Vie qui ne meurt jamais. L'effort que Dieu demande de nous consiste dans l'incessante négation de la chair, dans la persévérance jusqu'à ce que nous voyons que la manifestation de Dieu est l'essence même de notre travail.
Mais n'en concluons pas que notre tâche est rude. Tout au contraire. Cela signifie qu'en réalité elle est déjà accomplie. A la vérité, il n'y a pas de problème à résoudre, car Dieu est omnipotent. Aussi, notre idéal, qui doit être le dessein de Dieu, est atteint, car ce que Dieu sait est vrai, est tout ce qui est vrai, et doit s'exprimer. Ainsi “la bienveillance de l'Éternel, notre Dieu,” repose sur nous, elle est l'œuvre de nos mains, et celle-ci est l'œuvre de notre compréhension, dans laquelle réside notre force. Cette œuvre ne fatigue jamais, mais concourt à restaurer toutes choses. Dans la mesure où nous nous en rendons compte, nous sommes portés de l'avant par ces “courants calmes et forts de la vraie spiritualité” dont Mrs. Eddy parle à la page 99 de Science et Santé, où elle dit: “Les courants calmes et forts de la vraie spiritualité, dont les manifestations sont la santé, la pureté et l'immolation du moi, doivent approfondir, l'expérience humaine, jusqu'à ce qu'on voie que les croyances de l'existence matérielle ne sont qu'une tromperie manifeste, et que le péché, la maladie et la mort cèdent la place pour toujours à la démonstration scientifique de l'Esprit divin et à l'homme de Dieu, spirituel et parfait.”
