La crainte a été la promotrice du culte. Dans son ignorance, l'homme mortel effaré, ne comprenant pas les faits innombrables de la nature et se figurant aussi que la bonne volonté des dieux se traduirait pour lui en avantages matériels, adora le soleil, la lune, l'eau, l'orage et une foule d'autres objets encore. La crainte causée par ces phénomènes inexpliqués, concentra naturellement l'attention sur la cause probable ou possible de toutes choses, ce qui aboutit en fin de compte à l'évolution des mythes comme essai de solution de l'énigme. Cette tendance à l'adoration d'un dieu mythologique, l'une des conceptions matérielles de l'esprit mortel, fut sérieusement prise à partie par St. Paul. Debout au milieu de l'aréopage, il disait aux Athéniens: "Ce que vous honorez, sans le connaître, c'est ce que je vous annonce," entreprenant ensuite de leur révéler Dieu comme la seule cause et l'homme comme Son idée, "de sa race," disant que "nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à l'or, à l'argent ou à la pierre, sculptés par l'art et le génie de l'homme." Il est certain que St. Paul faisait allusion au culte des images. Celles-ci étaient généralement en pierre, la pierre et Dieu étant identiques jusqu'au jour où elle devint Son autel. Toutefois, la déification de la pierre et d'autres images continua, et l'on rencontre encore cette idolâtrie superstitieuse sous la forme de la "pierre magique" que certains paysans européens jettent dans leurs champs pour s'assurer de bonnes récoltes. C'est seulement quand l'ignorance est remplacée par la compréhension, que la vie et la puissance, attribuées un jour aux phénomènes, sont remises à leur place, rendues à l'Entendement unique.
Un sentiment croissant d'unité accompagne les progrès de la pensée religieuse, mais jamais nous ne pourrons démontrer cette union avec l'Esprit proclamée dans le Deutéronome et qui est le sommaire du Premier Commandement: "Écoute, Israël! l'Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel," avant d'avoir substitué les idées véritables aux objets du sens matériel de la vie. Conférer des attributs divins à une idole, c'est revêtir ce même aspect de la pensée mortelle qui se laisse modifier par le magnétisme de la personnalité. Dans le huitième chapitre de I Samuel, nous lisons que les Israëlites réclamèrent un roi. Pourquoi? "Notre roi nous jugera, il marchera à notre tête, et sera notre chef à la guerre." Dans son inertie paresseuse l'esprit mortel souhaite qu'autrui pense et juge à sa place, et il s'agenouille ensuite devant lui. "L'Éternel dit à Samuel ... c'est moi qu'ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux," et malgré que Samuel prophétisa la tyrannie et la servitude qu'une telle autocratie entraînerait, le peuple n'en persista pas moins à vouloir jurer fidélité à un roi plutôt qu'au seul Dieu. Dans la mesure où nous permettons à autrui de formuler nos opinions et nos jugements, dans la mesure où nous substituons la pensée d'un tiers à notre propre démonstration d'intelligence, nous servons un roi; dans la mesure où nous prenons pour conscience véritable ce qui n'est que croyance erronée, nous servons d'autres dieux. Dans les rapports qu'entretiennent praticien et patient, l'on devrait toujours veiller afin de ne pas usurper les prérogatives qu'a ce dernier de se tourner directement vers Dieu sans le concours d'un médiateur quelconque.
Aujourd'hui, nous nions le pouvoir qui fut une fois donné à des objets, et nous nous rendons compte que la croyance seule leur accorde les attributs qu'ils ne possèdent pas intrinsèquement; nous avons un sourire incrédule en apprenant qu'une maladie dont les démons sont soi-disant le cause, peut être exorcisée par une formule magique visant le patient, tandis que le médicament lui-même n'a pour but que de tourmenter les malins esprits. Mais est-il moins logique ou moins intelligent de penser qu'un démon peut entrer ainsi dans le corps et le rendre malade, que de croire en la théorie actuelle du bacille? Comment pouvons-nous nous féliciter d'être parvenus au point où nous croyons effectivement en un Dieu, un Principe ou un Entendement, et qu'Il est le seul Éternel, avant de mettre rigoureusement en pratique "la Science du christianisme" qui, comme Mrs. Eddy le dit dans "Christian Science versus Pantheism" (p. 12), "est strictement monothéiste,— elle a un Dieu." Nous rendons-nous compte que dans toutes nos affaires nous n'avons de rapports qu'avec l'Entendement et avec Lui seul? Mrs. Eddy met ce fait bien en évidence quand elle déclare: "Le Scientiste Chrétien est seul avec son propre être et avec la réalité des choses" (Message de 1901, p. 20). Dans la mesure où nous prouverons individuellement notre union, notre parfaite conformité avec le Principe, nous verrons par la pensée et par l'action, dans nos relations harmonieuses avec notre frère, que l'unité n'est pas un vain mot.
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