L'auteur fut impressionné un jour par un tableau intitulé "Un mirage dans le désert de l'Arizona," et qui portait l'inscription suivante: "Dans les déserts de l'Arizona et de la Californie, le mirage est fréquent; en certains lieux on peut l'observer presque tous les jours de l'année. De grands lacs entourés de prairies verdoyantes, des troupeaux, des maisons, des courants d'eau jalonnés d'arbres apparaissent fréquemment à une faible distance dans les sables, et plus d'un explorateur ou d'un aventurier ne découvre qu'au dernier moment qu'il s'est laissé égarer par un mirage, que le paysage le fuit, et que la vallée si verte est en réalité aussi aride et désolée que la route qu'il vient d'abandonner."
Ce tableau est bien le reflet de notre expérience personnelle, car il nous arrive, à nous aussi, de soupirer après une direction plus autorisée que celle que le témoignage des sens matériels peut offrir. Ce besoin est celui d'un grand nombre; il est dû aux multiples échecs que nous essuyons dans la vie, échecs qu'expliquent les raisonnements matériels et peu scientifiques que nous avons suivis jusqu'à ce que, en plein désert mental, nous arrivions à un endroit où le cactus ingrat est le seul vestige de vie, où le sable à nos pieds devient mouvant, rappelant la mémoire de ceux qui nous ont précédés le long des mêmes routes.
Il vient un temps où l'on se réveille, où l'on s'aperçoit qu'il existe un sens véritable de l'être, et qu'il est possible de compter sur une direction divine. Nous apprenons que nous nous sommes nourris d'espérances chimériques provoquées par un mirage dont les attrayantes promesses nous ont conduits encore plus loin dans le désert du désespoir, diminuant ainsi à chaque pas les chances que nous avions de revenir en terre civilisée. En effet, l'oasis vu sous le ciel de l'ouest, n'était que le reflet du véritable sens de la vie auquel nous avions tourné le dos, et non point une réalité substantielle à croiser sur notre route. Il est bon de nourrir une espérance, mais si notre bonheur et notre succès à venir doivent être bâtis sur l'erreur d'un mirage, mieux vaudrait cent fois que nous n'ayons pas été trompés, même au prix d'un surcroît de souffrance. Au sein des plus grandes difficultés, il est bon de se rappeler que le bien seul est réel. Ainsi, comme Shakespeare l'a si bien dit:—
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