Un profond sentiment de gratitude me pousse à narrer une merveilleuse démonstration de l’Amour divin; elle nous amena, ma famille et moi, à l’aube de cette admirable lumière qui n’échappe jamais à celui qui la cherche avec sincérité; de plus, j’espère sincèrement que cette expérience aidera et réconfortera quelque voyageur lassé, plongé dans l’abîme du désespoir, ainsi que je l’avais été moi-même.
En 1914, année mémorable, j’avais tout perdu, argent, affaires, tout intérêt à la vie. Je tombai très malade, subis une opération, et végétai tout l’hiver jusqu’à l’été de l’année suivante. Puis nous rencontrâmes des amis qui avaient quitté Paris à cause de la guerre, et qui s’efforcèrent de m’intéresser à la Science Chrétienne; mais je n’en voulais pas et m’y opposais fortement. L’un d’eux me pria avec instance d’aller voir un praticien, ce que je fis après m’être laissé persuader; mais comme je n’en retirai aucun bien, mon antagonisme persista. Puis, un mercredi soir, alors que j’étais très irrité et malade, mon ami nous emmena à New York, ma femme et moi, pour nous faire assister à une réunion de Première Église du Christ, Scientiste. Au sortir de la réunion, je fis devant l’église le vœu de ne jamais me lever pour donner un témoignage dans aucune église; néanmoins, quand le jour des Actions de Grâces arriva, je rendis témoignage de ma guérison avec la plus grande reconnaissance.
Peu de temps après que j’eus assisté à cette réunion, le seul fils que j’eusse à ce moment-là fut pris d’un vilain mal de gorge. Le troisième jour de sa maladie je dis à ma femme qu’il fallait faire venir le médecin, attendu que l’enfant se mourait. Elle me demanda alors d’aller emprunter le livre Science et Santé, et j’allai aussitôt le chercher à la bibliothèque de Troisième Église où on me le prêta avec beaucoup de bienveillance, et je l’emportai chez moi. C’était la première fois que nous voyions le livre. Je quittai la maison, et lorsque je rentrai de bonne heure cet après-midi, ma femme me déclara qu’elle ne comprenait pas ce qu’elle lisait. Je parlai encore une fois de faire venir le médecin, mais elle me répondit que nous ferions mieux de nous adresser à une praticienne pour voir si la Science Chrétienne ne pourrait pas nous aider. J’allai donc en trouver une et la priai de traiter mon garçon; elle me dit qu’elle le ferait immédiatement. Lorsque je la quittai j’étais au désespoir. Pendant que j’attendais l’ascenseur, je regardai machinalement ma montre et vis qu’il était cinq heures moins une minute; cette heure fit sur moi une impression mentale dont je me souvins plus tard. Me sentant très déprimé, je rentrai à pied et pris une heure et demie pour faire un trajet qui prend vingt minutes en tramway.
Lorsque, arrivé chez moi, j’ouvris la porte de notre appartement, je fus accueilli par mon petit garçon qui me dit: “Bonjour, petit Père.” Je fus ébahi de le voir traverser le vestibule pour venir à ma rencontre, et faillis m’en trouver mal. Alors ma femme me dit ce qui s’était passé. Elle mettait l’appartement en ordre, s’attendant à ce que je ramène la praticienne (nous ne savions pas exactement en quoi consistait le traitement), lorsque soudain notre fils sortit de sa chambre, ce dont elle fut très étonnée. Elle l’obligea immédiatement à retourner au lit, lui demanda ce qui était arrivé et lui rappela qu’il avait été très malade. Il répliqua: “Mais je n’ai plus mal ni à la gorge ni à la tête. Je vais tout à fait bien; donne-moi, je te prie, quelque chose à manger.” Mais elle refusa; alors il lui demanda des livres d’images et du papier pour dessiner. Après avoir passé quelque temps à l’habiller elle regarda la pendule par hasard. Il était cinq heures et dix minutes. Mon garçon avait été guéri instantanément. Quand elle eut tout achevé, elle s’écria soudain: “Jean, je crois vraiment que la Science Chrétienne t’a guéri!” Il demanda ce que c’était, et lorsqu’elle lui eut expliqué ce qu’elle en savait, il montra le plus grand intérêt et voulut en savoir plus long. Il fréquente maintenant l’école du dimanche.
Le lendemain matin il nous réveilla tous à quatre heures, jetant des cris de joie, chantant et riant; et ceci montrait, après tout ce qu’il avait souffert, que l’Amour divin, dont le petit chantait en quelque sorte les louanges, avait été démontré. Un peu plus tard, nous dûmes remplir une carte pour le faire retourner en classe. Lorsqu’il le vit, le docteur qui le connaissait bien, lui dit qu’il avait l’air d’avoir été bien malade. L’ayant soigneusement examiné, il déclara que Jean avait une maladie de cœur et qu’il en mourrait certainement s’il courait ou s’il montait les escaliers. Il y a trois ans de cela, et grâce à la Science Chrétienne et à la compréhension spirituelle, il se porte mieux que jamais et court comme un lapin.
Cette démonstration nous vint alors que nous n’avions aucune foi en la Science Chrétienne, et nous prouva d’une façon tout à fait concluante qu’elle était fondée en Dieu, en l’Amour divin, et non en quelque actions de l’entendement humain; elle prouva que, puisque “la dernière extrémité de l’homme est l’opportunité de Dieu,” en demandant humblement le secours de la Science Chrétienne, c’est réellement à “notre Père qui es aux cieux” que nous nous sommes adressés pour obtenir la guérison de notre garçon; de plus, cette démonstration montre qu’aujourd’hui comme du temps de Christ Jésus, des praticiens effectuent des guérisons instantanées, même à une grande distance. A la page 365 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures” notre chère Leader dit: “Si c’est par l’Amour divin que le Scientiste atteint son patient, l’œuvre de guérison sera accomplie en une seule visite, et la maladie s’évanouira en son néant primitif, comme la rosée disparaît au soleil du matin.”
Pour nous, cette belle expérience de guérison fut semblable aux premiers beaux rayons du soleil levant; et elle est demeurée dans ma mémoire, me rappelant une belle et sublime matinée passée près de Darjilin, sur le versant d’une colline dans les hautes montagnes de ce mystérieux Himalaya, au nord des Indes, où, graduellement, chaque montagne apparaît majestueusement et s’embrase des chauds rayons du soleil de Dieu. A mesure que les teintes changent du pourpre au cramoisi, les rayons du soleil se répandent en une magnifique lumière éclatante, et descendent jusque dans les profondeurs de l’abîme; ainsi la lumière de la Vérité disperse tous les doutes, toutes les craintes, et l’on n’entend aucune note discordante au festin de l’Amour, dont le pouvoir toujours présent nous dresse une table en présence de nos ennemis, ainsi que nous le lisons dans le vingt-troisième psaume. De même que dans cette terre lointaine le soleil se lève dans toute sa gloire, de même, sur nos montagnes de doutes, de craintes et d’angoisses, un flot de lumière divine nous éclaire le chemin de la vie éternelle.
New York, N. Y.
