Le mot “adversaire” s'emploie dans les Écritures comme synonyme d'Antéchrist ou démon. Ce mot implique aussi tout ce qui est impie et mauvais, par opposition à ce qui est divin ou bon. L'apôtre Pierre emploie ce mot dans son sens générique lorsque, dans le style symbolique de son époque, il écrit: “Soyez sobres, veillez: votre adversaire, le diable, rôde autour de vous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer.”
Le mot latin adversarius dont dérive le mot anglais, donne la notion de ce qui tombe sous les yeux, ou de ce qu'on pourrait appeler le témoignage des sens physiques, et à la page 580 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures” par Mrs. Eddy, nous trouvons la définition suivante: “Adversaire. Un adversaire est quiconque fait opposition, nie, combat, non celui qui est constructif et qui soutient la réalité et la Vérité.” Métaphysiquement parlant alors, l'adversaire, qu'il soit considéré en tant que genre ou espèce, que cause ou effet, n'est toujours que la même supposition que la vie, la substance et l'intelligence sont matériels et mortels.
Jésus nous apprit dans le Sermon sur la Montagne, comment un Chrétien devrait envisager le problème du mal, lorsqu'il dit: “Accorde-toi au plus tôt avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu'il ne te livre au juge, que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois mis en prison.” Quiconque comprend tant soit peu la portée de ces paroles inspirées sait fort bien que Jésus n'entendait pas que ses disciples littéralement s'accorder avec les arguments du malin ou les accepter, mais qu'au contraire, il donnait clairement à entendre qu'ils devaient s'accorder au plus tôt avec l'adversaire, c'est-à-dire prendre la prompte décision de ne pas s'accorder avec lui pendant qu'il en était encore temps. Manquer de nier les fausses prétentions de l'adversaire pendant qu'on est en chemin avec lui indique, soit qu'on acquiesce tacitement au mal, soit qu'on craigne de le mettre à nu, et ces attitudes d'esprit ne sont ni l'une ni l'autre caractéristiques de la méthode qu'employait Jésus lorsqu'il s'agissait du mal.
Il est évident, à la lumière de la Science Chrétienne, que l'adversaire, y compris tout ce qu'implique ce mot, n'est que la contrefaçon mensongère de l' “avocat,” ou Christ. Selon les Écritures, le Christ, qu'il ait été démontré par Moïse, Élie, Ésaïe, Jésus, Paul, ou quelqu'un de leurs disciples, est toujours le même Sauveur, guérisseur, enseigneur et guide qui affranchit avec amour l'humanité de sa servitude au matérialisme, et la mène vers la terre promise de l'intelligence spirituelle.
Le juge dont parla Jésus dans le Sermon sur la Montagne, peut bien représenter les opinions humaines qui acceptent inconsciemment le témoignage des sens physiques comme évidence concluante que l'homme est matériel, et qui condamnent ainsi les mortels pour avoir désobéi aux prétendues lois de la matière. Le sergent représente évidement l'organisme du corps physique, et c'est par son intermédiaire que le juge inique exerce son autorité autocratique sur la vie, la liberté et le bonheur du genre humain. Donc l'humanité, avant qu'elle ne reconnaisse le Principe divin et lui obéisse, accepte inconsciemment et sans le vouloir, le dire de l'entendement mortel comme s'il était final, et se jette ainsi en prison sans s'en douter. Finalement l'avocate, la Science Chrétienne, munie de la compréhension des lois de Dieu, vient à la prison du péché et de la souffrance et en affranchit l'humanité épeurée et découragée avec une compassion inspirée et un courage à toute épreuve.
La Science Chrétienne, comme Jésus le dit du Christ, est toujours avec nous. Elle n'est ni une chose, ni une personne, ni une organisation, mais elle démontre le divin Principe toujours-présent. Elle devient perceptible pour les mortels dans la mesure exacte où ils la comprennent, et par conséquent, comme le dit St. Paul: “ses perfections invisibles, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'œil depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages.”
En triomphant de l'adversaire il est nécessaire de se détourner de tout secours purement matériel vers l'avocat, le Christ, car nul humain ne saurait, de par sa propre autorité et sa propre force, remporter la victoire sur les suggestions subtiles et les fausses accusations du malin, sans comprendre dans une certaine mesure la loi de Dieu. L'homme mortel ne pourra vaincre le Goliath comme le fit David avant de s'être muni et inspiré comme lui du divin Esprit, car c'est là ce qui le poussa à choisir le caillou qu'il fallait, et là ce qui dirigea sa fronde. Il est possible aujourd'hui de triompher suffisamment de l'adversaire, l'entendement mortel, par la compréhension de la Sceince Chrétienne, pour affranchir le corps humain, tant du péché que des souffrances qu'il endure, et d'offrir, comme Paul nous enjoint de le faire, nos “corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre culte raisonnable.”
C'est en appliquant le divin Principe au problème de la rédemption humaine que les étudiants de la Sceince Chrétienne s'efforcent de vaincre l'adversaire, l'entendement mortel. La Science Chrétienne nous enseigne à séparer le mal du bien, et à purifier la conscience humaine afin qu'il y ait moins de résistance à la réflexion divine qui est réellement l'homme. Dans le récent conflit mondial, il était de la plus haute importance de vaincre le mal par le bien. Lorsqu'on tente de triompher du mal avec le mal, il n'est pas vaincu du tout en réalité, bien qu'il puisse sembler pour un temps avoir été subjugué ou supprimé.
Remarquez bien que dans la grande lutte de l'Harmaguédon, l'humanité s'est rangée soit pour, soit contre, les enseignements de Christ Jésus, tels qu'ils sont compris scientifiquement. Le levain de la Vérité que Jésus mit dans la pâte de la conscience humaine il y a vingt siècles, n'a jamais cessé de travailler dans la pensée universelle. D'une part il a porté des fruits dans la démocratie, et dans la liberté qu'on a gagnée de servir Dieu selon sa conscience. D'autre part, il a soulevé les puissances des ténèbres, et celles-ci ont essayé à nouveau de crucifier le Christ, de faire rétrograder le progrès et d'établir la théorie que la puissance fait la force.
Assurément tous ceux qui savent lire les signes de ces temps ont discerné dans une certaine mesure l'accomplissement des Écritures, et s'efforcent patiemment de faire cesser la guerre entre la chair et l'Esprit, en chassant de la pensée humaine les suggestions mensongères de l'adversaire. Il est clair qu'une paix durable ne peut être réalisée que par ceux qui, jusqu'à un certain point, ont surmonté la croyance à un pouvoir contraire à Dieu, et ont ainsi vu le Christ que Mrs. Eddy définit comme suit à la page 583 de Sceince et Santé: “Christ. La manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l'erreur incarnée.”