« J’irai si j’en ai envie, et ce n’est pas vous qui m’en empêcherez ! »
Les émotions enflaient à chaque seconde et semblaient prendre le dessus. Pour l’adolescent, l’enjeu était de se libérer de l’autorité parentale et de prendre ses propres décisions. Pour les parents, il s’agissait d’inculquer des valeurs morales à leur enfant avant de renoncer à leur « autorité » et, en l’occurrence, ils refusaient d’accorder à leur fils la permission de se rendre chez quelqu’un qui, profitant de l’absence de ses parents, et sans leur avoir demandé l’autorisation, organisait une soirée où, par ailleurs, on servirait des boissons alcoolisées. Toutefois, les propos du fils ne traduisaient pas uniquement une intention menaçante.
En repensant à cette histoire, je me rends compte que notre fils avait également affirmé un fait – fait qui était certainement bien plus dérangeant pour sa mère et moi que la menace en tant que telle. En effet, cette affirmation crachée dans le feu de la colère nous a fait comprendre que nous n’avions plus sur lui l’autorité physique nécessaire pour l’empêcher de faire quelque chose qui soit contraire à nos principes. Pour parler de façon générale, après avoir, pendant des années, pris soin de ses enfants, les avoir aimés, nourris, choyés, protégés et éduqués, il peut être dur, et parfois même extrêmement douloureux pour des parents de se rendre compte qu’ils n’exercent plus d’autorité directe sur leurs enfants. Cette prise de conscience peut être facteur de crainte, d’anxiété et de frustration chez les parents, de colère et de rébellion chez les enfants. Cette situation risque d’engendrer des confrontations et des disputes, et peut-être aussi de briser des liens et de déchirer des familles.
En l’occurrence, nous nous sommes comportés comme tous les parents concernés et responsables l’auraient fait, en nous efforçant de ne pas réagir à la colère et de raisonner notre fils du mieux possible. Nous avons voulu l’aider à voir plus loin qu’un conflit entre l’autorité parentale et le désir d’autonomie d’un adolescent. Nous avons souhaité l’aider à reconnaître qu’il était capable de prendre des décisions responsables, fondées sur de solides valeurs morales et éthiques.
Mais nous avons fait également autre chose : nous avons recouru à la prière pour mieux comprendre que Dieu gouvernait toute la famille. Nous avons prié, parce que l’expérience nous avait apprise que la prière chrétiennement scientifique est le moyen le plus efficace de faire preuve de fermeté, de calme et de sagesse pour relever l’infinie variété des défis liés à l’éducation des enfants. Et cette situation ne faisait pas exception.
La prière basée sur les enseignements de la Science Chrétienne ne se réduit pas à demander à Dieu d’intervenir en notre faveur en espérant qu’Il répondra favorablement parce que nous sommes de bonnes personnes et méritons Son aide. La prière scientifique commence souvent par une affirmation concernant la nature de Dieu, qui est le seul Créateur de l’univers y compris l’homme. Le prophète Malachie le formule ainsi : « N’avons-nous pas tous un seul père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? » (Malachie 2:10)
Le simple fait de prier en reconnaissant que Dieu est notre Père nous a permis de discerner un point important applicable à notre problème en tant que parents. Nous avons compris peu à peu, et sous un éclairage nouveau, que si Dieu est toute bonté, qu’Il est tout-puissant et toujours présent, alors notre seul Père véritable, notre Père-Mère commun, est toute bonté, tout-puissant et toujours présent. Nous avons finalement vu que, même si nous n’étions pas à côté de notre fils à chaque instant pour le guider, pour l’amener à faire ce qui était juste et l’aider à prendre de bonnes décisions, nous pouvions savoir que l’homme créé par Dieu n’est jamais séparé un seul instant de son Créateur et Père véritable, Dieu, et qu’il n’échappe jamais au gouvernement et à la tendre sollicitude de son vrai Père.
Cette compréhension apporte aux parents une assurance et une paix profondes, car ils reconnaissent que Dieu gouverne continuellement chacun de Ses enfants. Cette assurance n’a rien à voir avec une douce illusion ni même avec le simple espoir que notre Père, Dieu, sera présent en cas de besoin. C’est une conviction absolue qui imprègne chaque fibre de notre être dans la mesure où nous comprenons mieux le moi spirituel de l’homme, qui est l’enfant de Dieu, Son image et Sa ressemblance. Cette compréhension spirituelle non seulement nous apporte la paix, mais elle expose également le mal qui prétend agir et nous influencer.
On pourrait raisonnablement se demander si les enfants de parents ayant appris à prier de cette façon se comportent mieux, ou s’ils sont moins source de problèmes et de difficultés que les autres enfants. Du haut de mon expérience de parent, je dois reconnaître que cela ne signifie pas qu’il n’y aura jamais de problème à résoudre. Apprendre à connaître la nature de Dieu, notre Père véritable, ne nous épargne pas les difficultés que tous parents rencontrent dans l’éducation de leurs enfants.
Mais cette compréhension nous apporte l’assurance et la force nécessaires face aux problèmes qui ne manquent pas d’arriver. Au lieu de laisser la crainte, la colère ou la frustration prendre le dessus dans nos relations parents-enfants, nous discernons plus rapidement les occasions qui nous sont données d’apprendre à nous respecter, nous enrichir et nous aimer mutuellement. Et pourquoi en irait-il autrement ? S’il n’y a vraiment qu’un seul Père, tous sont donc Ses enfants, ce qui fait de tous les membres de la famille des frères et des sœurs, non des parents autoritaires aux prises avec des enfants obstinés et désobéissants. En effet, chacun de nous, dans son être véritable, est l’expression spirituelle de Dieu, et il est gouverné par Sa loi et Son amour.
Ce fait spirituel nous ouvre des perspectives nouvelles, qui nous éclairent et sont propices à la guérison. Dans Science et Santé avec la Clef des Ecritures Mary Baker Eddy écrit ceci : « Avec un même Père, Dieu, tous les membres de la famille humaine seraient frères ; et avec un même Entendement, Dieu, le bien, l’Amour et la Vérité constitueraient la fraternité des hommes, et celle-ci posséderait l’unité du Principe et le pouvoir spirituel qui composent la Science divine. » (p. 469)
Si vous vous interrogez sur les suites données à la « menace » évoquée au début de cet article, sachez que notre fils a finalement décidé de lui-même de ne pas se rendre à cette soirée. Cela ne veut pas dire que la question ne s’est pas reposée et qu’il n’y a pas eu d’autres problèmes à résoudre par la suite. Mais quelque chose de particulier s’est passé ce soir-là. Au lieu de nous énerver de plus en plus et de chercher à blesser l’autre, nous avons appris à nous respecter mutuellement, et nos liens familiaux se sont renforcés, en tant qu’enfants d’un même Père.
