La maxime : « Ceux qui sont les plus difficiles à aimer sont ceux qui en ont le plus besoin » (souvent attribuée à Socrate) est familière pour beaucoup de gens, et je l’ai répétée presque toute ma vie. Mais récemment, une nouvelle approche de cette question m’est venue à l’esprit.
En tant que scientiste chrétien, j’ai pris à cœur les deux grands commandements mis en avant par Christ Jésus (voir Matthieu 22:37, 39), qui pourraient être résumés ainsi : « Aimez Dieu et aimez les hommes, vous-même et tous les autres. » Il nous a également appris à aimer nos ennemis. Donc, aussi difficile que cela puisse être, le fait qu’une personne soit difficile à aimer n’est pas une excuse pour ne pas l’aimer.
Mais que se passerait-il si la personne que j’ai tant de mal à aimer, et qui en a le plus besoin, n’était pas une personne « autre », mais si elle était en réalité... moi ? La norme que Jésus donne pour aimer les autres est de les aimer comme nous nous aimons nous-même, et cette norme est fondée sur l’amour que nous portons à Dieu, notre créateur.
Vous voyez, lorsque nous exprimons de l’amour, nous nous sentons aimés. Et quand nous nous sentons aimés, nous ne pouvons pas nous empêcher d’aimer les autres. La manière de ressentir et d’exprimer l’amour consiste à céder à l’amour de Dieu, qui est l’Amour même. La première épitre de Jean dans la Bible dit : « Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. » (4:19)
J’ai donc pensé que nous pourrions comprendre l’énoncé ainsi : « Les gens sont plus difficiles à aimer quand je ne ressens pas l’Amour. » Alors, nous ne le faisons pas au sujet des autres, et nous n’attendons pas que quelqu’un d’autre change avant de l’aimer, mais nous l’incluons plutôt dans l’amour que nous ressentons déjà.
Quand nous nous sentons aimés, nous ne pouvons pas nous empêcher d’aimer les autres.
J’ai récemment eu l’occasion de le démontrer. Pendant des années, j’ai vu ma femme faire du bénévolat en tant qu’aumônier de prison de la Science Chrétienne. Elle revenait rayonnante d’inspiration de chacune de ses visites dans une prison. J’admirais son enthousiasme et sa volonté de servir de cette manière, mais j’étais très content de ne faire que la soutenir. Accomplir moi-même une activité similaire ? Ah non ! Je me suis convaincu que ce genre d’activité n’était pas pour moi et que j’avais déjà assez de choses à faire.
Mais, pour être honnête, cette résistance était simplement engendrée par la peur. Et si je me trompais ? Et si je disais quelque chose de faux ? Et si ceux qui étaient incarcérés étaient désagréables avec moi ? Que se passerait-il si je me mettais dans l’embarras ou si je mettais notre église dans l’embarras, voire si je présentais involontairement la Science Chrétienne d’une manière erronée ? Et si ? Et si ? Tout était centré sur moi.
J’ai commencé à m’ouvrir à l’idée d’aller dans les prisons lorsqu’il y a eu une pénurie de bénévoles et une grande demande dans notre région, mais j’avais besoin de vraiment prier à ce sujet. J’ai commencé par chérir certaines qualités telles que la bonne volonté, l’humilité et la confiance, affirmant qu’en tant qu’enfant de Dieu, j’incluais ces qualités données par Dieu. Ce faisant, j’ai vu que la peur et la résistance ne faisaient pas partie de ma véritable identité créée par Dieu, mais qu’elles étaient des impostures mentales dont j’avais accepté à tort qu’elles définissaient qui je suis. Tant que j’acceptais ces traits négatifs comme étant vrais à mon sujet, j’éprouvais de la difficulté à m’aimer. Mais lorsque j’ai reconnu que Dieu est ma source divine, j’ai ressenti Son amour pour moi, et j’ai remarqué que je ressentais davantage d’amour pour Ses enfants – je voyais que tout le monde, y compris moi, avait sa source dans l’Amour divin.
L’Amour divin me transformait. Je suis passé d’une façon de penser centrée sur moi à une façon de penser centrée sur Dieu, avec le désir de servir ma communauté – et cela incluait la visite d’établissements correctionnels ! Un jour, je me suis senti complètement en paix en siégeant au comité institutionnel de mon église filiale de l’Eglise du Christ, Scientiste, et en aidant à organiser des services religieux dans une prison d’Etat.
Le premier jour où je suis entré dans la prison, ça a été la chose la plus naturelle au monde de regarder ces hommes dans les yeux et de leur parler avec gentillesse et amour, de les voir comme Dieu les voit, comme Ses enfants innocents. Je commençais tout juste à comprendre mon nouveau rôle lorsque les prisons d’Etat ont été fermées à cause de la pandémie de Covid-19. J’ai mis à profit ce temps, éloigné du bénévolat, pour prier plus profondément au sujet de certains défis que je rencontrais, et pour en apprendre encore plus sur ce que signifie aimer son prochain comme soi-même.
Lorsque nous avons été autorisés à retourner dans les prisons, j’ai constaté que j’étais toujours tenté de me sentir gêné, mais j’étais déterminé à mettre en pratique tout ce que j’avais appris pendant cette période d’éloignement. Motivé et inspiré par l’amour, faisant une priorité du fait de reconnaître mon être véritable et celui de chacun en tant qu’enfant précieux et bien-aimé de l’Amour, ma peur s’est dissoute. C’était, au-delà des mots, une leçon d’humilité et de gratitude de voir les hommes auxquels nous avions rendu visite commencer à entrevoir leur vraie nature, aimante et aimée. Des guérisons en ont résulté pour eux et pour moi.
Le premier jour de notre retour, un des hommes incarcérés est arrivé en retard, m’a vu et a crié mon nom avec joie. Je ne l’avais pas vu depuis un an. Puis, il s’est arrêté net et m’a regardé de haut en bas. Il a dit : « Tu as l’air différent, tu as l’air plus grand. C’est ça, tu es plus grand ! » Je lui ai dit que je portais les mêmes chaussures qu’à l’époque, et nous avons ri.
Pendant le long trajet en voiture pour rentrer chez moi, je n’arrêtais pas de réfléchir à ce qu’il avait dit, et puis, j’ai eu un éclair. Il avait reconnu mes progrès spirituels. Alors que j’étais témoin de sa vraie nature, conférée par Dieu, il voyait aussi la mienne.
Le travail institutionnel m’a appris l’importance de m’aimer moi-même – de me voir comme Dieu me voit – afin de pouvoir aimer librement les autres et être prêt à servir Dieu de la manière qu’Il désigne. Nous pouvons tous reconnaître et affirmer que nous sommes à la fois l’objet et l’expression de l’amour de Dieu. Nous pouvons alors voir que personne n’est difficile à aimer.
