La nuit, c’était encore plus terrible. Dès que ma tête touchait l’oreiller, des souvenirs douloureux liés à de mauvaises décisions prises par le passé m’emplissaient d’un sentiment de tristesse et de culpabilité. Je me voyais condamnée à endurer cet afflux de souvenirs nocturne, et à me demander sans cesse comment j’aurais pu faire autrement. Ruminer le passé me tenait non seulement éveillée la nuit, mais pesait aussi sur mes choix de vie. Une piètre opinion de moi-même m’avait empêchée de m’investir à fond dans mes études puis dans ma carrière professionnelle, et à cause du sentiment accablant de mon peu de valeur, je n’avais pas su profiter des occasions de progresser et de développer des relations saines.
Durant ces années, j’ai passé un temps considérable à parler à Dieu, même si je n’étais guère à l’écoute d’une réponse par peur de ce que je risquais d’entendre. Heureusement, les vérités enseignées par la Science Chrétienne que j’avais apprises en grandissant étaient restées ancrées en moi – le fait, par exemple, que Dieu était mon Père et Mère divin, et qu’Il me connaissait et me connaîtrait toujours en tant que Son enfant spirituelle, parfaite, innocente, méritante et exempte de tristesse.
De telles idées m’ont apporté un ancrage durant cette période difficile. Mais je bataillais pour arriver à les mettre en pratique dans la vie. Finalement, à un moment particulièrement sombre, je me suis tournée vers le pasteur de mon enfance, le pasteur de la Science Chrétienne, la Bible et Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy. Et là, j’ai trouvé des réponses.
J’ai commencé par la Bible. Quand j’étais élève de l’école du dimanche, j’aimais entendre les histoires de l’Ancien et du Nouveau Testaments, mais je ne les avais pas vraiment approfondies. Je voulais à présent en savoir plus, et voir si je pouvais tirer quelque chose de l’expérience des personnages dont il était question dans ces récits. J’ai donc consacré du temps à mieux connaître Joseph, qui, bien que victime de la jalousie de ses frères, a su tirer parti de ses malheurs ; et la dame qui, avec une tendre affection, a baigné les pieds de Jésus de ses larmes de repentance, et nous a ainsi enseigné le pouvoir de l’humilité. J’appréciais particulièrement de passer du temps avec Paul, qui avait persécuté les disciples de Jésus avant d’être transformé par le Christ. Son expérience m’a apporté l’espoir qu’en me tournant sans réserve vers Dieu, je pourrais moi aussi ressentir et exprimer Sa bonté.
J’étais très touchée par le fait que la Bible est pleine d’histoires de gens comme moi, qui luttaient, ne prenaient pas toujours de bonnes décisions, échouaient parfois lamentablement dans leurs entreprises, mais persévéraient et devenaient une force en faveur du bien. J’apprenais que ce sont souvent ces expériences mêmes qui nous enseignent les plus grandes leçons.
J’ai continué de consacrer du temps à ces hommes et à ces femmes de la Bible, à tant de ces personnages inspirants, et ils m’ont appris à me détacher du passé et à trouver la paix. Leurs histoires me parlaient directement, elles m’assuraient que je pouvais moi aussi faire ce genre d’expériences.
Désirant ardemment mieux comprendre le message de ces récits, je me suis tournée vers Science et Santé. Dans Ecrits divers 1883-1896, Mary Baker Eddy explique : « Votre double pasteur impersonnel, la Bible et Science et Santé avec la Clef des Ecritures, est avec vous ; et la Vie que donnent ces livres, la Vérité qu’ils illustrent, l’Amour qu’ils démontrent, sont le grand Berger qui paît mon troupeau et le conduit “près des eaux paisibles” » (p. 322).
Armée de mon « double pasteur impersonnel », j’ai persisté dans la prière, refusant de céder à la tentation de ressasser le passé. Le sentiment d’incompétence et les regrets ont commencé à faire place à la compréhension de ma vraie nature en tant que fille spirituelle et parfaite de Dieu.
J’ai compris peu à peu que le fait de rejeter la souffrance affective n’implique pas de devenir indifférent à ce qui se passe autour de soi ni d’oublier les leçons apprises. Ce détachement a été possible quand j’ai confié à Dieu, le bien éternel, mon passé, mon présent et mon avenir. Cette confiance en mon Parent divin a renforcé ma compassion et ma capacité à faire preuve d’un jugement sûr.
J’ai fini par comprendre que, même si je ne peux pas changer le passé, je peux changer la perception que j’en ai dans ma conscience actuelle, en sachant que Dieu, la conscience divine – l’Esprit tout-puissant, omniprésent et qui sait tout – n'a jamais été touché par les événements qui m’ont perturbée. Ce que j’ai appris grâce au pasteur m’a permis de comprendre que notre identité et notre valeur sont aussi éternelles que notre créateur, Dieu, car nous faisons à jamais un avec Lui, et avec la paix et la joie exprimées dans Sa création.
A partir de mon sens le plus élevé de la conscience que Dieu a de moi, et non des profondeurs des mauvais souvenirs, j’ai commencé à sentir le pouvoir du Christ, la Vérité divine, qui m’attrapait et me soulevait au-dessus des ténèbres. Le sentiment paralysant d’être victime ou coupable, ainsi que la tendance à ruminer les mauvais souvenirs, ont fait place à un sens pur d’innocence. J’étais réellement libre et je le suis restée depuis lors.
On lit dans les psaumes : « Garde-moi comme la prunelle de l’œil ; protège-moi, à l’ombre de tes ailes… » (17:8) Nous sommes tous les enfants précieux, profondément aimés, de notre Père-Mère Dieu. Maintenant, quand je vais me coucher, je m’abandonne à cet amour et me sens en paix. Vous pouvez le faire, vous aussi !
« Si tu te couches, tu seras sans crainte ; et quand tu seras couché, ton sommeil sera doux. » (Proverbes 3:24)
Linda Berckmann