Je me souviens tout à fait nettement de ma première rencontre avec Théo (le prénom a été changé), notre fils adoptif. Il observait avec la plus grande attention chacun de nos gestes. Pour nous, c’était l’enfant idéal.
Cependant, à mesure qu’il grandissait, nous avons remarqué qu’il était sans cesse prêt à batailler contre tout le monde. Par exemple, si quelqu’un le bousculait sans le faire exprès, il s’emportait. Par la suite, il ne se souvenait guère de ce qui s’était passé. Et quand nous le réprimandions avec amour, il le prenait très à cœur, comme si nous nous retournions contre lui. Il rencontrait également des difficultés à l’école, ce qui renforçait d’autant sa timidité et son manque de confiance en lui. J’avais le cœur serré en l’entendant demander pourquoi il n’avait aucun ami ou n’était jamais invité à une fête d’anniversaire.
J’ai toujours trouvé utile de prier régulièrement pour tous mes enfants, mais il m’a paru particulièrement nécessaire de m’appuyer sur une base spirituelle pour prendre soin de Théo. Le concept que Dieu est le Parent divin de tous est une idée qui a revêtu une grande importance pour moi.
On trouve de nombreuses références à Dieu en tant que « Père » dans la Bible. Mary Baker Eddy, la découvreuse de la Science Chrétienne, fait aussi référence à Dieu en tant que Père et Mère dans son livre, Science et Santé avec la Clef des Ecritures. J’ai souvent prié ce Parent divin pour qu’Il m’aide à comprendre comment faire entendre raison à Théo, et comment être davantage patiente avec lui quand je pensais avoir épuisé toute ma patience.
Quand j’écoutais vraiment, je sentais que l’amour et la paix de Dieu enveloppaient tous les membres de la famille, et cela m’aidait à savoir quoi dire et quoi faire dans une situation donnée. Mais parfois, il me fallait prier avec plus de ferveur. Un jour, je me suis sentie particulièrement impuissante et désespérée.
Tandis que je versais des larmes de frustration, une question m’est venue spontanément : « De qui est-il l’enfant ? »
Cela m’a arrêtée net. J’ai compris que, tout en n’étant pas certaine du milieu culturel de sa mère biologique, j’étais restée persuadée qu’un problème de toxicomanie antérieur à la naissance pouvait bien être la cause du comportement de Théo. Cette question m’a incitée à approfondir le sujet, c’est-à-dire à voir sa véritable origine spirituelle.
Science et Santé explique ceci : « Parce que l’homme est le reflet de son Créateur, il n’est pas sujet à la naissance, à la croissance, à la maturité, à la décomposition. » (p. 305) Cet énoncé est fondé sur la Bible qui déclare que nous sommes faits à l’image de Dieu, Esprit, Amour, Vérité – à l’image du bien. Notre origine est en Dieu ; nous sommes donc nécessairement spirituels et parfaits, comme Lui. Ni Dieu ni Ses enfants ne peuvent être soumis à des conditions matérielles. Faisant référence à l’homme – à chacun d’entre nous – Science et Santé déclare : « Le beau, le bon et le pur constituent son ascendance. » (p. 63)
J’ai compris qu’on pouvait répondre brièvement à la question qui m’était venue comme suit : Théo est l’enfant de Dieu, de l’Amour divin, et le déroulement du bien, de l’innocence, de la paix. Nous sommes tous remplis de la lumière et de la bonté de Dieu, prêts à briller et à bénir notre entourage. Nul n’est dépourvu de cette lumière et de cette force.
J’ai réfléchi aux multiples façons dont Théo exprimait les qualités de l’Entendement divin, telles que l’intelligence, et l’idée m’est soudain venue que personne n’est limité à l’expression de quelques qualités de Dieu seulement. La force de l’Esprit, les grands bienfaits de l’Amour infini, l’activité de la Vie illimitée, l’ordre du Principe divin, la bienveillance de l’Ame divine, toutes ces qualités sont présentes dans la vraie nature de chacun.
Ces idées étaient puissamment libératrices. Je les ai notées par écrit et j’ai continué de prier avec cette inspiration, surtout dans les moments particulièrement difficiles.
Peu de temps après, les jours se sont déroulés sans incident. Puis les jours sont devenus des semaines, et les semaines des mois. Cela s’est fait de façon si naturelle que je ne me suis pratiquement pas rendu compte du changement. Le professeur de Théo nous a contactés pour nous parler des beaux progrès de notre fils à l’école. Il a commencé à se faire des amis. Ses notes se sont améliorées. Un peu plus d’un an s’est écoulé, et il continue d’être un garçon joyeux, confiant et gentil. Lorsque nous sommes montés tous les deux dans la voiture pour aller à la fête d’anniversaire d’un camarade de classe pour la première fois, j’ai souri et murmuré du fond du cœur « merci ! » à notre Père-Mère divin.
Je sais que cela ne va pas s’arrêter là. Le rôle de parents est une aventure pleine d’amour qui se poursuit sans cesse. Mais je suis reconnaissante de mieux comprendre de qui nous sommes tous l’enfant.
    