« Que votre affection des choses célestes ne vous empêche pas de faire du bien sur la terre ! »
Cet ancien dicton pourrait bien concerner ceux qui sont tellement absorbés par une forme d’autosatisfaction religieuse qu’ils ne se soucient guère des besoins des autres. Les lecteurs du Héraut ont à cœur d’aimer leur prochain. Pour ma part, quelle que soit la force de mon engagement en ce sens, j’ai constaté qu’il est important de comprendre ce que signifie exactement « l’affection des choses célestes ». Je peux ainsi m’approprier ces termes et mieux discerner les besoins d’autrui et y répondre en même temps.
Accorder la priorité à Dieu, c’est reconnaître qu’Il est à l’origine de tout être ; c’est chérir l’Amour qui dispense tout ce qui est bon et nécessaire ; c’est honorer la Vie qui soutient et fortifie ; c’est comprendre l’Entendement qui fournit toute sagesse et toute intelligence. Accorder ainsi la priorité à Dieu nous permet d’exprimer la nature divine dans le but de glorifier Dieu, de mener une vie qui est une vraie bénédiction pour notre entourage, ce qui revient à « travaille[r] à [n]otre salut » (Philippiens 2:12).
Mais pour travailler à notre salut, nous devons prouver notre amour pour Dieu en démontrant notre amour pour notre prochain. La Bible l’énonce clairement : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et nous avons de lui ce commandement : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. » (I Jean 4:20, 21)
Un verset de l’épître aux Galates nous encourage à cultiver, entre autres qualités, « la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance » et le verset qui le suit ajoute que « la loi n’est pas contre ces choses » (5:22, 23).
Voilà pourquoi l’affection des choses célestes est cruciale. Mais il ne s’agit pas de s’attacher simplement à de belles idées spirituelles, car l’Amour divin demande que cette affection des choses célestes soit démontrée.
Par exemple, que fait-on pour ceux qui, visiblement, ont un problème, et en particulier un problème physique ? Quand on préfère éviter un ami, un membre de sa famille ou de l’église, parce qu’il a de graves soucis, on manque à l’exigence chrétienne d’aimer son prochain comme soi-même.
Christ Jésus vivait l’amour et discernait les pensées de ceux qui étaient près de lui dans le but de les guérir et de leur faire du bien. Certains pourraient arguer : « Bien sûr ! Mais c’était Jésus. Moi, je n’en suis pas capable. » Qu’en savent-ils ? Dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, Mary Baker Eddy insiste sur la nécessité d’avoir une « véritable spiritualité » (p. 95), car c’est à cette condition que chacun peut savoir intuitivement si telle personne a besoin de « sentir » le grand amour de Dieu et Sa compassion.
Examinons alors ce qu’il est possible de faire pour inverser le scénario afin que « notre affection des choses célestes soit telle que nous fassions énormément de bien ».
Qu’est-ce qui nous empêche d’offrir nos encouragements et notre soutien à une personne aux prises avec un problème qui semble la dépasser ?
C’est une mentalité matérielle et mortelle, que Mary Baker Eddy appelle dans ses écrits « magnétisme animal », qui prétend que nous ne voulons pas nous mêler des affaires des autres, qu’apporter notre aide dérangerait nos habitudes. Cette mentalité prend parfois la forme d’une abstraction, suggérant que nous prenions de la « hauteur » et déclarions : « Il n’y a pas de problèmes. Puisque Dieu gouverne toutes choses et tout être, je n’ai pas besoin de faire quoi que ce soit. » Cette attitude insensible fait fi du besoin de guérir de la personne et n’a rien d’une approche chrétienne (voir Science et Santé, p. 460).
Un autre stratagème élaboré par cette mentalité est de nous amener à penser : « Apporter mon soutien, c’est admettre que le problème est réel, ce qui est contre-productif. Il est donc préférable de faire comme si je n’étais pas conscient du problème. Je ne tiens pas à leur faire porter le poids de pensées négatives. » Pour imposer silence à de telles suggestions, écoutons ce que Dieu connaît de chacun et agissons en reflétant avec générosité l’amour de Dieu.
Notre maître chrétien, Christ Jésus, règle son compte à cette réticence à aider son prochain dans la parabole du bon Samaritain (voir Luc 10:25-37) : un homme est agressé par des voleurs, roué de coups et laissé pour mort. Un prêtre vient à passer, le voit mais poursuit son chemin. Puis un lévite (une personne chargée du service du Temple) passe à son tour sans s’arrêter. C’est alors qu’arrive un Samaritain – un étranger qui appartenait à une communauté avec laquelle les Juifs n’étaient pas en bons termes. Pourtant le Samaritain s’arrête, panse les plaies de cet homme, le réconforte, l’emmène dans une auberge et lui sauve la vie. Jésus demande ensuite laquelle de ces trois personnes a agi en prochain de l’homme qui gisait sur la route. Il souligne alors le fait que le vrai prochain est celui qui le prouve par des actes de sollicitude.
Un ami dont j’écoutais les précieux conseils m’a dit un jour : « Nous devons avoir assez d’amour pour nous préoccuper des autres, nous sentir concernés. » Et Dieu nous montrera comment agir.
A l’époque, j’y ai vu, non pas une incitation à être importun bien sûr, mais l’importance qu’il y a à regarder autour de soi et à faire tout son possible pour atténuer les problèmes du monde. Jusque-là, je n’avais pas compris qu’aimer assez les autres pour se préoccuper de leur bien-être veut dire donner des marques d’attention aussi bien à ses amis, à sa famille, aux membres d’église que l’on côtoie, qu’à l’étranger devant lequel, si souvent, on « passe sans s’arrêter ».
Nous montrons un amour sincère pour Dieu en étant capables de nous tourner vers ceux qui se sentent accablés par un problème. Exprimant une spiritualité authentique, nous séparons la fausse image inharmonieuse qui se présente à notre pensée de l’image et de la ressemblance pures, parfaites et complètes de Dieu, que chacun de nous est véritablement. Cette vision spirituelle correcte prend le dessus et nous libère de toute réticence à faire preuve de cet amour chrétien et de cette tendre sollicitude dont les autres ont besoin. C’est là ce qui préservera le caractère « chrétien » de la Science Chrétienne et permettra à ceux qui nous entourent de se sentir tendrement aimés.
Karl Sandberg
Invité de la rédaction
Paru d'abord sur notre site le 27 novembre 2017.
