Quand j'étais enfant, aucun arbre n'était à l'abri de mes tentatives de conquête. J'aimais les défis que m'offrait leur escalade. Si je n'y arrivais pas du premier coup, je recommençais plus tard. Je considérais tout obstacle rencontré en grimpant à un arbre comme une difficulté intéressante à surmonter, et j'avais toujours en tête la victoire finale. Le fait que je n'avais pas encore pu classer tel ou tel arbre particulier dans la catégorie « mission accomplie » n'était jamais unmotif de découragement, mais je me réjouissais à chaque fois d'avoir une nouvelle occasion de réussite. J'ai par la suite constaté qu'il en est ainsi de toute chose exigeant que nous fassions preuve de patience et de fidélité, tandis que nous progressons spirituellement pour résoudre un problème.
Or, parfois nos défis actuels ne ressemblent pas à nos aventures enfantines. Certaines situations semblent si décourageantes que nous nous demandons si nous verrons unjour la guérison ou même quelque amélioration. Nous nous disons peut-être que, malgré toutes les prières que nous avons faites pour trouver une solution, malgré tout ce que nous avons mieux compris, l'issue reste incertaine. Ces doutes ne viennent toutefois pas de l'Entendement divin: ils ne sont que la manifestation de l'entendement mortel aux abois. La lutte pour surmonter ces craintes n'est qu'une nouvelle étape dans notre ascension, une étape que nous sommes sûrs de pouvoir conquérir et de laisser derrière nous, puisque « le progrès est la loi de Dieu, loi qui exige de nous seulement ce que nous pouvons certainement accomplir » (Science et Santé, p. 233). Lorsque nous faisons pleinement confiance à la Science spirituelle du bien, nous constatons que nous n'avons jamais quitté les bras de l'Amour divin, nous redécouvrons notre âme d'enfant et nous comprenons que nous sommes de toute éternité en sécurité, entourés de Sa sollicitude. Le verset biblique suivant résume bien tous les doutes et toutes les hésitations qui nous viennent: « Nous espérions la paix, et il n'arrive rien d'heureux; un temps de guérison, et voici la terreur! » (Jérémie 8:15) Cependant, la Bible ne serait pas ce livre merveilleux qui nous permet de naviguer sur le fleuve de la vie, si elle ne nous invitait pas—voire ne nous forçait pas—à regarder toute situation une nouvelle fois! Elle ne minimise pas les problèmes qui nous assaillent; elle les affronte tous. Et, en même temps, elle ouvre une fenêtre par laquelle nous pouvons voir chaque problème, chaque situation, sous une perspective différente, une perspective spirituelle. Je trouve que le passage qui suit est une réponse remarquable aux paroles de découragement citées plus haut: « Tournez-vous vers moi, et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre! Car je suis Dieu, et il n'y en a point d'autre. » (Ésaïe 45:22)
Il est légitime et bon d'aspirer à la paix, à la santé, au bien. Néanmoins la Science Chrétienne nous demande de réorienter nos priorités. Tout ce que nous désirons ardemment est en fait ce que nous découvrons lorsque nous nous tournons vers Dieu. Il nous faut lever les yeux, quitter notre façon de penser linéaire qui n'inclut pas le divin. La prière chrétiennement scientifique ne part pas de l'adversité ni du manque. Au contraire, elle contemple le monde depuis le pinacle de la Vie et de l'Amour parfaits. Un cantique l'exprime en ces termes: « Allons de gloire en gloire, / de plus en plus fortifiés... » (Frances R. Havergal, Hymnaire de la Science Chrétienne, n° 65, trad. litt.)
Si nous adoptons ce mode de pensée, nous en arrivons à des conclusions différentes, comme lorsqu'on découvre le paysage du sommet d'un arbre. Au lieu de nous arrêter à l'idée que nous avons besoin d'être sauvés ou libérés de quelque désastre, nous voyons Dieu et ressentons davantage Son pouvoir salutaire dans notre existence. Et Dieu ne nous demande pas simplement de ne pas craindre; Il nous dit pourquoi nous n'avons pas à être inquiets: « Car je suis avec toi... » (Ésaïe 41:10)
Si nous essayons de nous améliorer ou de guérir, et perdons de vue le fait que Dieu est avec nous, nous sommes assaillis par la crainte et le doute, parce que notre prière se base sur une sorte de foi aveugle, qui n'offre aucune raison d'espérer et qui limite nos efforts. Or, si nous nous tournons d'abord vers Dieu comme étant Tout, nous découvrons la présence concrète du Divin, la raison qui nous permet d'être confiants et sans crainte, quel que soit le besoin. Notre intention ne doit pas être de nous débarrasser de la maladie ou d'obtenir quelque chose dont nous pensons manquer, mais de connaître Dieu, de Le connaître en tant qu'Amour et Vérité. Quel que soit le besoin, il s'agit toujours en réalité de sentir présente dans notre cœur la plénitude de la Vérité. Commencer ainsi, c'est s'élever à une forme de consécration désintéressée pour l'Ego divin, qui s'exclame: « Ô mon Dieu, c'est uniquement une affaire entre Toi et moi! » À partir de là, tout problème a une solution.
Cette nouvelle perspective sur les difficultés auxquelles nous devons faire face nous amène à une constatation extraordinaire: ce qui est « dissemblable » à Dieu, à la Vérité, n'est rien d'autre qu'un mensonge au sujet de Dieu et de Sa manifestation, de l'homme et de la femme qu'Il a créés, qu'Il garde « comme la prunelle de son œil » (Deutéronome 32:10). L'injonction « tournez-vous vers moi » est ainsi une invitation à détourner le regard de tout ce qui est différent de l'unique Dieu infini. La Bible et Mary Baker Eddy, son interprète inspirée, nous montrent la nécessité de considérer comme un mensonge tout ce qui ne correspond pas à la norme d'excellence de Dieu. Quel don nous fait là le vrai christianisme lorsqu'il nous montre que nous n'avons pas à craindre un mensonge, parce que ce n'est qu'un faux argument prétendant que la Vérité est absente!
Récemment, une guérison m'a permis d'approfondir certaines de ces idées. Pendant plusieurs mois, j'ai eu un problème à un genou. J'éprouvais subitement de violentes douleurs, et souvent je devais m'appuyer contre un mur pour me remettre d'aplomb. En outre, je craignais que le simple fait de bouger n'aggrave mon état. Un jour, alors que je faisais des courses, la douleur est revenue de façon si soudaine et avec une telle force que mes mouvements s'en sont trouvés considérablement limités. Je me suis arrêté, et la crainte s'est insinuée dans ma pensée. Tout cela me paraissait totalement anormal. Ce moment s'est en fait avéré décisif dans la guérison. J'ai prié pour savoir ce que je devais comprendre, et la réponse a été claire: « Reconnais ce problème comme étant un mensonge. Ne le considère comme rien d'autre qu'un mensonge. Ce n'est pas quelque chose à réparer, dont tu dois te débarrasser ou devant quoi il faut t'incliner. Ce n'est qu'un mensonge. »
Après ce changement de perspective, je me suis senti plein d'inspiration. Les pensées négatives ont fait place à la gratitude envers Dieu et à l'amour qu'Il me manifestait. La mobilité innée et irréversible qui m'appartenait, puisque je faisais partie de la création spirituelle de Dieu, constituait la vérité essentielle de mon identité. Je me suis rendu compte qu'un mensonge, reconnu comme frauduleux, nous demande de porter notre attention toute entière sur la vérité, puisque ce mensonge est en fait une inversion de la vérité. Si nous ne nous soumettons pas à la tromperie des sens matériels, nous découvrons que, là même où la douleur ou quelque autre discordance semble s'être emparée de nous, la Vérité, la Vie et l'Amour maintiennent l'accord spirituel entre Dieu et l'homme. Et en même temps, lorsque nous nous tournons vers Dieu, le gouverneur du royaume spirituel dans lequel nous vivons, nous reconnaissons que l'erreur, le mensonge, n'est rien! J'ai décidé de continuer de marcher, un pas après l'autre, remerciant Dieu tout le long du chemin qui me menait chez moi. La crainte que j'éprouvais au sujet de mon genou n'avait plus aucune importance. Et, en peu de temps, ce problème a disparu de manière permanente.
J'ai mieux compris à quel point il est important de ne jamais commencer par le problème pour l'éradiquer, mais toujours par Dieu. En prenant conscience de Sa présence, j'ai retrouvé mon inspiration, ma santé et mon sens de l'équilibre. Louer Dieu pour tout ce qui est vrai à Son sujet, pour le fait qu'Il est Amour, pour la perfection qu'Il exprime en nous, illumine nos prières scientifiques lorsque nous avons besoin de renouveau et d'espoir. Être rempli d'une joyeuse gratitude, c'est voir spirituellement, et cette gratitude nous baptise dans notre nature divine, en nous la révélant. Elle confirme notre coexistence avec la Vie et « met l'immortalité en lumière » (Science et Santé, p. 336). C'est là une faculté naturelle et innée que nous possédons tous, un instrument puissant qui nous permet de nous débarrasser de la terrible croyance que nous sommes à la fois bons et mauvais, spirituels et matériels.
En luttant contre la croyance que nous sommes coupés de l'inspiration qui nous vient de Dieu, nous pouvons commencer par explorer plus profondément le « summum du bien [qui] est le Dieu infini et Son idée » (Science et Santé, p. 103). Nous commençons tout naturellement par réfuter le sentiment que nous sommes des pécheurs ou des victimes, et par accepter notre statut d'enfants bénis de Dieu.
La prière chrétiennement scientifique ne part pas de l'adversité ni du manque. Au contraire, elle contemple le monde depuis le pinacle de la Vie et de l'Amour parfaits.
Décider d'ancrer notre existence et nos pensées du côté de la Vérité et de ses manifestations, dans notre vie quotidienne, c'est aussi décider de voir que toute limite est un mensonge, et de renoncer à tout ce qui se rattache à ce faux concept. C'est vivre dans la grandeur de la perspective qui se révèle à nous lorsque nous nous tournons vers Dieu avec cœur plein de gratitude. Et c'est voir s'accomplir la promesse de l'Évangile: « À Dieu tout est possible. » (Matthieu 19:26)