aime les couleurs. Ce n'est pas une artiste, mais une praticienne de la Christian Science sensible au charme et à la beauté de son environnement. « La couleur est Ame ! C'est une forme d'expression qui fait partie de mon individualité », déclare-t-elle après que je me suis extasié en découvrant la diversité des tons qui égayent son appartement bostonien, au deuxième étage de Commonwealth Avenue.
Mais la couleur s'exprime avant tout dans son sourire radieux, son regard chaleureux et sa voix calme et rassurante. Elle me parle de son passé et de sa vie consacrée à la guérison.
« J'ai grandi dans le sud de Chicago. Devenue adulte, j'ai cessé d'aller à l'église et j'ai eu de nombreux problèmes. J'ai pris de la marijuana pendant deux ans, raconte-t-elle. J'avais 25 ans et élevais seule mes enfants. Ma vie entière a changé quand j'ai été guérie de cette dépendance à la drogue. Je voulais être utile à l'humanité, donner quelque chose au monde en retour. J'étais guérie ! J'étais au service de Dieu, et je voulais Le servir de toutes les façons possibles. »
Cynthia Neely désirait aider les autres à guérir comme elle-même avait guéri en lisant Science et Santé, le livre fondamental de Mary Baker Eddy. Cela se passait en 1973. En 1988, après douze années pendant lesquelles elle a d'abord suivi une formation de garde-malade de la Christian Science puis exercé son métier dans diverses parties des États-Unis, C. Neely s'est fait connaître dans le Christian Science Journal comme praticienne de la Christian Science à plein temps. L'année suivante, elle a ouvert un bureau dans le quartier chinois de Chicago. En tant que membre du Conseil des conférences de la Christian Science, elle a donné des conférences à partir de 1991. En décembre de la même année, le Conseil d'instruction de L'Église Mère l'autorisait à donner un cours annuel pendant lequel elle allait apprendre à d'autres à guérir selon les principes de la Christian Science.
Dans l'un des Psaumes, nous lisons: « Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. » (Psaume 46:2) Beaucoup de gens se demandent sans doute si cela peut être vrai – vrai pour eux !
Dès le début, quand j'ai été guérie de la dépendance à la drogue, la présence de Dieu est devenue pour moi quelque chose de tout à fait tangible. Ce n'était plus un Dieu éloigné. Il était à mes côtés, Il pouvait m'aider de façon très concrète et m'apporter le réconfort là même ou j'étais.
Après cette première guérison, j'ai toujours su qu'il s'occupait de moi. Je me suis rendu compte de Sa présence bienveillante, et Il n'a cessé de me le prouver.
Quiconque fait appel à Dieu découvrira à son tour qu'il est un refuge. Il découvrira cette douce présence, le Consolateur, qui calme la tempête.
Vous dites « Il » en parlant de Dieu. Qu'est-ce que Dieu pour vous ?
Je pourrais tout aussi bien dire « Elle ». J'utilise de nombreux termes pour désigner Dieu. Pour moi, « Il » signifie « Père » et symbolise le Dispensateur, le Protecteur. « Elle » représente la présence du réconfort, des qualités maternelles, de la douceur, de la sollicitude et de l'amour. A certains moments, je pense à Dieu comme mon Père et à d'autres comme ma Mère. Et puis il y a aussi des moments où je pense à Dieu comme Père-Mère. Tout dépend de la situation du jour. Si je recherche le réconfort, Sa présence maternelle me rassure. Si j'ai besoin d'être protégée, je fais appel à sa présence paternelle. Quand j'ai besoin en même temps de réconfort et de protection, je les trouve tout près de moi.
Mary Baker Eddy propose de nombreux termes ou concepts pour Dieu. Elle donne notamment sept synonymes. (Voir Science et Santé, p. 465) Mais il semble que le terme « Père-Mère » vous est particulièrement cher.
Comparé à d'autres noms pour désigner Dieu, Père-Mère a pour moi davantage de couleur, une signification plus profonde, qui me rassure et me fait mieux sentir Sa présence. Mais chaque nom servant à désigner Dieu est particulier ! « Entendement », l'un des sept synonymes, me fait penser à l'intelligence, à la sagesse et aux instructions divines infaillibles. « Ame » m'évoque la couleur, la créativité de Dieu sous ses multiples facettes, la beauté et l'harmonie qui transparaissent dans notre existence. Lorsque je suis devenue conférencière, I'« Amour » a pris une très grande importance pour moi. Je voulais exprimer l'amour de Dieu dans chacune de mes conférences. J'ai compris que c'est l'amour de Dieu qui produit la guérison. Il me fallait faire en sorte d'être tout à fait transparente pour l'Amour.
Chacun de nous s'intéresse plus particulièrement à tel concept de Dieu au cours de sa vie. On cherche à l'affiner, à l'approfondir pour ensuite le vivre. C'est un peu comme s'en revêtir. On peut se demander par exemple: « Si je portais le vêtement de l'Amour aujourd'hui, quel serait mon comportement ? » La réponse pourrait être: « Je ferais preuve d'indulgence, de patience, de “grâce”. Ces mots sont très puissants. Pensez à la grâce de l'Amour ! Elle est sans offense, elle n'est que pardon. Et que dire de la patience de l'Amour ! Elle ignore la précipitation, elle n'est que grâce. Lorsque l'on porte le vêtement de l'Amour, on est à l'écoute de celui qui a des problèmes. On n'hésite pas à s'interrompre dans ses occupations pour l'écouter. On met le moi de côte, comme pour dire: « Vous avez toute mon attention. Je suis à votre disposition. » Pour moi, c'est cela la patience et la grâce.
Pour guérir quelqu'un, il me faut affirmer ce lien avec l'Amour, de façon à ce que, lorsque je décroche le téléphone, la personne ressente aussitôt l'amour. C'est l'Amour qui va la rendre libre. Non pas une conception humaine de l'amour, mais le sens spirituel de l'amour impartial de Dieu envers l'humanité, envers Ses enfants.
Pourriez-vous nous donner un exemple montrant comment l'Amour guérit, conformément à votre attente, quand une personne vous demande de l'aide ?
Eh bien, je me trouvais un jour à Trinidad, au bord de la mer. Une femme m'a appelée sur mon portable. Elle était enceinte de six ou sept mois et se sentait très mal. Je lui ai dit que j'allais prier. C'est ce que j'ai fait. Un quart d'heure plus tard, elle m'a rappelée pour m'annoncer qu'elle allait bien.
J'ai prié non pas au sujet du problème même, mais de sa gravité. Comme elle était enceinte, je savais qu'elle s'inquiétait non seulement pour sa vie mais aussi pour celle du bébé.
La crainte...
Absolument. C'est pourquoi j'ai pensé à la mère et à l'enfant, en tenant compte des craintes que la mère pouvait avoir pour son enfant et pour elle-même. Mais je n'ai rien fait personnellement. J'ai laissé Dieu chasser la crainte. La Bible dit: « La crainte n'est pas dans l'amour, mais l'amour parfait bannit la crainte. » (I Jean 4:18) Je savais que Dieu était « Tout », que l'Amour était « Tout », si bien que rien de ce que redoutait cette maman n'était en train de se produire réellement. Jamais ma conviction n'avait été aussi forte. C'était une prise de conscience instantanée du fait que Dieu était Tout. Dieu était Tout, il n'y avait rien à ajouter. Lorsqu'elle m'a rappelée, je n'étais donc pas surprise.
Abordons la question très préoccupante de nos jours du terrorisme. Dieu peut-ll être « un secours qui ne manque jamais » avant la détresse ? »
On peut être terrorisé de multiples façons et par toutes sortes de personnes. Je pense, par exemple, à la peur que suscite Oussama ben Laden, ou même seulement un chef de service, dans le cadre du travail, ou encore un conjoint violent à la maison. On pourrait multiplier les exemples de ce genre, ils se ramènent toujours à une grande frayeur qui empêche de voir que Dieu est « un secours qui ne manque jamais dans la détresse ». Mais quand on apprend un tant soit peu à connaître Dieu, la crainte disparaît, et l'on trouve refuge dans Ses bras.
Je vais vous donner un exemple concret qui me touche de près. Pendant des années, mon ex-mari m'a maltraitée. Par la suite, je me suis demandé comment je me sentirais si je devais le croiser dans la rue. Une fois, j'ai pris le bus, dans le centre de Chicago, pour rentrer chez moi. Quelques stations plus loin, il est monté dans le bus à son tour. Il est passé devant moi sans me voir. J'ai pensé alors que Dieu me montrait qu'il était mon bouclier, ma haute retraite.
J'ai souri intérieurement en descendant de l'autobus. J'ai souri et poussé un soupir de soulagement avec la certitude, à nouveau, que Dieu prenait soin de moi. Sa présence me protégeait. J'ai compris que, quel que soit l'endroit où pouvait se trouver mon ex-mari, je serais toujours en sécurité.
Mais j'ai également compris qu'il me fallait le voir différemment. Quand on est terrorisé par des gens violents ou des criminels, ce qui doit changer, c'est la façon dont on considère ces personnes. Regarder les autres différemment, c'est se regarder soi-même différemment. C'est la même chose. Depuis ce jour, l'image que j'avais de mon ex-mari a changé du tout au tout. Si je devais le rencontrer dans le bus aujourd'hui, je lui dirais: « Salut ! Comment vas-tu ? » Et il me répondrait: « Ça va, et toi ? »
Vous dites qu'il faut voir les autres différemment. De quelle façon ?
Je voyais en mon ex-mari une personne capable de me nuire, de me faire du mal. Quelqu'un qui voulait me blesser ou qui ne pouvait contrôler ses pensées, sa colère. Je me considérais moi-même comme une femme fragile et faible. Il me fallait changer ces deux images. Je me suis mise à nous considérer comme frère et sœur. C'est ce que je lui ai dit un jour où je l'ai revu.
Vous avez le même Père-Mère.
Absolument. C'est ce que je lui ai dit également ce jour-là. « Je sais que c'est la façon dont tu me vois », m'a-t-il répondu. « Ne me considères-tu pas de la même façon, toi-même ? » lui ai-je demandé. Et il a répondu: « Non, mais je ne peux t'empêcher de me voir comme ça. » Il a donc entrevu que je le considérais d'un point de vue spirituel alors que lui me voyait d'un point de vue matériel. C'est pourquoi il m'a dit: « Je te vois comme une femme, comme mon ex-femme. Mais tu as une meilleure image de moi. » Il l'a reconnu. J'ai compris que c'était là ma protection. Mais n'est-ce pas une protection pour tout le monde ?
Cela a été une grande leçon d'humilité. J'ai cédé à Dieu. Avec confiance, j'ai remis ma sécurité entre les mains du Père-Mère. En fait, il s'agit toujours du même conflit: ou bien on agit en fonction d'une volonté personnelle, selon ses propres voies, ou bien on obéit à la volonté de Dieu, on adopte Ses voies. Dans le second cas, la solution qui se dessine est bonne pour tout le monde.
Pour moi, avoir de la considération et faire le bien sont une seule et même chose. C'est une façon de reconnaître l'intégrité et la dignité d'autrui. Parfois, on n'en est pas capable, car on a une mauvaise image de soi. Mais quand on commence à discerner le bien qui est en soi et à l'apprécier, on est capable de le voir et de l'apprécier aussi chez un autre. Même si la personne ne s'en rend pas toujours compte ou ne le comprend pas, cette façon de voir ne reste pas sans effet.
Voir la bonté chez les autres, reconnaître leur nature divine a le pouvoir de guérir.
Exactement. Cela met fin aux guerres. Tôt ou tard.
Cela met fin aux conflits familiaux, aux combats physiques contre la maladie et les infirmités, cela peut mettre fin aux guerres internationales. Nous avons donc tous un rôle à jouer pour faire diminuer le terrorisme dans notre existence quotidienne.
Exactement !
Comme nous le disions au début de cet entretien, Dieu est notre appui, « un secours qui ne manque jamais dans la détresse ».
Absolument. Mais cela n'a rien à voir avec un sens personnel de sécurité. Nous ne serons jamais à l'abri si chacun a sa zone de sécurité personnelle, son propre filet de protection. Nous sommes en sécurité quand nous comprenons que la sécurité est universelle. Nous avons tous Un seul Père, une seule Mère.