Mme est praticienne et professeur de la Christian Science à Kansas City, dans le Missouri, aux États-Unis. L’article qui suit est le fruit d’un entretien qu’elle a eu avec la rédaction du Christian Science Journal.
« Je suis “née dans la Christian Science” comme on dit. Mais bien entendu, on ne naît pas scientiste chrétien pas plus qu’on ne naît violoniste.
« J’ai eu des moniteurs d’école du dimanche formidables, j’ai été membre d’une merveilleuse église filiale et j’ai vu la Christian Science à l’œuvre, ce qui est un avantage certain. Alors on pourrait dire que j’ai grandi dedans, mais il a quand même fallu que je la découvre par moi-même. »
Elle était adolescente lorsque, pour la première fois, quelqu’un lui a demandé de l’aide par la prière. « Quand j’étais au lycée, j’ai invité une de mes amies à venir avec moi à l’école du dimanche. Cela lui a beaucoup plu. Un jour, elle m’a confié qu’elle avait très mal au ventre et qu’elle ne voulait pas que ses parents l’emmènent chez le médecin. Alors, elle m’a demandé de prier pour elle. Chaque après-midi, après les cours, nous parlions de la Christian Science. Elle a eu une guérison impressionnante, et la joie qui en a découlé était extraordinaire. C’est là que j’ai réalisé qu’un jour ou l’autre, je ne garderais plus la Christian Science pour moi toute seule, mais que je la ferais connaître à tout le monde. Ce fut une joie d’en parler autour de moi. »
Au cours des années, d’autres amis lui ont demandé de l’aide et sa pratique a grandi peu à peu. « Un jour, je me tenais dans l’entrée de la maison et j’ai prié ainsi: “Père, si c’est ce que Tu veux que je fasse, dis-le moi.” Juste à ce moment-là, le téléphone a sonné. Et j’ai pensé: “Pas si vite! Je voulais juste dire que j’étais prête à le faire!” Les gens ont commencé à m’appeler parce qu’ils savaient que j’aimais cette Science, que je m’appuyais sur elle et que j’avais confiance en Dieu.
« J’avais beaucoup à apprendre. Il y a des jours où on prie pour un patient, où on est très sûr de la vérité et où on attend avec impatience que le patient appelle. Et puis il appelle pour dire: “Je vais encore plus mal.” Il faut parvenir à ne pas se mettre au niveau du problème, à ne pas croire que le problème, est réel ni à croire que le patient croit que le problème est réel. Cela exige une discipline de la pensée. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de travail mental.
« Il faut effectivement discipliner sa pensée pour ne pas se laisser abuser par les suggestions de l’entendement mortel: la maladie, les limitations, la douleur, l’âge, etc. Vous savez, chacun de nous est spirituel, parce que la matière est totalement irréelle. Mais il faut bien faire la distinction entre ce qui est réel et ce qui est irréel. Quelquefois, cela vient instantanément, d’autres fois cela exige une discipline de la pensée. Autrement dit, il faut s’exercer. Quand on apprend à piloter un avion, on travaille l’atterrissage et le décollage. Quand on apprend à nager, on boit un peu la tasse. Il faut toujours continuer à faire les mouvements, mais cela devient de plus en plus naturel.
« Hamlet dit: “Être prêt, c’est tout.” David était prêt pour Goliath, parce qu’il avait l’assurance que lui donne la vérité, et il n’a eu besoin que d’une seule pierre pour vaincre son ennemi (voir I Sam., chap. 17). Lorsque les problèmes se présentent à nous, ils ressemblent effectivement à des géants par les menaces qu’ils font peser. Ils prétendent avoir un passé de méfaits et un potentiel de nuisance. Or, une seule idée juste compensera toutes ces difficultés, parce que le mal n’a rien pour le soutenir.
« J’ai appris à donner un traitement tout de suite, où que je sois, On n’a pas besoin de s’asseoir dans un fauteuil confortable pour connaître la vérité spirituelle à propos d’une situation quelconque. Une fois, alors que je rentrais chez moi et que j’attendais le bus, j’ai été assaillie par une terrible douleur. Je me suis dit: « Dès que j’arrive à la maison, je vais prier pour cela. » Puis j’ai pensé: « Si je vais être spirituelle et libre de toute douleur à ce moment-là, je le suis aussi maintenant, alors pourquoi attendre? » Je suis montée dans le bus, il était plein et je devais me tenir à une poignée. J’ai affirmé mon unité avec Dieu, et j’ai été guérie dans le bus.
« Jésus n’a jamais dit à personne dans la foule: “Attends que j’arrive dans un endroit confortable, et là je saurai la vérité à ton sujet.” Il nous a donné l’exemple, et nous le suivons en nous appuyant sur Dieu. La vérité est opérationnelle, que vous dormiez ou que vous soyez éveillé. Dieu ne dort jamais. Donc, la vérité est toujours la vérité.
« Les gens n’arrêtent jamais de penser, alors autant qu’ils pensent à la vérité. La Bible explique clairement que le but est de rendre toute pensée conforme au Christ (voir II Cor. 10:5) –pas une pensée sur deux–et cela demande beaucoup. C’est une discipline, et on peut s’y exercer quelle que soit l’activité du moment.
« Je voyageais en avion un jour, et comme le vol était à moitié vide, je me suis dit: “Je vais pouvoir m’installer confortablement et prendre le temps d’étudier la Christian Science.” J'ai donc sorti mes livres (la Bible et Science et Santé). L’une des hôtesses était scientiste chrétienne. Elle ne me connaissait pas et ne savait pas que j’étais dans la pratique publique de la Christian Science. Mais elle est venue me voir en disant: “Je me sens vraiment très mal. Est-ce que je peux m’asseoir ?” Comme je l’ai dit, elle ne savait pas que j’étais dans la pratique. Elle savait simplement que j’étais scientiste chrétienne. Nous avons prié ensemble et elle a été guérie.
« La pratique de la Christian Science ne consiste pas à s’asseoir dans un bon fauteuil, à se contenter de lire un livre et d’espérer que ça va aller. La Christian Science n’est pas un sport auquel on assiste sans participer. C’est un travail de production. Il faut qu’elle ait la discipline d’un travail de production. Et il arrive qu’il faille faire preuve de persévérance. Tout le monde prie pour obtenir une guérison instantanée. Tous les praticiens ont eu des cas où la guérison s’est produite avant même qu’ils aient le temps d’écrire le nom du patient. Et tous les praticiens ont eu des cas où ils ont dû se montrer persévérants.
« S’attendre au bien, c’est la clé. Quand on parvient à s’attendre constamment à voir que la Parole de Dieu est déjà manifestée, cela accélère la guérison. On s’attend à voir la perfection. On sait que le patient va bien, on s’attend à ce que le patient sache qu’il va bien, parce que c’est ce qui se passe réellement. Et la guérison, ce n’est rien d’autre que le pouvoir de Dieu reflété.
Ma prière pour les patients ne consiste pas simplement à savoir qu’ils vont bien, mais à affirmer qu’eux aussi savent qu’ils vont bien.
« Je n’accepte les cas qu’au jour le jour, parce que je m’attends à ce que le traitement guérisse le jour même. Je ne dis pas “D’ici le week-end, vous irez bien.” On ne se regarde pas dans la glace en se disant: “Je verrai mon reflet jeudi.” Ma prière pour les patients ne consiste pas simplement à savoir qu’ils vont bien, mais à affirmer qu’eux aussi savent qu’ils vont bien, qu’ils sont capables de chasser l’erreur et de guérir les malades.
« Le traitement par la Christian Science ne rend pas l’erreur, ou le mal, irréelle; l’erreur est déjà irréelle. Par conséquent, le praticien affirme la vérité quant à la perfection du patient et à son incapacité d’être malade, parce que ce sont des faits véridiques. Le praticien ne nie pas l’existence du mal pour changer quelque chose. Le praticien de la Christian Science nie l’existence du mal parce que la totalité de Dieu exclut le mal. Nous lisons dans Science et Santé: “Dépouiller la pensée des faux appuis et des manifestations matérielles afin que les faits spirituels de l’être apparaissent, telle est la grande réalisation grâce à laquelle nous ferons disparaître le faux pour faire place au vrai.” (p. 428)
« Le monde n’est pas quelque part là-bas. Il est dans ma conscience, c’est mon univers. Mon univers, c’est ma pensée extériorisée. Et c’est à moi de faire face aux choses, qu’elles se passent chez moi ou ailleurs. Si je les ai incluses dans ma conscience, je dois “dessiner” sur elles des “pensées de santé, non de maladie” (voir ibid., p. 208), pour reprendre les termes de Mary Baker Eddy. Et je dois faire cela aussi pour le monde et pour mon église.
« Toutes les autres religions croient à la réalité de la matière. Ce qui différencie notre position, c’est l’irréalité de la matière. Mary Baker Eddy écrit: “Dans l’univers de la Vérité, la matière est inconnue. Aucune supposition d’erreur n’y pénètre.” (ibid., p. 503) Alors nous nous réjouissons dans la totalité de Dieu et de Son expression.
« Qu’est-ce que je crois quand je donne un traitement ? Je crois que le patient va bien et qu’il saura ce qui nourrira le mieux ses pensées. “La Vérité est le remède de Dieu contre l’erreur quelle qu’en soit la nature, et la Vérité ne détruit que ce qui n’est pas vrai.” (ibid., p. 142) J’affirme que vous allez savoir “ce qui favorise le plus votre développement” (voir ibid., p. 266)
« Je prends conscience du fait que Dieu est l’Entendement du patient et le mien aussi. Je ne détiens pas un monopole. Et cet Entendement donnera au patient le fait contraire spirituel permettant d’éliminer la contrefaçon, c’est-à-dire la maladie ou toute autre chose qui lui faisait croire qu’il peut être séparé de l’amour de Dieu. Et ce fait contraire “... efface de l’entendement des malades la croyance erronée...” (Voir Mary Baker Eddy, Rudiments de la Science divine, p. 12) Il l’efface!
« Il ne s'agit pas de prier pour informer Dieu de quelque chose ou pour Lui arracher une réponse. En réalité, il n’y a rien à faire à la situation elle-même pour la changer. Cependant, le patient et le praticien doivent voir les choses telles qu’elles sont réellement: c’est-à-dire d’un point de vue spirituel, qui est le point de vue réel. Mary Baker Eddy a écrit: “Croire à un mensonge voile à notre vue la vérité...” (Voir Écrits divers, p. 62) Que me demande-t-elle de faire ici? Arrête de croire au mensonge, et tu verras ce qui a toujours été là: Dieu parfait, homme parfait.
« Un grand nombre de choses sont capables d’élever la pensée en lui faisant prendre conscience de la présence et de la totalité de Dieu. Vous regardez par la fenêtre, et vous voyez le renouveau de la vie dans les plantes et les arbres. Cela élève votre pensée. Ou bien un cantique vous revient en mémoire. L’individualité de la Vérité se présente de différentes manières et à différents moments pour élever la pensée. Quelquefois on se souvient de quelque chose qu’on a entendu il y a des années. Ces pensées remplies d’espoir et élevées favorisent la guérison et vous encouragent à aider les autres.
« Mon mari et moi étions clients dans une boulangerie dont la vendeuse était toujours de mauvaise humeur. Un jour, je lui ai demandé le prix de quatre gâteaux à la cannelle et elle m’a répondu: “Tous les clients qui viennent ici savent que nous les vendons par six, pas par quatre. Vous devriez le savoir depuis le temps!”
« J’en ai acheté six, et quand je suis sortie, j’ai dit à mon mari: “Cette vendeuse est vraiment grognon.” Et il m’a répondu: “C’est formidable qu’elle ait rencontré une scientiste chrétienne!”
Le patient et le praticien doivent voir les choses telles qu’elles sont réellement: c’est-à-dire d’un point de vue spirituel, qui est le point de vue réel.
« A partir de ce moment, avant d’entrer dans la boulangerie, j’ai toujours affirmé ce qui était vrai au sujet de la vendeuse, c’est-à-dire sa perfection et son statut d’enfant de Dieu. Un jour, j’étais la seule cliente dans la boutique. Elle me dit: “Je suis bien contente que nous soyons seules. Je voulais vous parler, parce que vous êtes toujours gentille avec moi. Je suis très malade. Je dois m’accrocher au comptoir pour servir les clients. Qui est votre médecin?” Et je lui réponds: “Je suis scientiste chrétienne. Mon médecin, c’est Dieu.” Et elle m'a dit: “Estce que vous pourriez m’en dire plus?” C’est ce que j’ai fait, et je suis allée chercher un Science et Santé. Plus tard, elle est partie s’installer dans une autre région, mais elle m’a parlé du livre plus d’une fois en me disant qu’il l’avait beaucoup aidée.
« Donc, vous voyez, c’est dans cette boulangerie qu’elle a trouvé la Christian Science. Et cette expérience m’a appris à ne pas voir une femme désagréable. Elle ne se sentait pas bien, voyez-vous, et elle travaillait dur pour gagner sa vie. Cette vendeuse m’a rappelé que partout où nous allons il est important de voir les fils et les filles de Dieu, non pas des mortels, qu’ils soient malades ou bien portants. »
Connue pour avoir beaucoup d’esprit, Mme Hebenstreit introduit de l’humour même dans des sujets sérieux. « Oui, la Christian Science est une joie et les scientistes chrétiens sont joyeux. Qu’il prenne la forme de la dépression ou de la méchanceté, le mal n’aime pas l’atmosphère de la joie. Nous lisons dans la Bible: “Un cœur joyeux est un bon remède.” (Prov. 17:22) »
