: Paco, lorsque tu étais adolescent, estce que c'était quelque chose de naturel pour toi d'aller à l'église ?
Paco Garcia: Non, sauf pour des cérémonies auxquelles j'étais invité par des amis: baptême, mariage, etc. Pour moi, le mot église à cette époque-là, je dirais avant l'âge de 20 ans, ça voulait dire essentiellement une pratique religieuse qui ne m'attirait pas. Tout cela me paraissait plutôt détaché de la vie de tous les jours.
L.J-D.: Est-ce que tu étais quelqu'un de spirituel?
P.G.: Avec le recul, je pense que je cherchais la vérité inconsciemment, bien que pas toujours dans de bonnes directions. Quand on est adolescent, on essaie des tas de choses, des tas de voies. Par exemple, j'ai lu des choses à contenu existentiel ou philosophique. A ma façon j'étais un chercheur.
L.J-D.: Est-ce que tu cherchais Dieu ?
P.G.: Je ne crois pas qu'à l'époque j'aurais appelé cette recherche Dieu, mais fondamentalement c'était ça.
L.J-D.: Est-ce que tu as trouvé quelque chose qui t'a fait changer ta conception des choses par rapport à l'église ?
P.G.: Il s'est passé quelque chose dans ma conscience quand j'avais une vingtaine d'années. Je faisais mon service militaire, j'étais donc loin de ma famille et de mes amis, et j'ai pris du recul. J'ai commencé à me poser des questions de fond, je voulais connaître le sens de la vie, savoir où j'allais. Je sentais inconsciemment qu'il devait y avoir quelque chose de plus qu'un quotidien plutôt morne. L'idée m'est venue, parmi d'autres choses, de lire la Bible. Beaucoup de gens en parlaient, ce livre semblait important. Pour moi c'était nouveau. Lors de cette lecture, j'ai fini par acquérir la certitude que le christianisme était la vérité, que c'était quelque chose de beau, rempli d'amour, et que ce n'était pas l'idée que je m'en faisais auparavant. Pour moi, le christianisme était devenu une réalité disponible, une révélation énorme. J'étais comme un marin errant qui découvrait un continent.
Puis un jour je me promenais dans les rues de Pau, et j'ai vu un livre dans une vitrine avec des mots soulignés. Ce n'étais pas courant, alors je me suis approché pour voir de quoi il s'agissait, et j'ai lu des passages dans ce livre. J'ai su immédiatement que c'était ça la vérité qui m'avait effleuré. C'était comme si je reconnaissais quelqu'un que j'avais vu dans une foule. Je suis rentré et j'ai acheté le livre, qui s'est avéré être Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy.
L.J-D.: Et qu'est-ce que tu as fait avec ce livre?
P.G.: Je me suis plongé dedans. J'étais vraiment fasciné par cette lecture. Je ne comprenais pas forcément tout, mais je sentais que j'avais touché quelque chose de fort. Il me semblait que ça répondait tout à fait à ce que j'attendais. Je découvrais la possibilité d'aborder des idées spirituelles que je pouvais rattacher à un univers harmonieux. J'ai vu que la vraie religion était en nous, dans nos pensées, et qu'il y avait une vérité universelle. Science et Santé faisait appel à ma compréhension et me semblait intelligible. Des idées me venaient en le lisant, en réfléchissant, en priant je dirais aujourd'hui, et je sentais que j'utilisais mon sens spirituel auquel faisait référence ce livre.
L.J-D.: Est-ce que tu as su qu'il y avait une Église de la Christian Science ?
P.G.: Oui, mais pendant plusieurs années j'ai préféré cheminer par moi-même. J'ai acheté les autres ouvrages de Mary Baker Eddy, mais j'avais des réticences par rapport à l'idée d'aller dans une église.
L.J-D.: Quelles étaient tes hésitations ou tes craintes ?
P.G.: J'étais quelque peu intimidé par la solemnité du service. Et, en termes d'engagement, je n'étais pas sûr d'être prêt. De plus, toute évolution peut faire peur. Je ne savais pas ce qu'on allait me demander, ni si ma place était là. Et finalement, ça m'a pris des années pour me décider à appartenir à cette église.
Maintenant, je me sens à ma place !
L.J-D.: Quelles sont les raisons qui t'ont décidé à t'engager finalement ?
P.G.: J'ai toujours fait beaucoup confiance à Mary Baker Eddy, parce qu'elle a écrit Science et Santé. Petit à petit je me suis rendu compte que si elle avait pu écrire ce livre, qui à mon sens était une révélation, si elle avait guéri des gens, c'est qu'elle était compétente pour beaucoup d'autres choses, notamment pour mettre sur pied une organisation destinée à protéger tout cela. Peu à peu, la question s'est imposée à moi: cette église, ne serait-ce pas « autre chose » ? Je sentais que ces idées qui m'avaient touché étaient universelles et j'avais le désir de les porter à autrui. J'ai fini par trouver absurde de faire cavalier seul. Je lisais des témoignages de guérison qui montraient l'efficacité de la Christian Science. Je me suis demandé si je n'étais pas en train de me priver de la compagnie d'autres gens qui partageaient les mêmes idées, de leurs exemples, de leurs encouragements, et de la possibilité d'apporter quelque chose. J'ai aussi connu certaines difficultés dans mon existence il y a environ cinq ans, tout en sachant pourtant qu'il y avait moyen d'évoluer pour y échapper, et ça m'a renforcé dans l'idée que je serais plus fort, plus protégé, en appartenant à ce mouvement. De plus je pourrais ainsi contribuer à aider un nombre plus grand de personnes par les idées spirituelles, chose qui me tenait à cœur. J'ai par ailleurs trouvé extraordinaire que ce soit une église sans hiérarchie ecclésiastique. Mary Baker Eddy a instauré comme Pasteur deux livres, la Bible et Science et Santé. Autre chose qui m'a beaucoup aidé à franchir le pas de l'appartenance à l'église c'est la définition que Mary Baker Eddy en donne: « La structure de la Vérité et de l'Amour; tout ce qui repose sur le Principe divin et en procède. » (Science et Santé, p. 583) Ça m'allait parfaitement parce que j'avais très peur d'être enfermé dans un carcan. La définition continue: « L'Église est cette institution qui donne la preuve de son utilité et qui, ainsi qu'on le constate, ennoblit la race, réveille des croyances matérielles la compréhension endormie en l'amenant jusqu'à la perception des idées spirituelles et à la démonstration de la Science divine, chassant ainsi les démons, l'erreur, et guérissant les malades. » (Science et Santé, p. 583) J'aime l'idée que l'église, en tant qu'organisation, doit donner des preuves de son utilité et du pouvoir spirituel. J'ai donc décidé de me joindre à cette église.
L.J-D.: En quoi est-ce que le fait d'appartenir maintenant à une église ne te paraît plus détaché de la vie quotidienne ?
P.G.: Les vérités spirituelles que nous enseigne la Christian Science sont disponibles et praticables à tout moment. On part d'une situation telle qu'on la perçoit, et puis notre compréhension spirituelle nous amène à une autre perception, des possibilités apparaissent et des problèmes se résolvent. Ça ne me suffit pas d'aller au service le dimanche et puis d'avoir une foi qui ne mène pas à la compréhension pratique. Je considère que la Bible et les écrits de Mary Baker Eddy sont comme une carte, et le sens spirituel comme une boussole. En aucun cas cela nous évite de faire le voyage, ni ne nous contraint à le faire autrement qu'en exprimant notre individualité. Cela nous ouvre des possibilités.
Bien sûr, l'appartenance à un groupe implique aussi qu'on fournisse des efforts, qu'on donne de son temps, ce qui me paraît normal. Je pense que c'est une bonne chose pour moi et pour tout le monde. Je me sens prêt à faire beaucoup de progrès, et à contribuer à celui d'autrui. Je me sens à ma place.