Le Monde A rarement été enclin à accueillir le Christ. Il en est de même aujourd’hui comme il y a deux mille ans. En ce temps-là, un homme nommé Jésus fit don au monde d’un amour rédempteur si puissant qu’on l’appela « Christ Jésus ». Mais lorsque Jésus naquit à Bethléhem, il fut accueilli avec froideur. L’auberge locale refusa de donner l’asile à ses parents « parce qu’il n’y avait pas de place pour eux » Luc 2:7.. Marie, la mère de Jésus, dut accoucher dans une étable. C’est ainsi que le Sauveur de l’humanité, acclamé par l’ange de Dieu comme « le Christ, le Seigneur » Luc 2:11., vécut ses premières heures sur terre dans une crèche — une mangeoire pour les bestiaux.
La plupart de ceux qui se rendaient à Bethléhem afin de payer leurs impôts ne savaient pas que le Messie était né. Ils ne remarquèrent pas les prodiges qui annoncèrent son avènement: l’étoile qui brillait au-dessus de l’étable où reposait le petit enfant, et le chœur des anges qui répandaient la bonne nouvelle dans la campagne.
Pourtant des hommes pieux, venus de très loin, virent l’étoile, et des bergers à proximité entendirent le chant des anges. Ces bergers étaient des gens humbles et honnêtes, habitués à veiller et à écouter, parfois toute la nuit, pour entendre les messages de Dieu. Lorsqu’ils apprirent la naissance du Sauveur, ils allèrent aussitôt l’adorer. Puis ils s’en retournèrent en « glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu » Luc 2:20..
Tout au long du ministère de Jésus, ministère qui marqua une ère nouvelle, dans les villes et les villages d’Israël, ce furent seulement les penseurs les plus humbles et les plus réceptifs qui accueillirent le Christ dans leur existence. La plupart n’étaient pas prêts à accepter « le chemin, la vérité, et la vie » Jean 14:6. que prêchait Jésus. Il n’y avait pas de place dans leur cœur pour un guide qui ne recherchait ni prestige ni pouvoir personnels et qui se désintéressait de la théologie traditionnelle. Ils n’avaient que faire d’un Sauveur qui préférait guérir les malades et les pécheurs ou consoler les affligés plutôt que lutter pour la liberté politique. Ils attendaient un Messie qui chasserait les Romains, et non pas quelqu’un qui guérissait par la prière et les enjoignait, d’une voix douce, à aimer leurs ennemis.
Néanmoins, certains accueillirent de tout leur cœur le message simple et direct de Jésus; c’étaient des bergers, des pêcheurs, des collecteurs d’impôts, des prostituées, des épileptiques ou des lépreux. Le Christ les transforma radicalement, au plus profond de leur être. Il les purifia et il les guérit. Mais ils devaient d’abord se montrer assez humbles pour pouvoir entendre ce que leur disait Jésus. Il fallait aussi qu’ils chassent la crainte qui étouffait le message inspiré.
Qu’enseigna donc Jésus à ces gens qui l’écoutaient ? Il leur apprit ce qu’était Dieu et comment L’adorer. Jamais personne ne leur avait parlé ainsi. « Dieu est esprit », affirma-t-il, « et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérite » Jean 4:24.. Jésus leur montra aussi ce qu’était réellement le Christ — c’est-à-dire ce qui permet à chacun d’adorer Dieu « en esprit et en vérité ». Le Christ nous apprend à laisser briller la pureté naturelle de Dieu, l’Esprit et la Vérité. C’est alors que nous honorons Dieu de la façon la plus pure qui soit.
Noël signifie laisser le Christ nous montrer, chaque jour de l’année, comment adorer Dieu. C’est accorder au Christ une place sacrée et inviolable dans nos pensées, nos relations avec autrui, notre travail et nos loisirs. C’est chanter la gloire de Dieu en étant ce que nous sommes véritablement: l’enfant de l’Esprit et de la Vérité. C’est aussi nous débarrasser de toute influence qui risquerait de nous empêcher d’être cette fidèle ressemblance spirituelle de Dieu que nous sommes réellement.
Ces influences sont toutes à attribuer à un même mensonge: la croyance que nous vivons dans la matière, et non dans l’Esprit. Si cela était vrai, Dieu serait moins que Dieu, et c’est la matière qui serait Dieu. Il nous faudrait alors adorer la matière, et non l’Esprit, et la Vérité !
Noël, bien compris, nous redonne l’occasion de décider de ce qui compte le plus pour nous. Noël nous ouvre les yeux sur le mensonge de la vie dans la matière. Noël glorifie l’Esprit, Dieu. Noël chasse l’égoïsme, la tristesse et le matérialisme qui revendiquent une place dans nos pensées. Noël accorde la première place au Christ, afin que nous célébrions tout ce qui nous prouve que Dieu nous aime.
Mary Baker Eddy évoqua un jour ce concept de Noël dans un article destiné au New York World. « Un Noël éternel ferait de la matière une étrangère, hormis en tant que phénomène, écrit-elle, et la matière se retirerait avec révérence devant l’Entendement. Le despotisme du sens matériel ou de la chair fuirait devant une telle réalité, pour faire place à la substance, et l’ombre de la frivolité et la fausseté du sens matériel disparaîtraient » The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 260..
Lorsque j’étais enfant, notre famille vécut un Noël qui nous apporta une sorte de joie « éternelle ». Mes parents avaient soudain changé le déroulement habituel de ce jour de fête, parce que mon père devait terminer un travail important pour son église. Au lieu du repas de famille traditionnel avec tous les cousins, les cadeaux et les mets de choix, nous allions passer une semaine tranquille dans une petite maison en dehors de la ville.
C’était une sage décision, mais j’étais très, très déçue. Aussi ai-je commencé à me plaindre: « Je n’ai pas du tout l’impression d’être à Noël ! »
Or nous eûmes un vrai Noël, un de ceux dont on aime se souvenir. Je me rappelle ces heures paisibles passées devant la cheminée à lire, à converser et à prier tous ensemble. Pour la première fois, je me mis à lire toute seule Science et santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy. La veille de Noël, mon père nous lut dans la Bible l’histoire de la Nativité. Nous nous sommes également bien amusés autour du sapin de Noël décoré avec des coquillages (les seules « décorations » que nous avions pu dénicher dans la maisonnette) et lors du repas de Noël préparé avec des conserves.
Mais c’est le fait d’avoir accordé la première place à Dieu — et au travail de mon père pour l’église — qui fit de ce Noël un événement marquant. Nous étions heureux. Le Christ était au cœur de la fête. Nous avions ressenti une paix semblable à celle que décrit Phillips Brooks dans le cantique « O Bethléhem... » dont voici le dernier couplet:
En silence, en silence,
Vient le don merveilleux
Qui répand les bienfaits des cieux
Sur les enfants de Dieu ;
De sa douce présence,
L’impur est ignorant,
Mais au cœur humble qui l’attend
Paraît le Christ vivant. Hymnaire de la Science Chrétienne, n° 222.