Un Pasteur Protestant de mes amis désirait se renseigner davantage sur la Science Chrétienne et l’accent qu’elle met sur la guérison spirituelle. Il m’accompagna donc à un service du mercredi dans une Église du Christ, Scientiste, du quartier. Ce soir-là, plusieurs personnes donnèrent de remarquables témoignages de guérison, mais, après le service, mon ami souhaitait surtout parler de certains changements heureux qui avaient été mentionnés et qui, pensait-il, « auraient tout aussi bien pu se produire tout seuls ».
Il voulait surtout savoir si, étant donné les graves difficultés auxquelles le monde doit faire face aujourd’hui, il était normal que les Scientistes Chrétiens prient au sujet de préoccupations personnelles mineures, comme un rhume persistant ou un porte-monnaie perdu, d’autant plus qu’il était facile pour les autres de prétendre que Dieu n’avait rien à voir avec le résultat. Les prières des Scientistes Chrétiens visent-elles surtout à mener une vie sans problème ?
C’étaient là des questions justifiées.
Je commençai par répondre qu’en s’appuyant sur la prière telle que l’enseigne la Science Chrétienne, des personnes ont bien été guéries de maladies qui auraient pu être qualifiées de très graves, voire de fatales. Je pensais à d’autres services où des gens que je connaissais bien avaient affirmé avoir été guéris d’un cancer, d’une fracture des vertèbres cervicales ou de la dépendance de la drogue. Ils avaient aussi constaté l’impact réel de leur prière sur les problèmes de leur localité.
En fait, la fréquence de telles guérisons explique pourquoi des familles comme la mienne s’appuient sur la Science Chrétienne depuis quatre générations. Il y a presque cent ans, un membre de la famille fut guéri d’une maladie de cœur dont on pensait qu’il allait mourir. Il s’appuya sur la compréhension pratique de Dieu que lui offrait la Science Chrétienne et cela transforma son existence. Depuis, les membres de la famille étudient la Science de la guérison chrétienne.
Des guérisons frappantes comme celles que je viens de mentionner font beaucoup pour nous assurer de la puissance et de la présence de Dieu et de Sa volonté de nous guérir. Mais ce qui importait, dans la réponse que j’ai donnée à mon ami, ce n’était pas tant le caractère spectaculaire de la guérison que sa cause: l’envergure et la portée de la nouvelle compréhension de Dieu qui engendre la guérison.
Les Scientistes Chrétiens ne sont pas différents des autres membres de la société. Ils désirent être en bonne santé. Ils désirent pouvoir prendre soin de leur famille. Et ils prient à ce sujet. Mais ils savent aussi que si ces choses étaient tout ce à quoi ils aspirent et tout ce qu’ils reçoivent de la vie, leur existence serait en vérité bien étriquée.
Or, si les Scientistes Chrétiens prient pour les bienfaits qu’ils reçoivent au fil des jours et en sont reconnaissants, c’est parce que leurs prières leur assurent et leur rappellent sans cesse que la vie est beaucoup plus que les événements caractéristiques que nous relatons sur nos cartes de vœux: les diplômes, les changements d’emplois ou les déménagements.
Pourtant, tout fait qui nous permet d’entrevoir que la vie est en réalité spirituelle et gouvernée par Dieu a beaucoup plus de poids que nous le supposons; c’est toujours un événement important. C’est pourquoi les guérisons accomplies par Christ Jésus sont si significatives. Ceux qui ont été guéris n’étaient peut-être pas des gens connus, et leurs difficultés peuvent sembler insignifiantes à l’échelle du monde, mais leur guérison a permis de voir que la substance et la qualité de la vie sont tout à fait différentes de ce qu'on croit en général.
Si une chose ressort dans la vie de Jésus, c’est qu’il manifestait la présence et le pouvoir de Dieu dans toutes ses paroles et dans tous ses actes. Plus précisément, comme les Scientistes Chrétiens l’expliquent, Christ Jésus révéla que la Vie est Dieu et que l’homme est en fait l’expression de cette Vie.
Nous sommes conscients de cette vérité et elle nous anime dans la mesure où nous suivons avec honnêteté l’exemple de Jésus, nous appuyant uniquement sur le pouvoir de Dieu, et non sur la volonté humaine. Si, par exemple, notre objectif principal est de rendre notre brève existence mortelle plus belle, plus facile ou plus confortable, toute amélioration se produisant dans notre vie ne sera que le résultat de notre volonté humaine, ou guère plus. Autrement dit, lorsque nous visons uniquement la satisfaction de nos désirs personnels, notre existence a peu d'envergure, quelle que soit l'importance de notre carrière ou des événements auxquels nous semblons participer.
Si, en revanche, nous recherchons du fond du cœur la substance spirituelle de notre vie, nous nous tournerons tout naturellement vers le pouvoir et la réalité de Dieu. Nous découvrons alors que nous n'avons pas à nous débattre dans l'espoir « d'avancer ». Au contraire, nous trouvons la paix lorsque nous cédons au grand fait que Dieu est réel et qu'Il est la seule Vie de l'homme.
Cette idée a une telle portée qu'elle paraître intimidante lorsque nous l'entrevouyons pour la première fois. En somme, si Dieu est Tout, il ne reste aucune place pour un concept mortel, personnel de nous-mêmes, pour la perception matérielle de notre identité à laquelle nous étions peut-être bien habitués. Mais la place est laissée à une capacité accrue d'être l'homme créé par Dieu, de découvrir que notre identité spirituelle, réelle, est l'expression de Dieu, l'Esprit, et rien d'autre. Il y a toujours assez de place pour l'intégrité, l'amour, la pureté, la santé, avant tout parce que ces qualités définissent notre véritable identité. Elles sont la manifestation spirituelle de la Vie que le Christ, la vraie idée de Dieu, met en lumière dans l'homme. Si nous acceptons, même dans une faible mesure, que la vie est purement spirituelle, nous verrons de très grands changements s'opérer dans notre existence.
On constate souvent que la nature du christianisme est faite de petits commencements. Christ Jésus compara le royaume des cieux au levain qui, bien qu'étant un ingrédient secondaire, fait lever toute la pâte. Il le compara aussi à un « grain de sénevé ». Dans l'Évangile selon Matthieu, il dit à ses disciples que ce grain était « la plus petite de toutes les semences; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches ».
Comme le grain de sénevé, le premier petit pas de notre confiance en Dieu s'allonge et nous mène à la compréhension de la domination sur la matière et ses limites que Dieu a donnée à l'homme. L'exemple de Jésus nous montre tout ce qui est alors possible. Même lorsque nos victoires spirituelles sont peu importantes, ce qu'elles nous prouvent de la réalité de l'Esprit et de la spiritualité de l'être de l'homme occupera une place toujours plus grande dans notre pensée. Nous saurons que, si l'Esprit est bien infini, nous n'avons pas à nous laisser influencer par ce qui est dissemblable à l'Esprit. Mary Baker Eddy explique dans Écrits divers: « Comme le levain qu'une certaine femme mêla à trois mesures de farine, la Science de Dieu et de l'idée spirituelle, nommée en ce siècle la Science Chrétienne, est en train de faire lever la masse de la pensée humaine jusqu'à ce qu'elle soit entièrement levée et que tout matérialisme disparaisse. Il s'est révélé que cette action de l'énergie divine, même si elle n'est pas reconnue, dispense les plus riches bénédictions. Cette idée spirituelle, ou le Christ, pénétra les moindres détails de la vie du Jésus personnel. Elle fit de lui un homme honnête, un bon charpentier et un homme de bien, avant de pouvoir faire de lui le glorifié. »
De modestes débuts dans la vie chrétienne peuvent être comparés au moment où, au milieu d'un film triste ou absorbant, on se souvient tout à coup que ce n'est en réalité qu'un film. En fait, on pourrait même dire qu'une petite démonstration de la sollicitude de Dieu reviendrait à découper un trou grand comme une pièce de monnaie dans l'écran même. De leurs sièges, la plupart des spectateurs ne le remarqueraient même pas, car cela ne modifierait certes pas beaucoup le film qu'ils regardent. Mais si nous allions mettre notre œil juste sur le trou, nous contemplerions un spectacle totalement différent. De cette position, nous ne verrions même plus le film qui passe sur l'écran, nous verrions au-delà.
Il va de soi qu'il ne faut jamais pousser une comparaison trop loin: nous n'allons bien entendu pas nous en prendre aux cinémas ! Et un nouvel aperçu de l'univers infini de l'Esprit est, pour le moins qu'on puisse dire, beaucoup plus intéressant que ce qui se trouve derrière un écran ! Or, notre conception de la vie subit un changement non moins frappant lorsque nous sommes guéris par la prière. La guérison nous permet de regarder au-delà de ce que les sens physiques montrent de la vie.
C'est la réalité de la bonté de Dieu qui intéresse les Scientistes Chrétiens, et non pas le petit trou qui a été fait dans ce qu'on pourrait appeler « l'écran de la vie mortelle » avec ses images matérielles. Et ils aspirent à voir d'autres personnes découvrir avec eux le pouvoir guérisseur du christianisme, parce qu'ils sont sûrs que le jour viendra où le concept mortel et fini de l'existence, l'écran, sera si délabré que les gens reconnaîtront que ce qu'il vaut vraiment la peine de regarder, c'est la réalité de Dieu et de Son expression, l'homme.