On Se Rend bien compte qu’il existe toutes sortes d’idées et de croyances dont on ne devrait pas s’accommoder. Dépasser le stade des superstitions et des fausses croyances est considéré comme un progrès. Ces dernières décennies, la croyance à la supériorité inhérente d’une race ou d’une culture sur une autre a été l’objet d’une surveillance rigoureuse. L’appréciation mutuelle se développe de plus en plus. C’est peut-être un des acquis les plus importants du XXe siècle, même s’il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine.
Par ailleurs, considérons l’évolution remarquable que subit depuis un siècle la croyance générale à l’inévitabilité de la maladie, de la pauvreté et de bien d’autres discordances. L’idée que les hommes devraient être capables de vaincre le mal est une donnée nouvelle qui marque un progrès et exerce une influence puissante sur la vie des gens.
Malgré tout, le concept de la guérison chrétienne fait souvent penser à la condition d’un enfant abandonné. Alors que la Bible a imprégné la civilisation occidentale et que ses valeurs morales et ses idéaux ont inspiré l’art, la philosophie et même les sciences naturelles — sans parler des disciplines humaines visant à soulager les gens de leurs souffrances — le concept de la guérison spirituelle par la prière demeure en marge des préoccupations essentielles de la société.
Il n’en est, bien sûr, pas de même pour ceux qui ont eu une guérison spirituelle. Et si les Scientistes Chrétiens font part de leurs propres guérisons, ils ne sont nullement les seuls à avoir été ainsi guéris.
Un homme à qui on n’avait donné que quelques semaines à vivre, à cause, selon ses propres mots, d’une « tumeur maligne aiguë » n’a rien trouvé d’autre qu’une explication divine au fait qu’il ait survécu. A la suite de quoi, il a écrit que sa vie ne lui appartenait plus, mais qu’elle était désormais « vouée à un but » (Alexandre Soljenitsyne, Le chêne et le veau).
Une conversation avec une de mes voisines a abouti à un constat similaire. Elle m’a demandé ce que je pensais de Dieu et de la guérison. Ne sachant exactement où elle voulait en venir, je lui ai brièvement expliqué ce que la Science Chrétienne représentait pour moi. Elle m’a alors raconté pourquoi ce sujet l’intéressait tant. Elle avait été guérie d’une dépression nerveuse ainsi que de l’arthrite grâce à la prière.
Il ne s’agit pas là de cas isolés, de ceux qu’on assimile à de rares miracles sans chercher plus loin. En outre, pour beaucoup de gens, les qualifier d’ « améliorations naturelles » n’est pas satisfaisant.
Mary Baker Eddy eut également une autre approche dans son ouvrage fondamental sur la guérison physique, Science et Santé avec la Clef des Écritures. C’est un fait généralement admis qu’elle a réveillé l’intérêt pour la guérison spirituelle, et pourtant, elle fit souvent remarquer combien les gens répugnent à accorder à ce genre de guérison une place essentielle dans leur vie. Elle comprit que l’injonction de Jésus: « Guérissez les malades » n’offrait pas un choix, mais imposait une obligation. De telles guérisons touchent à notre être le plus profond et à la façon dont nous nous voyons par rapport à Dieu, la Vie même.
Elle s’est demandé pourquoi l’obligation chrétienne de guérir engendrait une réaction si négative et si limitée. Voici la réponse qu’elle a ensuite donnée: « Parce que l’on assure aux hommes que ce commandement ne concernait qu’une période et un petit nombre de disciples. » Elle poursuit en disant que cette conviction fait encore plus de tort que l’ancien dogme de la prédestination selon lequel certaines personnes seraient sauvées, tandis que la plus grande partie de l’humanité serait vouée à la damnation éternelle.
Il tardait à Mary Baker Eddy de voir le jour où cette croyance « pernicieuse » à l’intérêt et à la portée limités de la guérison chrétienne serait efficacement contredite par une pratique plus générale de la Science Chrétienne.
On ne pense sans doute pas être plongé dans les ténèbres de l’ignorance lorsqu’on doute de sa propre réceptivité à la puissance curative du Christ, la Vérité, mais il est difficile de reconnaître l’ignorance au milieu de l’ignorance. En faisant sienne une superstition communément admise, on ne passe pas pour un ignorant à ses propres yeux puisqu’on pense comme ceux qui sont autour de soi. En fait, on peut même connaître la réussite, être respecté et bien intégré dans son milieu, tout en étant peu éclairé.
L’ignorance populaire n’est pas facile à vaincre, que la croyance générale dénigre certain groupe racial, religieux ou culturel, ou que la superstition soit l’ignorance du fait que l’homme est réceptif à Dieu, puisqu’il est Son expression.
Dieu est la vie de l’homme. Et Dieu n’est pas une combinaison de forces ou d’éléments matériels gouvernés par des cycles ou des lois d’une froideur toute mécanique. Comme cet homme qui, après sa guérison, comprit que sa vie ne lui appartenait plus au sens ordinaire du terme, mais qu’elle était vouée à un but, la vie de Christ Jésus était aussi vouée à un but, mais dans un sens bien plus profond. L’Évangile de Jean exprime ainsi cette idée: « Je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance. » Cette vie abondante inclut la guérison la plus ordinaire comme celle dont la portée est considérable.
Le premier pas à faire pour comprendre qu’on a la capacité spirituelle de guérir et d’être guéri, c’est de reconnaître sincèrement qu’il faut en savoir bien plus sur la spiritualité dont dépendent ces guérisons. Si la moitié des efforts employés pour nier la guérison spirituelle était consacrée à examiner les preuves de la guérison chrétienne dans l’existence actuelle des gens, une nouvelle ère de santé et de bonne volonté envers les hommes verrait probablement le jour.
Il est bon de mener une guerre économique et sociale contre l’injustice, le problème des sans-abri, l’inflation, les inégalités et la faim. Mais on ne peut se permettre de négliger le besoin encore plus grand d’explorer à fond le potentiel de l’humanité dans le domaine de la guérison spirituelle. Pour la Science Chrétienne, ce genre de guérison n’implique pas un recours à la foi aveugle, au fanatisme religieux ni au raisonnement psychologique. C’est une réponse au christianisme du Nouveau Testament dans lequel, en définitive, la valeur des hommes et des femmes est inséparable du rapport qui les unit à Dieu. C’est Dieu qui est la Vie, la Vérité et l’Amour divins.
On ne peut se permettre de laisser attendre à la porte une telle spiritualité et la guérison qui en découle, comme si elles étaient sans rapport avec notre vie.