Ce qui faisait aimer Mary Baker Eddy de tous les membres de sa maison, c’était son affection toute maternelle. Nous ne nous sentions jamais intimidés en sa présence, mais nous ne pouvions jamais, un seul instant, arrêter notre pensée sur sa personnalité. Nous comprenions que cela constituerait une entrave. Ce qui revêtait la plus haute importance pour nous, c’étaient ses enseignements — à tel point que nous pouvions être dans la maison durant des semaines sans penser à sa personnalité. Nous veillions à tous ses besoins, mais nous avions toujours à la pensée ce qu’elle nous avait donné à démontrer. Du matin au soir, nous nous activions à appliquer à l’occupation du moment les enseignements qu’elle nous avait donnés, en nous efforçant de démontrer la vérité de la Science Chrétienne.
Les membres de la maisonnée n’étaient censés s’entretenir de la Science Chrétienne ni à table ni entre eux. Nous devions vivre la Science Chrétienne, être la Science Chrétienne, et non simplement en énoncer la lettre. C’était sans conteste l’endroit par excellence où l’on n’entendait pas bavarder sur la Science Chrétienne.
Mary Baker Eddy arriva à Chestnut Hill le 26 janvier 1908, et je devins membre de sa maison le lundi matin 10 février 1908, deux semaines plus tard exactement.
Je débutais dans l’étude de la Science Chrétienne: j’abordais ma sixième année. Et, bien que le Principe de la Science Chrétienne à démontrer fût le même pour tous les membres de sa maison, Mary Baker Eddy ne me donnait pas les mêmes instructions qu’aux personnes plus expérimentées dans la pratique de la Science Chrétienne et était moins exigeante à mon égard. Et ce n’est que justice, pour Mary Baker Eddy et pour les autres, de prendre cela en considération.
Après m’avoir fait enlever mon manteau, Mme Sargent me conduisit au bureau de Mary Baker Eddy et me présenta en annonçant que je venais de Kansas City. Mary Baker Eddy me dit: « Bonjour Mme Wilcox, j’ai senti votre douce présence dans la maison. » Puis elle me fit asseoir en face d’elle et demanda: « Que savez-vous faire ? » Je répondis que je pouvais faire presque tout ce qu’une personne qui a tenu une maison et pris soin d’une famille pouvait faire. Alors elle me demanda: « Qu’accepteriez-vous de faire ? » Je répliquai que j’étais disposée à faire tout ce qu’elle désirerait. Elle reprit: « Ma gouvernante a dû rentrer chez elle en raison de la maladie de son père, et j’aimerais que vous preniez sa place pour le moment. »
Elle se mit alors à me parler de la mauvaise pratique mentale. Voici en substance ce qu’elle me dit: Il arrive parfois que le concept de personnalité surgisse pour vous faire croire qu’une personnalité existe en dehors de votre pensée, séparée de celle-ci, et peut vous nuire. Elle me montra que cette menace venant de l’extérieur de ma pensée, où semblait se trouver la personnalité, ne constituait jamais le vrai danger, mais que celui-ci résidait toujours à l’intérieur de ma pensée. Elle souligna que mon sens de personnalité était mental, que c’était une image mentale formée dans mon prétendu entendement mortel, et jamais à l’extérieur de mon entendement ni séparée de lui. Cet entendement mortel supposé se dessinait lui-même comme une croyance à une personnalité matérielle accompagnée d’une forme et de certaines conditions et lois et circonstances — en fait accompagnée de tous les phénomènes qui composent ce que l’on appelle la vie matérielle ou la personnalité matérielle. Et elle continua en me montrant que tout ce tissu de mal supposé ne comportait aucun fait réel.
Elle me montra que je devais identifier tout ce phénomène mental comme une simple suggestion mentale agressive venant à moi pour être adoptée comme ma propre pensée.
Elle me montra que, la mauvaise pratique mentale étant mentale, je ne pouvais l’affronter qu’à l’intérieur de ce qui semblait être ma propre mentalité, et que la seule façon d’en triompher consistait à renoncer à la croyance en un pouvoir et en une présence autres que Dieu ou la Vérité.
Elle me montra que ce prétendu ennemi de l’intérieur ne pourrait jamais me nuire si j’étais vigilante et active dans la vérité. Cette leçon sur la mauvaise pratique mentale était tout à fait opportune pour quelqu’un qui arrivait dans une maison où le nombre de prétendues personnalités variait entre 17 et 25.
Après ces propos sur la mauvaise pratique mentale, Mary Baker Eddy ouvrit sa Bible et me lut ce passage de Luc: « Celui qui est fidèle dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes. Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ? Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ? » (Luc 16:10–12).
Mary Baker Eddy, sans aucun doute, se rendait compte qu’à mon stade de croissance, je concevais la création — c’est-à-dire toutes choses — comme divisée en deux groupes, l’un spirituel et l’autre matériel, et pensais qu’il me fallait, tant bien que mal, me débarrasser du groupe que j’appelais matériel.
Mais, pendant cette leçon, je saisis une première lueur du fait que toutes choses justes et utiles — que j’avais considérées comme les « richesses injustes » — étaient mentales et représentaient des idées spirituelles. Elle me montra qu’à moins d’être fidèle et ordonnée pour les objets des sens qui constituaient mon mode de conscience présent, je n’aurais jamais la révélation des richesses véritables ni ne connaîtrais le dévoilement progressif, à un niveau supérieur, de la substance et des choses.
Les deux leçons que j’avais reçues, en ce premier matin, étaient d’une importance fondamentale.
Premièrement: Je devais triompher de la mauvaise pratique mentale à l’intérieur même de ma propre mentalité.
Deuxièmement: Il n’y a pas deux groupes de création, il n’y en a qu’un seul.
Elle termina en disant: « Maintenant, emmenez votre petit enfant en Égypte et laissez-le grandir jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour se défendre tout seul. » Je compris par là que je ne devais parler à personne de ce qui m’avait été donné, avant de l’avoir transformé en substance dans ma propre pensée.
On a beaucoup parlé de l’exactitude méthodique dont faisait preuve Mary Baker Eddy dans le domaine de la pensée et des actes. Elle exprimait à un degré exceptionnel la précision et l’ordre parfait de Dieu, son Entendement, et elle exigeait de ceux de sa maison la perfection de la pensée et des actes.
Même les épingles étaient rangées, sur sa pelote, selon leur longueur, et elle prenait, sans avoir à chercher, celle dont elle avait besoin. Il ne serait venu à personne l’idée de changer de place une seule épingle sur sa pelote. Mary Baker Eddy estimait que si la pensée ne manifestait pas l’ordre et l’exactitude dans les choses qui constituent la conscience actuelle, cette même pensée n’aurait pas l’exactitude suffisante pour donner un traitement ou utiliser une science exacte.
Chez Mary Baker Eddy, ces qualités étaient très marquées — dépassant largement ce que mon prétendu entendement humain pouvait saisir ou sentir intuitivement. Elle m’apprit que l’Entendement que j’avais alors était Dieu et que je devais exprimer Dieu — mon propre Entendement — par l’ordre, l’exactitude et la perfection.
Je n’étais pas arrivée depuis longtemps lorsqu’elle me pria de faire son lit chaque matin pendant un mois et de rabattre le drap de dessus d’exactement six cm. Elle nous demandait de placer les meubles de façon précise et nous devions exprimer la domination en toutes choses; que les pommes de terre au four soient grosses ou petites, elles devaient être cuites à point à l’instant voulu — et l’heure des repas ne variait pas d’une minute dans la maison de Mary Baker Eddy. Ils étaient servis au moment exact.
Tout comme n’importe quelle autre femme, Mary Baker Eddy aimait avoir de nouvelles robes. La petite dame qui lui confectionnait ses vêtements, tout en se servant bien sûr d’un mannequin, se devait de faire des robes impeccables, sans essayages. Mary Baker Eddy savait que l’Entendement et son œuvre s’ajustent toujours — ils ne font qu’une seule et même chose. Et l’idée que quelque chose soit trop grand ou trop petit n’avait pas sa place dans l’Entendement. Les excuses ou les alibis ne servaient donc à rien avec Mary Baker Eddy.
Peut-être vous demandez-vous ce qui se passait si quelqu’un ne parvenait pas à exprimer concrètement la perfection et l’exactitude. Mary Baker Eddy voyait nettement si l’on s’efforçait de manifester Dieu — c’est-à-dire son propre Entendement parfait — en toutes choses. Mais si quelqu’un manquait de la spiritualité nécessaire pour discerner le but réel poursuivi ainsi par Mary Baker Eddy ou estimait cela inutile, ou pensait que Mary Baker Eddy se montrait seulement exigeante et trop préoccupée des choses prétendues matérielles, ou encore ne sentait pas la nécessité d’obéir, il ne restait pas longtemps dans sa maison.
A un certain moment, Mary Baker Eddy me demanda d’être sa femme de chambre personnelle. Comme je ne connaissais rien aux exigences de cette position, elle me donna sept pages énumérant ce qui devait être fait. Cela nécessitait de la continuité dans l’action, sans faux pas ni oubli.
Lorsque vint le soir et que je l’eus bien installée dans son lit, je lui dis: « Mère, je n’ai rien oublié, je n’ai fait aucune erreur, n’est-ce pas ? » La tête sur l’oreiller, elle répondit en souriant: « Non, aucune. » Cette nuit-là, aux environs de minuit, elle me sonna. J’allai lui demander ce qu’elle désirait. Elle me dit: « Martha, oubliez-vous parfois ? » Je répondis: « Mère, l’Entendement n’oublie jamais. » Sur ce, elle me dit: « Retournez vous coucher. » Mary Baker Eddy exigeait toujours, dans la mesure du possible, que nous répondions à ses questions par l’affirmation absolue de la Science.
Le lendemain matin, après s’être installée dans son bureau, elle me dit: « Martha, si, cette nuit, vous aviez admis que quelqu’un puisse oublier, vous vous seriez exposée à la possibilité d’oublier. Quelle que soit l’erreur dont vous admettez la réalité en vous-même ou chez un autre, vous vous exposez à la manifester. Admettre que l’erreur est réelle produit l’erreur et lui donne sa seule existence. »
Tandis que je remplissais cette fonction de femme de chambre, il se produisit un autre incident qui me donna une leçon précieuse. C’était à l’époque où Mary Baker Eddy écrivit les deux lignes qu’elle ajouta en bas de la page 442 de Science et Santé: « Scientistes Chrétiens, soyez une loi à vous-mêmes pour la mauvaise pratique mentale ne puisse vous faire de mal, que vous dormiez ou que vous soyez éveillés. »
Pendant trois jours, elle écrivit presque constamment. Elle consulta le dictionnaire, la grammaire, étudia synonymes et antonymes et, lorsqu’elle eut terminé, elle avait ces deux lignes à ajouter à Science et Santé. Sa persévérance m’émerveilla, ainsi que le temps qu’elle avait consacré à écrire deux lignes. Mais elle avait énoncé, à l’intention des étudiants de la Science Chrétienne, une déclaration scientifique, valable pour tous les temps. Après avoir écrit trois jours durant, elle nous donna deux lignes, mais lequel d’entre nous peut estimer la valeur de ces deux lignes ?
Ceux qui travaillaient de près avec Mary Baker Eddy savaient lorsqu’une décision importante naissait dans sa pensée, comme un changement dans l’Église, ou l’élaboration d’un nouveau Statut, ou encore un fait relatif à ses écrits. Maintes fois il sembla qu’un grand travail d’enfantement accompagnait la venue de ces choses, nées de l’Esprit. Je me souviens que ce fut le cas lorsqu’elle abolit la Communion à L’Église Mère, et également lorsque certains Statuts virent le jour.
Dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany (p. 242), Mary Baker Eddy nous a donné une directive pour la pratique de la Science Chrétienne. Ce qui suit fut écrit en 1910 — peu de temps avant qu’elle ne nous quitte — et démontre la qualité et la vitalité de sa pensée alors qu’elle était dans sa quatre-vingt-dixième année: « Il vous est impossible de démontrer la spiritualité avant d’affirmer que vous êtes immortel et de comprendre que vous l’êtes. La Science Chrétienne est absolue; elle n’est ni en deça du point de perfection ni en voie de l’atteindre; elle est à ce point et doit être mise en pratique à partir de là. » Fréquemment, Mary Baker Eddy disait à l’un ou l’autre des membres de sa maison: « Allons, rappelez-vous ce que vous êtes. »
Mary Baker Eddy voulait que je sache où se trouvait chaque chose dans la maison, même si elle-même ne l’avait pas vue depuis des années. Et pourquoi pas, puisque la conscience inclut tout ? Elle m’enseigna qu’il n’y avait qu’une seule conscience, et que cette conscience était ma conscience et incluait toutes les idées, présents et disponibles; elle s’attendait donc à me le voir démontrer.
Dans l’enseignement que je reçus d’elle personnellement, elle ne me donna rien qu’elle n’ait donné dans ses œuvres à tous les étudiants de la Science Chrétienne. Mais ce qui a tellement gravé ses enseignements dans ma pensée, c’est qu’elle exigeait que je les mette immédiatement en application et que je les démontre. Sans cette exigence de mise en application et de démonstration, Mary Baker Eddy savait que ses instructions auraient été de peu de valeur pour moi.
A un moment, je fis partie, pendant sept semaines, d’une équipe qui travaillait métaphysiquement. Un soir, elle me confia un problème à résoudre et, bien entendu, mon désir était grand de prouver la réalité déjà présente, aussi travaillai-je la majeure partie de la nuit.
Le matin, elle me fit venir et me dit: « Martha, pourquoi n’avezvous pas fait votre travail ? » Je répondis: « Mère, je l’ai fait. » « Non, dit-elle, vous ne l’avez pas fait, vous avez eu une bonne conversation avec le diable. Pourquoi n’avez-vous pas pris conscience de la totalité de Dieu ? »
Je dis: Mère, j’ai essayé. » Et sa réponse fut: « Eh bien, si Jésus s’était borné à essayer et n’avait pas réussi, nous n’aurions pas la Science aujourd’hui. » Alors, elle fit mettre sur ma porte, à l’intérieur de ma chambre, une carte où était imprimé en gros caractères: « La foi sans les œuvres est morte. » Et j’eus cela sous les yeux pendant deux semaines.
Lorsque ceux de sa maison ne parvenaient pas à faire une démonstration, personne ne cherchait à se justifier. J’ai l’impression que nous ressentions tout à fait ce que ressentaient les disciples lorsque le Maître leur dispensait ses enseignements. Il y a eu beaucoup de demonstrations que nous avons faites, et beaucoup que nous n’avons pas faites.
Lorsque je recevais l’enseignement personnel de Mary Baker Eddy et que j’étais un travailleur mental, elle me donna deux leçons tirées des Écritures qui firent très grande impression sur moi.
L’une portait sur le « magnétisme animal », basée sur le récit de l’homme aveugle de naissance. Elle nous montra clairement que « ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché », car chacun d’eux était l’homme divin. Pendant longtemps, j’ai vu nettement que l’homme mortel pécheur n’existait pas, mais uniquement l’homme parfait, qui n’avait pas besoin de guérison. Je vis que mon prétendu homme matériel était en fait l’homme divin — à l’envers, ou vu « au moyen d’un miroir, d’une manière obscure », ainsi que le dit saint Paul.
L’autre leçon traitait de « la réponse à la prière », et était tirée du premier chapitre de l’épître de Jacques, versets un à huit. Lorsque Mary Baker Eddy lut: « Mais qu’il... demande avec foi, sans douter », il me devint évident qu’un homme « irrésolu », partagé, ne peut pas s’attendre à recevoir quoi que ce soit du Seigneur.
Les Leçons bibliques de Mary Baker Eddy étaient magnifiques. Elle commençait en général l’instruction du matin par une leçon tirée des Écritures. Prenant sa Bible, elle la laissait s’ouvrir d’elle-même et commençait avec ce qui lui était tombé sous les yeux.
Lorsque Mary Baker Eddy dispensait un enseignement personnel, celui-ci n’était pas donné aux étudiants comme il l’aurait été pendant un cours et il ne durait pas non plus une période déterminée. Lorsque Mary Baker Eddy en éprouvait le besoin, elle faisait venir un élève ou elle convoquait son groupe de métaphysiciens, parfois à plusieurs reprises dans la même journée. Et l’élève ou le groupe de métaphysiciens restaient toujours debout tandis qu’elle leur parlait.
Il arrivait que Mary Baker Eddy eût des invités pour le repas de midi. Elle aimait recevoir des personnes comme Bliss Knapp qu’elle appréciait beaucoup, Mme Knott, M. Dixon, ou d’autres, avec lesquels elle avait des entretiens.
M. Young fut invité à déjeuner et eut un entretien avec Mary Baker Eddy peu de temps avant d’enseigner la classe Normale de 1910. Quand il dit à Mary Baker Eddy: « C’est le meilleur repas que j’aie jamais fait », elle exprima autant de satisfaction que l’eût fait toute autre femme.
Mary Baker Eddy lisait quelquefois les annonces de soldes dans le quotidien de Boston. Les événements du jour l’intéressaient toujours et surtout les inventions de toutes sortes. Un jour, il y eut un meeting aérien près de Boston. En général, Mary Baker Eddy n’aimait pas que les membres de sa maison s’en aillent, mais à cette occasion, elle insista pour que plusieurs d’entre nous aillent voir ces avions. Ce ne fut pas comparativement une démonstration spectaculaire, mais pour l’époque, c’était splendide. Aux yeux de Mary Baker Eddy, c’était l’apparition d’une pensée d’avant-garde, et elle s’intéressa à tous les détails de cette manifestation.
Les membres de la maison de Mary Baker Eddy étaient presque tous des praticiens et des professeurs expérimentés. Il y avait un groupe qui faisait le travail mental, quelques-uns d’entre eux s’occupaient du secrétariat et supervisaient la correspondance.
Il y avait aussi un groupe de femmes, en général au nombre de cinq, qui presque toutes avaient quitté leur propre foyer et s’occupaient de l’ensemble de la maison de Mary Baker Eddy; quelquesunes étaient praticiennes et c’étaient toutes de sérieuses étudiantes de la Science Chrétienne. Nous faisions les vitres à l’intérieur de la maison, le lavage et la mise en forme de tous les rideaux de dentelle, et nous lavions et repassions tous les effets de Mary Baker Eddy. Dans toutes les pièces, le sol était recouvert de tapis, souvent en velours. Ceux-ci étaient maintenus en parfait état au moyen de balais. Les aspirateurs firent leur apparition plusieurs mois après que j’eus commencé mon service. Je crois que nous avons eu l’un des tout premiers.
Il y avait encore la cuisine et la prévision des menus pour une table qui comptait régulièrement 17 personnes, pour atteindre 25 en certaines occasions. Généralement, j’allais au marché de Faneuil Hall (à Boston), deux fois par semaine, pour la viande et les poissons. Les produits d’épicerie étaient presque tous achetés à Brookline, et durant les mois d’été, un garçon grec apportait chaque jour à la maison des fruits et des légumes.
J’ai essayé de vous montrer un peu ce que nous faisions dans la maison; nous étions occupés du matin très tôt jusqu’à une heure avancée de la nuit. Tout se faisait de façon normale dans le foyer de Mary Baker Eddy. Il ne s’y passait rien de mystérieux, mais il était nécessaire qu’elle soit entourée de gens qui pouvaient, au moins en partie, comprendre sa mission dans le monde.
Environ deux semaines avant qu’elle ne nous quitte, elle m’appela dans son bureau vers cinq heures du soir. Elle était étendue sue son divan, ainsi qu’elle le faisait habituellement avant le repas du soir. J’aurais voulu que vous l’entendiez exprimer sa gratitude pour son foyer et celles qui s’en occupaient. Elle dit que nous tenions la maison dans un état de propreté et de beauté remarquable, et que cela était très important pour elle d’avoir un tel endroit où elle pouvait travailler et s’occuper des progrès du mouvement de la Science Chrétienne.
Elle dit: « Vous êtes toutes tellement bonnes de faire cela pour moi. » Puis elle me dit: « Martha, y a-t-il une raison qui vous empêcherait de rester avec moi pour toujours ? » Je répondis: « Mère, je resterai avec vous aussi longtemps que vous aurez besoin de moi et que vous le souhaiterez. »
J’appris plus tard par M. Frye pourquoi Mary Baker Eddy désirait m’entendre l’assurer que je resterais avec elle: elle avait décidé qu’avant peu je suivrais le cours Normal et elle pensait que je souhaiterais peut-être alors rentrer chez moi pour enseigner.
C’est sans doute dans un article de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, intitulé « A Pœan of Praise » [Louanges], qu’elle a le mieux exprimé les sentiments qu’elle éprouvait à l’égard de son foyer et des membres de sa maison; elle écrit (p. 355):
« Les Scientistes Chrétiens de la maison de Mary Baker Eddy forment le groupe le plus heureux du monde. Leur visage irradie la lumière et l’amour qu’ils reflètent; leur démarche est vive; leurs pensées sont élevées; leur chemin est ascendant et leur lumière brille. Ce joyeux groupe de Scientistes Chrétiens apporte quelque chose au monde; ils rendent Mary Baker Eddy plus heureuse; ils glorifient Dieu en reflétant Sa paix, Son amour et Sa joie.
« Quand l’humanité s’éveillera-t-elle pour reconnaître qu’ils sont déjà possession de tout ce qui est bon et bien, pour louer et aimer l’endroit où Dieu demeure de la façon la plus évidente, là où se reflètent Son amour et Sa direction ?
Fin de la série We Knew Mary Baker Eddy
1 Publié par La Société d’Édition de la Science Chrétienne, 1979.
