Le XXIe siècle commencera dans un peu plus de treize ans. Dans le contexte de l’histoire du monde, cela représente une durée insignifiante. Mais l’expérience nous a appris que c’est une période suffisante pour nous permettre d’assister à des mutations économiques, à la formation ou à la chute de gouvernements, à des revirements dans la conscience publique.
D’ici à l’an 2001, les Scientistes Chrétiens auront-ils glissé, comme tant d’autres avant eux, dans une attitude vaguement « religieuse », attitude que Mary Baker Eddy a décrite un jour comme la « religion superficielle » ? Ou les trouvera-t-on, au contraire, vivant réellement la Science Chrétienne
Christian Science (´kristienn ´saïennce), aidant ainsi l’humanité à avancer en direction de l’ère spirituelle et du christianisme scientifique ?
Pourquoi soulever une telle question ? Parce qu’une sensibilisation à cette question nous permet de parvenir plus sûrement à la bonne réponse.
Les Scientistes Chrétiens conviennent bien que leur Église a été conçue sans credo ni rites formels. Dès le tout début, pourtant, Mary Baker Eddy, Fondatrice de la Science Chrétienne, s’est trouvée aux prises avec la tendance de l’entendement humain à rétablir, par tous les biais possibles, un concept extérieur et superficiel de religion que la révélation profonde de la totalité de Dieu avait rendu désuet.
Elle eut affaire, par exemple, à la tendance de certains à simplement vénérer sa personne au lieu de suivre sa direction spirituelle dans son obéissance à Christ Jésus. Elle se rendit compte que bien des gens étaient davantage prêts à se rendre, avec émotion, en pèlerinage à Pleasant View, qu’à consentir le sacrifice de gravir par eux-mêmes le chemin escarpé du christianisme spirituel. Elle coupa donc court à cette bigoterie au moyen de divers Statuts et Règles du Manuel de L’Église Mère.
Nous pouvons encore tirer des leçons de ces Statuts. Ils nous rappellent l’effort constant qu’il nous faut encore produire de nos jours pour corriger la tentative de l’entendement mortel de « banaliser » ce que Mary Baker Eddy avait appelé: « La Grande Découverte ».
L’entendement mortel, l’égarement de croire qu’il y a intelligence dans la matière, interprète tout selon ses propres termes. Il se fait par exemple une idée de la santé et une idée du succès. Il a aussi une opinion bornée de la religion. En lieu et place d’un véritable progrès spirituel, l’entendement mortel offre un substitut « religieux ».
Pour en revenir à des choses simples, supposez par exemple qu’on en vienne à considérer que « faire sa leçon » est un simple devoir. Il est tout à fait indiqué bien sûr de lire régulièrement et systématiquement la Leçon biblique indiquée dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne. Mais si, au lieu de constituer une recherche et une acquisition de compréhension spirituelle, « faire » cette leçon se réduit à un simple devoir religieux, l’effet en devient superficiel. Il est peu probable alors que les vérités spirituelles de la Leçon biblique pénètrent l’esprit et que s’opère le changement radical d’attitude requis par la Science Chrétienne. On aura simplement « fait cadrer » la leçon avec la notion humaine de la vie matérielle et de ses priorités, sans que cette notion se trouve modifiée.
La bigoterie peut aussi revêtir d’autres aspects. On peut la retrouver dans la tendance à placer un orgueil tout sacerdotal dans la lettre de la Science, ou, au contraire, à se cantonner dans une position superficielle estimant qu’après tout on connaît suffisamment la lettre, puisqu’on a été « élevé selon la Science ».
Cela peut se traduire par une sorte de nouvelle rationalisation qui viserait à rendre la Science Chrétienne « plus populaire » en évitant la Science. Ou cela peut apparaître dans l’impression accrue qu’il existe deux catégories de Scientistes Chrétiens, « ceux qui pratiquent la Science » et « ceux qui assistent seulement aux services ». Dans chaque cas, il s’agit de l’entendement mortel qui essaie de substituer la religion superficielle à la découverte véritable du christianisme scientifique.
Si l’on en croit l’entendement mortel, la « réalité » de l’existence matérielle est bien plus imposante que celle de l’Esprit, Dieu. La tendance de l’entendement mortel à la bigoterie nous pousserait, par exemple, à tenter de guérir la maladie et le péché comme le ferait un mortel s’accrochant à des vérités spirituelles. Dans la Science Chrétienne, au contraire, tout se fonde sur la découverte de l’unique Entendement, ou Esprit, qui exprime toute individualité et remplit tout l’espace.
Mary Baker Eddy a appris que l’Entendement divin possède une entité substantielle. C’est cet Entendement qui agit, produit, opère, et change les choses du tout au tout. Grâce à la prière et à la démonstration, nous voyons peu à peu qu’en lui se trouvent toute cause et tout effet. L’entendement mortel supposé, ou ego — ainsi que ses connaissances et croyances qui nous sont si familières — s’avère insubstantiel à la lumière de cette nouvelle et prodigieuse perspective. Ce n’est pas une simple philosophie ou une opinion religieuse, mais c’est la Science de l’être. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures Mary Baker Eddy décrit comment elle entrevit, pour la première fois, la réalité spirituelle de Dieu: « Cette vue réprouva les croyances humaines et donna la signification spirituelle, exprimée par la Science, de tout ce qui procède de l’Entendement divin. » Science et Santé, p. 471.
Et l’entendement mortel de railler: « Qu’est-ce que cet Entendement divin dont tu me parles ? Il n’est pas vraiment là. Personne ne peut l’avoir. Si on croit l’avoir, ce n’est qu’un aspect de l’entendement inconscient qui se trouve dans la matière, ou cerveau. »
Mais le fait est que l’Esprit, Dieu, est réel et concret. Il est possible à quiconque accepte d’abandonner la croyance pécheresse qu’un entendement peut juger et contenir Dieu de réaliser la présence de cet Entendement suprême. La compréhension spirituelle nécessaire nous vient du Principe divin, qui exprime la perfection dans toute sa création. Et cela apporte une joie, une harmonie — et des guérisons — que les sens humains ne sauraient concevoir.
Il est cependant indispensable de mener une vie chrétienne. Mary Baker Eddy écrit: « Pour que l’Esprit soit suprême dans la démonstration, il doit être suprême dans nos affections, et nous devons être revêtus du pouvoir divin. » Rétrospection et Introspection, p. 28. On ne peut prendre la Science Chrétienne à la légère et l’ajouter à sa vie comme un assaisonnement ou un fond de musique pour un dîner. Si nous essayons de le faire, nous rencontrons des écueils: soit nous perdons complètement la Science Chrétienne, soit nous basculons dans la tendance à la bigoterie et nous substituons peu à peu autre chose, tout en usant des mêmes mots et en appelant cela la Science Chrétienne.
Mais plus grave encore, une approche superficielle de la Science Chrétienne finit par tellement s’enrober dans son erreur, qu’elle n’a de cesse qu’elle ne se soit opposée au Christ. Toute expression de l’esprit-Christ finit par « sonner faux » — par sembler au mieux naïve, et au pire réactionnaire. Science et Santé donne cette explication: « Jésus représentait le Christ, la vraie idée de Dieu. D’où la lutte entre cette idée spirituelle et la religion superficielle, entre la clairvoyance spirituelle et l’aveuglement de la croyance populaire, aveuglement qui conduisit à la conclusion que l’idée spirituelle pouvait être tuée par le crucifiement de la chair. » Science et Santé, p. 316.
La vérité pure et simple, c’est que la Science Chrétienne est diamétralement opposée à la religion superficielle. Aucun point de vue religieux au monde n’exige devantage de ses adhérents que la Science Chrétienne. Si l’on veut vraiment donner son sens à l’affirmation: « Dieu est Tout », on doit tendre de toutes ses forces à vivre chaque instant avec la réalité spirituelle et non avec le sens matériel.
Mais tandis que la Science Chrétienne exige un maximum, elle offre aussi, comme rien d’autre ne le peut, les moyens de remplir les obligations spirituelles. Elle révèle notre individualité véritable qui est revêtue « du pouvoir divin », une individualité qui n’est ni égocentrique ni superficielle, mais dirigée par Dieu et éprise de tout bien. Ce n’est pas seulement ce que nous percevons de l’Esprit, l’Ame, mais ce que nous voyons de nous-mêmes, à l’image de Dieu, qui nous permet d’avancer. Nous nous trouvons en position d’agir, parce que nous saisissons ce que nous sommes réellement.
L’entendement mortel peut reculer, épouvanté, devant l’idée de prendre la vérité spirituelle « trop au sérieux ». Il peut produire mille questions: Ne vas-tu pas perdre tes amis ? La vie gardera-t-elle son piment ? Auras-tu même le temps de vivre ?
Mais les réponses sont déjà là, d’une telle richesse et d’une telle ampleur que les questions paraissent mal informées, théoriques. Cette description du prophète Ésaïe correspond bien à notre expérience spirituelle: « Je me réjouirai en l’Éternel, mon âme sera ravie d’allégresse en mon Dieu; car il m’a revêtu des vêtements du salut, il m’a couvert du manteau de la délivrance, comme le fiancé s’orne d’un diadème, comme la fiancée se pare de ses joyaux. » Ésaïe 61:10.
A mesure que nous percevons que Dieu est notre Vie et que l’existence matérielle n’a jamais été véritablement notre vie, nous n’éprouvons aucun sentiment de restriction, mais au contraire une liberté effective. Nous augmentons l’envergure de notre objectif spirituel.
Quelle joie sera la nôtre, au seuil du XXIe siècle, de pouvoir dire en regardant en arrière: « Nous avons travaillé, nous avons “veillé” et prié, nous nous sommes montrés loyaux envers la découverte de la Science du Christ et de l’idée spirituelle. Une transformation spirituelle remarquable s’est opérée dans la conscience humaine. Il est plus évident que jamais que l’humanité entre dans l’ère spirituelle. »
