Un jeune homme de ma connaissance a passé de nombreuses années malheureuses, livré au désespoir et à la déchéance, se haïssant lui-même et cherchant le soulagement dans la drogue. Comme il devait me le dire par la suite, il était en fait à la recherche du paradis... et de lui-même.
Finalement, il fit la rencontre du frère d’un ami, un homme paraissant rempli à la fois de force et d’amour. Cet homme étudiait la Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce) et lui parla de la vérité qu’il connaissait, et le jeune homme, au bout de quelques semaines, se mit à recourir à la prière. Comme il était séduit par cette vision nouvelle de Dieu et de l’homme qu’offre la Science Chrétienne, il put mener son combat jusqu’à la victoire et gagner sa liberté: il cessa de se droguer, et à ce jour, il reste libre de l’emprise de la drogue. Bref, il est devenu bien plus heureux et moins égoïste.
Que s’était-il donc passé ? Car après tout, le tableau qui nous est plus familier, c’est celui du drogué chronique dont l’état empire toujours plus et le mène éventuellement à la mort. Dans les journaux, à la télévision et à la radio, il est fait état d'études indiquant une expansion, dans de nombreuses parties du monde et pour des motifs variés, de l’usage et du trafic de la drogue. Et selon les idées reçues, le toxicomane a beau vouloir sincèrement se débarrasser de l’habitude prise, l’expérience du « sevrage » risque d’être pour lui une véritable torture et de se solder par un échec.
Le jeune homme dont je parle était tellement sous la dépendance de la drogue, des hallucinogènes et des opiacés, qu’il ne fallait rien de moins qu’une méthode révolutionnaire pour pouvoir l’aider. Et c’est justement une vision révolutionnaire de ce qu’est la nature de l’homme qui l’a sorti de là. Voulant découvrir ce qui donnait à son nouvel ami une confiance aussi imperturbable, il s’aperçut que l’homme, ainsi que l’enseigne la Science Chrétienne, n’est pas constitué de substances chimiques, ni gouverné par un cerveau fonctionnant à partir de connexions électriques. L’homme était à l’origine, et il est toujours aujourd’hui, l’image spirituelle ou expression de l’Esprit, Dieu. Nous lisons en effet dans la Bible: « Puis Dieu dit: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine... sur toute la terre. » Gen. 1:26.
Se fondant sur cela, le jeune homme vit qu’il pouvait remplacer la conception selon laquelle il était un mortel matériel par le fait spirituel: pour Dieu, le bien infini ou l’Esprit, il était en réalité le résultat pur, complet et irréversible de l’être même de Dieu. Peu à peu, il parvint à voir que l’homme, l’image de Dieu, reçoit de Dieu, et non de substances chimiques, tout ce qu’il possède de vie, de force, d’intelligence, d’identité et d’individualité distincte.
Comment considérer, alors, le tableau présenté par le sens mortel, cette vie égoïste et sans perspective qu’il avait le sentiment de tellement détester, cette distance qu’il ressentait par rapport à la société, ces échecs successifs dans ses relations avec les autres, auxquels il lui semblait ne pouvoir échapper qu’en se droguant ? Il découvrit ce dont prend conscience quiconque se tourne sans réserve vers la Science Chrétienne: même un aperçu de la réalité spirituelle de la vie suffit pour commencer à modifier tous nos points de vue et notre attitude à l’égard de la vie. La fausseté de ce qui nous avait jusque-là semblé réel et tangible se trouve progressivement mise à nu; on voit que c’est un leurre.
Alors que la vie peut sembler enfermée dans la matérialité, les incertitudes, la vacuité, la désespérance, le point de vue que l’on peut en avoir en se plaçant à l’altitude ou sous l’angle favorable de l’Esprit est radicalement différent. Tout comme la vue que l’on peut avoir de la mer ou d’une vallée s’élargit et se transforme à mesure que l’on monte, s’élever vers la façon spirituelle de concevoir l’homme nous révèle de plus en plus une vie qui est en vérité entièrement spirituelle, sans alternance d’exaltation et de « déprime », dans laquelle il n’est pas besoin de recourir à la matière comme stimulant ou comme calmant. La vie se déroule perpétuellement pour l’homme spirituel, avec ses qualités individualisées et renouvelées. Cette vision de l’homme qui est celle du Christ, introduit une transformation dans l’existence humaine, comme le découvrit mon jeune ami, une transformation graduelle et continue, comme lorsque l’aube commence à chasser l’obscurité à l’est, pour en libérer finalement le ciel tout entier. Il s’ensuit une nouvelle naissance spirituelle, qui apporte la guérison et le salut.
Lorsque j’ai été amené, pour mon travail, à écrire une série d’articles sur la lutte contre la drogue au niveau planétaire, j’ai rencontré nombre de gens dévoués à travers le monde qui contribuent à leur manière à aider des toxicomanes, en particulier des jeunes, à se libérer de leur dépendance. Pas un d’entre eux ne pensait avoir trouvé la parade définitive. Pour la plupart, une réduction de l’offre de la drogue — par l’intervention de la police contre ceux qui cultivent les plantes hallucinogènes et contre les trafiquants, par exemple — semble moins efficace qu’une réduction de la demande de drogue de la part des individus qui en font usage. Mais ils m’ont déclaré en toute franchise qu’un tel changement supposait une transformation de pensée et d’attitude individuelle, et qu’en dehors de l’éducation dispensée par la société aux jeunes et à leurs parents, ils ne voyaient pas par quel moyen atteindre un tel objectif.
La « drogue » peut revêtir de nombreuses formes. Pour certains, ce peut être faire du jogging, ou bien manger et boire. Selon quelques-uns, il est possible de vaincre l’asservissement à la drogue en recourant à des moyens qui permettent à la personnalité de s’exprimer, comme la musique ou un hobby.
L’approche que la Science Chrétienne adopte est totalement différente. Au lieu de remplacer de mauvais processus matériels par d’autres processus matériels, elle nous invite à nous tourner en prière vers Dieu, vers l’Esprit, et nous amène à rechercher une conception entièrement spirituelle de la nature de l’homme, une compréhension scientifique de la pureté de l’homme réel. L’étude journalière des paroles et des œuvres de Christ Jésus, telles qu’elles sont relatées dans la Bible, jointe à celle de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy, qui a découvert et fondé la Science Chrétienne, contribue à satisfaire cette soif de compréhension spirituelle. Nous apprenons pas à pas que ce qui, pour les mortels, paraît être sans issue, source de désespoir ou de haine de soi-même, correspond en fait à une vue complètement mal fondée de la vie. Nous nous apercevons que le Christ, la Vérité, a le pouvoir de corriger cette erreur et de guérir.
Tous ceux qui ont le désir sincère de se libérer du joug de la drogue, aussi bien que les parents ou les amis qui veulent faire quelque chose, peuvent, grâce au pouvoir de la Vérité, vaincre la crainte suscitée par l’idée que l’homme serait inexorablement à la merci d’une chimie mortelle. Le premier pas est tout simple: il suffit de tendre de toutes ses forces vers la compréhension naissante que l’homme à l’image de Dieu est, dès maintenant, au stade de la perfection spirituelle dans l'être immortel, et qu’il l’a toujours été.
Jésus avait déjà perçu le fait suivant: la croyance que la matière a un poids, une histoire et un pouvoir s'oppose à l'émergence de la vérité spirituelle dans la conscience. Il nous faut bien sûr lutter pour surmonter cette résistance. Mais quand nous poursuivons notre route, nous percevons de mieux en mieux ce qui n'était jusque-là qu'une vision fugitive de Dieu et de l'homme, et nous le démontrons de plus en plus; la Vérité élimine l'erreur sous-jacente, et une guérison en résulte. Nous cessons de nous replier sur nous-même en une fuite égocentrique et dans l'abandon aux désirs de la mortalité. Notre pensée s'ouvre au contraire largement à la gratitude, à la pureté, à la joie. Cela se traduit par le fait que nous trouvons notre propre bonheur dans le bien d'autrui, que nous faisons taire le moi et que nous nous mettons au service de l'humanité au lieu de détester le genre humain ou de vouloir le fuir.
L'homme réel, l'homme spirituel, n'est ni soumis à l'emprise du mal ni attiré par lui; il participe totalement de la nature et de l'être de Dieu, l'Esprit, de façon nécessaire et irrésistible. Cela implique pour un toxicomane qu'il n'est nullement condamné à chercher désespérément le paradis dans la gomme du pavot, les feuilles de coca ou de marijuana ou dans des drogues synthétiques, le triste fruit de recherches de laboratoire. Il trouve plutôt sa véritable liberté et un bonheur durable dans son amour pour Dieu et pour l'homme. La pureté de l'homme et son unité indissoluble avec l'Esprit font que ses parents, s'il s'agit d'un jeune drogué, peuvent savoir leur enfant entièrement gouverné par Dieu, son véritable Père et Mère, à tout instant. Avec une telle compréhension, les parents trouvent la force et l'amour voulus pour épauler leur enfant, pour l'aider, l'écouter et le soutenir. L'identité de l'homme n'est pas vulnérable aux agents chimiques, ou aux influences ou altérations matérielles, en dépit de tout ce que peuvent proposer les sens matériels. Il faut du courage et de la persévérance pour prier sur une telle base; c'est une méthode révolutionnaire... mais elle est efficace.
Le toxicomane, sa famille et nous tous, nous pouvons accepter le don magnifique de Dieu à l'homme: la domination sur toute la terre. Avec de la joie et une liberté croissante, nous pouvons recourir au royaume des cieux qui est à notre portée. Mary Baker Eddy donne du ciel cette définition: « Harmonie; le règne de l'Esprit; gouvernement par le Principe divin; spiritualité; félicité; l'atmosphère de l'Ame. » Science et Santé, p. 587. Le Principe et l'Ame renvoient à Dieu, à l'essence même de tout ce qui est réel. Dieu est le Principe de l'homme.
Christ Jésus n’a pas dit que la connaissance de Dieu et de l’homme peut se trouver dans la matière; il a dit au contraire: « Le royaume de Dieu est au-dedans de vous. » Luc 17:21 (d’après la version King James). Toute sa vie et son œuvre ont montré la supériorité de l’Esprit: le pouvoir que celui-ci exerce sur la maladie, le péché et la mort. Nous devons suivre Christ Jésus dans ce qu’il a fait. Ce à quoi est parvenu mon jeune ami, d’autres aussi peuvent y arriver: il a découvert cette vérité qui continue de luire à travers les paroles de l’apôtre Paul, écrites il y a pourtant bien des siècles: « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » Rom. 12:2.
