C’est avec une vive émotion et non sans appréhension que, jeune adolescent non rompu aux choses de la mer, je grimpai à bord d’un vieux navire marchand long-courrier amarré à Glasgow, et me présentai à l’officier de quart. J’avais fait un long voyage depuis l’École de la Marine, sur la Tamise, où je venais de finir mon apprentissage pour entrer dans la Marine marchande britannique, et j’étais content de jeter mon sac de marin dans la petite cabine qui allait être mon chez-moi durant le long voyage à venir.
Quand nous eûmes mis les voiles pour la haute mer et Panama, il devint rapidement clair que la vie au large pouvait être dure pour un novice. Des mers démontées, des vents rugissants, le froid glacial, la maladie, l’inconfort et la fatigue eurent tôt fait d’ébranler les visions préconçues dont je m’étais bercé, quant à un voyage agréable vers des terres exotiques, dans des contrées éloignées.
J’étais bien content d’avoir emporté ma petite Bible, car il n’y avait pas grand-chose à lire à bord. Quand j’avais du temps libre, je me tournais vers son message d’espoir et de réconfort, et dans le soulèvement et le fracas des vagues violentes, le hurlement du vent, je priais afin que Dieu me révèle Sa présence et Sa sollicitude paternelle.
Un jour, j’ouvris la Bible au livre de Malachie et lus ces mots: « Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison; mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Éternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. » Mal. 3:10. Les mots « mettez-moi de la sorte à l’épreuve » se détachaient comme un véritable défi, et c’est dans cet esprit que je les acceptai.
A quoi est-ce que j’aspirais le plus à ce moment précis ? Bien évidemment à quelque preuve de bonté, à quelque réconfort, voire quelque douceur ! L’idée de confiseries me vint à l’esprit: il n’y avait rien de cette sorte à bord du navire, et il s’écoulerait encore plusieurs jours avant que nous n’atteignions un port. « Père céleste, imploraije en toute sincérité, nous voici quelque part au milieu de cet océan en furie; donne-moi un signe de Ta bonté dans ces terribles conditions ! »
Peu après, alors que, traversant le pont qui tanguait, je passais près de la cuisine, j’entendis le cuisinier m’appeler: « Viens par ici, mon garçon. J’ai quelque chose pour toi. » J’entrai dans la cuisine et le cuisinier me montra du doigt un grand plateau de bonbons sur une table oscillante. « Sers-toi, dit-il, j’ai pensé que cela te plairait d’en manger ! » Frappé d’étonnement, je demandai: « Mais comment est-ce possible ? » «Oh, répondit le cuisinier, le sucre s’était mouillé en se renversant, alors j’ai décidé de m’en servir pour faire des bonbons. »
Pour ma jeune pensée, cela semblait presque être le signe que j’avais demandé. En tout cas, cela me rendit réceptif et m’amena à faire davantage confiance aux choses spirituelles.
Pas de doute, songeai-je en moi-même, il y a un Dieu, un Esprit bienveillant. Comme le dit la Bible: « Certainement, l’Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas ! » Gen. 28:16. Après cela, j'avais l’impression de ne pas toucher terre, tellement j’étais certain de la présence de Dieu.
La promesse des Écritures déjà mentionnée dit: « Vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. » Que sont ces écluses des cieux ? Il ne s’agit certainement pas de portes dans le ciel ! Ce passage doit se référer à une révélation mentale et spirituelle, puisque Christ Jésus a dit: « Le royaume de Dieu est au milieu de vous. » Luc 17:21. En d’autres termes, le ciel est un état de conscience spirituel, le règne de la sainteté au-dedans de soi.
La corne de brume retentissait tandis que le vieux cargo continuait lentement son chemin vers le nord, le long des côtes de la Californie, et quand il passa par le Golden Gate, les rayons du soleil perçant la brume révélèrent la ville magnifique au creux d’une large baie traversée par deux immenses ponts en construction.
Le lendemain matin, nous avons trouvé sur le pont, près de la passerelle, des paquets de journaux qui avaient été apparemment offerts à l’équipage du navire par une église locale. Avide lecteur, je me suis vite emparé d’un paquet et l’ai déposé dans ma cabine.
Plus tard, une fois mon service terminé, j’ai ouvert le paquet et trouvé douze journaux portant le titre: The Christian Science Monitor, et, insérés à l’intérieur de plusieurs des journaux, des magazines intitulés Christian Science Sentinel, qui semblaient être de nature religieuse. Je me suis empressé de les cacher sous mon oreiller, pour pouvoir les examiner à loisir plus tard.
Parcourant mes nouveaux trésors, je me disais: « C’est vraiment un excellent journal, il couvre une grande variété de sujets allant des nouvelles locales et internationales, à des articles sur l’art, la littérature et la poésie. » Il comprenait aussi un exposé sur un sujet religieux. La devise en haut de la page éditoriale était saisissante, elle invitait à la réflexion: « D’abord l’herbe, puis l’épi, puis le grain tout formé dans l’épi » — ce qui devait vouloir dire, d’abord, l’apparition d’une idée nouvelle, deuxièmement, le développement de l’idée, et finalement, la réalisation des promesses et de la mission de cette idée. Les publicités du journal étaient engageantes et provenaient de toutes les parties du globe. Curieusement, aucune d’elles n’incitait à fumer, à boire ou à prendre de médicaments, et il n’y avait apparemment aucune allusion au jeu sous aucune forme. C’était là véritablement du journalisme du plus haut niveau, éminemment recommandable pour une saine lecture en famille.
Et le Christian Science Sentinel ? Sur la première page était imprimée cette phrase: « “Ce que je vous dis, je le dis à tous: Veillez.” — Jésus » Cette citation biblique tirée de Marc a une signification profonde; elle implique que tout le monde a besoin de vivacité d’esprit, d’une vigilance guidée par la prière et d’une constante évaluation spirituelle de ses pensées et de ses actions. Le contenu du magazine révélait des réflexions spirituelles et des idées constructives développées dans des articles qui offraient réconfort, consolation et soutien pour de nombreuses situations. Des témoignages de guérisons physiques et mentales par la prière figuraient également à la fin du numéro.
Il s’avéra que je ne fis pas carrière dans la marine, mais en quittant mon navire, je résolus d’approfondir ces nouveaux enseignements qui étaient venus à ma connaissance, ainsi que je l’appris plus tard, grâce au travail dévoué du Comité de distribution des publications de la Science Chrétienne aux marins de San Francisco.
En étudiant la Science Chrétienne avec un esprit ouvert et libre de préjugés, on découvre rapidement que la Bible est la norme divine de ses enseignements et de sa pratique. Mary Baker Eddy, qui a découvert et fondé la Science Chrétienne, le signale abondamment dans ses écrits. Son œuvre principale, Science et Santé avec la Clef des Écritures, révèle la signification spirituelle des Écritures, et en particulier, conduit à une profonde appréciation de la vie et des œuvres de Christ Jésus.
Le dévouement et le travail désintéressé de Mary Baker Eddy ont abouti à une compréhension plus claire de la filiation divine de l’homme à Dieu, l’Esprit, l’Entendement éternel qui sait tout. Le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé de Mary Baker Eddy, expose la nature irréelle et illusoire du mal et montre comment vaincre les prétentions de ce dernier à être un facteur permanent dans la réalité de l’être. Mary Baker Eddy écrit: « Dieu est le bien naturel et n’est représenté que par l’idée de la bonté; tandis que le mal devrait être considéré comme antinaturel parce qu’il est opposé à la nature de l’Esprit, Dieu. » Science et Santé, p. 119.
Toute personne, tôt ou tard, entreprend son propre voyage de découverte spirituelle, sa propre recherche de Dieu, le bien, et du sens et du but véritables de la vie. Le désir irrésistible de trouver et de comprendre la Vérité est toujours réalisé, ainsi que mon expérience l’a démontré. Quand on se détourne de l’impression fausse et limitée que la vie et l’intelligence sont dans la matière et que l’on spiritualise ses pensées et ses affections comme le Maître, Christ Jésus, l’a enseigné, l’obscurité mentale s’évanouit devant l’afflux de la lumière du Christ, qui révèle la filiation divine de l’homme à la Vie, la Vérité et l’Amour.
Demandez, et l’on vous donnera ;
cherchez, et vous trouverez.
Matthieu 7:7