Un jour, j’ai emmené un ami qui n’était pas Scientiste Chrétien à une réunion de témoignage du mercredi soir. Il y eut beaucoup de témoignages cette fois-là, à la suite de quoi j’ai demandé à mon ami ce qu’il pensait de la réunion.
Il a marqué un temps d’arrêt, et puis il a dit à peu près ceci: « J’ai bien aimé les témoignages, mais il était parfois difficile de savoir au juste ce que les gens voulaient dire. »
Non sans curiosité, je lui ai demandé pourquoi.
« Eh bien, une dame a dit qu’elle semblait avoir une migraine. Alors, elle n’en était pas sûre ? Et puis ce jeune, il disait qu’il souffrait d’une “suggestion de rhume”, et je ne voyais vraiment pas ce qu’il voulait dire, jusqu’à ce qu’il ajoute que lorsqu’il avait été guéri, son nez s’était arrêté de couler ! »
Nous avons bien ri tous les deux, et dans le cours de la conversation, j’ai pu lui expliquer certains termes et concepts particuliers à la Science Chrétienne. Mais j’ai aussi pris silencieusement la décision de bien réfléchir à l’avenir et de faire très attention à ma propre utilisation du langage métaphysique.
Nous tous, Scientistes Chrétiens, ne devrions-nous pas veiller à ce que notre conversation familière ne se transforme pas en jargon et ne se ferme au monde extérieur ? L’enjeu dépasse de loin le simple intérêt de communiquer clairement, aussi important que cela puisse être. Si nous voulons offrir la Science Chrétienne aux autres et la pratiquer de façon efficace, il est essentiel que notre emploi de son vocabulaire soit précis et fasse preuve de sensibilité spirituelle. De plus, il est fort possible que le jargon de nos propos et de nos écrits soit le symptôme de problèmes plus graves, qu’il faudra résoudre.
Imaginons que vous téléphoniez à quelqu’un et lui demandiez ce qu’il fait en ce moment, et qu’il vous réponde: « Je suis en train d’ôter de la matière organique liquide et macroparticulaire déposée sur des objets de céramique, à l’aide d’un liquide légèrement acide qui contient un agent émulsifiant à base de sels de sodium tirés de différents acides gras. » Voilà qui est sans doute scientifique, mais on peut se demander si la simple réponse, « je fais la vaisselle », n’irait pas aussi bien ! Dans ce contexte familier, bien qu’elle soit « juste », la réponse technique ne convient pas.
Il en va de même pour notre emploi du vocabulaire scientifique de la Science Chrétienne: il doit être approprié. Ceci est d’une importance capitale lorsque nous parlons à ceux qui ne connaissent pas la terminologie de la Science divine, et encore moins les idées que traduisent ces mots. Si nous alourdissons notre conversation, inutilement et de manière inconsidérée, par l’emploi d’expressions comme croyance, prétention, apparence, un sens de..., entendement mortel, illusion, et ainsi de suite, nous risquons de dérouter ceux qui ne sont pas Scientistes. Ou même pis, ils pourraient bien en conclure que les Scientistes Chrétiens sont des gens bizarres qui ont leur langue particulière.
L’une des raisons pour lesquelles nous tombons dans le piège du jargon vient peut-être du fait que nous avons peur, surtout au milieu d’autres Scientistes, de ne pas paraître « scientifique » en disant par exemple tout simplement: « J’avais mal à la tête, alors j’ai prié. » On a presque l’impression que si on ne fait pas l’effort d’appeler quelque chose une « prétention » ou une « croyance », c’est comme si on était coupable d’en faire une réalité. En somme, au lieu de nous exprimer simplement, convaincus que c’est notre pensée juste et scientifique, et non pas la simple formulation, qui compte, nous parlons finalement une langue pseudo-métaphysique qui n’est ni véritablement scientifique, ni empreinte de compassion pour les autres. Poussé à l’extrême, un tel galimatias peut provoquer des catastrophes.
Un jour, un élève de l’École du Dimanche, exaspéré, a « explosé » pendant une de mes classes: « J’en peuz plus ! Chez nous, je ne peux même pas parler comme un être humain ! Chaque fois que j’ouvre la bouche, on me corrige à coups de métaphysique. J’essaie de m’exprimer comme tout le monde, et ça finit toujours par un sermon métaphysique. J’en ai marre qu’on me réponde toujours “dans l’absolu”, alors que tout ce que je veux, c’est simplement parler des choses. »
Lorsque le jargon atteint ce niveau, ne disons plus que c’est regrettable ou gênant. C’est franchement néfaste. Cela a failli détourner de la Science ce jeune étudiant. La lettre qui tue, c’est souvent le jargon à l’état pur, les mots de la Science Chrétienne plein la bouche, utilisés à la légère, avec les meilleures intentions du monde. Ne soyons pas intransigeants, laissons notre intelligence et notre sensibilité nous dire à quel moment — si c’est nécessaire — illustrer notre conversation des termes techniques et des concepts de la Science, que notre interlocuteur soit Scientiste Chrétien ou non. Notre Leader, Mary Baker Eddy, écrit: « De sages maximes et des discours verbeux peuvent tomber sur le sol plutôt que d’atteindre l’oreille ou le cœur de celui qui écoute; mais un sentiment tendre et sincère ou une parole affectueuse exprimés au moment opportun, ne sont jamais perdus. » Écrits divers, p. 127.
Le secret d’une utilisation intelligente des termes métaphysiques est simple: est-ce le contexte et les besoins humains justifient l’emploi d’une terminologie chrétiennement scientifique, ou même l’emploi d’un langage métaphysique ? Voici une autre analogie tirée des sciences physiques: si un enfant nous montrait du doigt du bois en train de brûler, en nous demandant ce qu’est « ce truc tout chaud qui brille », notre réponse serait problablement du genre: « Ça s’appelle du feu. C’est très chaud, et il faut faire très attention. » Dans ce contexte, et étant donné les besoins de l’enfant, cela suffit. Si l'enfant voulait vraiment en savoir plus, ou s'il avait réellement besoin d'en savoir plus pour sa propre protection, nous pourrions alors lui expliquer certains rudiments de chimie et de physique concernant le feu. Mais si tel n'est pas le cas, une réponse plus technique ne ferait que l'embrouiller et le troubler.
De même, il est inutile de charger ses propos de termes métaphysiques lorsque les circonstances ou les besoins humains ne les rendent pas nécessaires. Christ Jésus dit un jour: « Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu'on y ajoute vient du malin. » Matth. 5:37. J.B. Phillips en propose cette traduction: « Quand vous avez quoi que ce soit à dire, répondez par un simple oui ou un simple non; ce que vous y ajoutez porte la souillure du mal. » [Traduit de l'anglais.] Cette déclaration de Jésus se place dans le contexte de sa recommandation de ne pas jurer, mais on peut aussi voir comment la façon de parler simple et directe qu'exigeait notre Maître s'applique à notre conversation de tous les jours.
Quand nous avons vraiment besoin d'utiliser des termes métaphysiques, que notre conversation demeure « dans les cieux » et qu'elle soit aussi précise et chrétiennement scientifique que possible. Nos affirmations des faits spirituels de l'être, nos dénégations du mal, devraient être intransigeantes, exactes, courageuses, c'est-à-dire remplies du Saint-Esprit. Mais en société, avec des amis, en famille, si les besoins sont différents, ne mêlons pas inconsidérément la lettre de la Science à notre conversation de tous les jours pour la transformer en une piètre parodie de la véritable expression scientifique.
Si nous avons commis l'erreur d'employer le jargon dans nos propos (et qui peut prétendre ne l'avoir jamais fait ?), nous pouvons aujourd'hui décider que notre conversation sera « oui, oui » et « non, non ». En priant pour recevoir la grâce et le discernement spirituel, nous saurons quoi dire et à quel moment, s'il est nécessaire de dire quelque chose. Ce qui attire le public, et même nos propres enfants, à la Science Chrétienne, c'est cette « vraie tendresse du cœur », c'est cette « douce parole dite au bon moment », ce n'est pas un jargon absolutiste et desséchant. C'est la vie que nous menons, l'esprit du Christ que nous manifestons, qui vont droit au cœur et amènent les autres au troupeau du Berger.
Nous sommes des Scientistes Chrétiens expérimentés. Alors, ne pouvons-nous nous laisser les uns aux autres les coudées franches, et parler, selon mon élève de l'École du Dimanche, « comme des êtres humains », c'est-à-dire sans condamnation automatique ou zèle « pharisaïque » pour corriger autrui par la parole ? Nous ne sommes jamais autorisés à formuler l'erreur, et dans certains cas, il peut être absolument nécessaire d'affirmer à haute voix, plutôt que silencieusement, la vérité scientifique. Mais il est certain que tout irait mieux sans le bavardage pseudo-métaphysique qui tend à peser sur la conversation ordinaire et à ôter toute joie à la vie de famille et au travail d'église.
Dans ses souvenirs du temps où elle travaillait chez Mary Baker Eddy à Chesnut Hill, Martha Wilcox a écrit ces remarques significatives: « Tous ceux qui travaillaient dans sa maison ne devaient pas parler ou discuter de la Science Chrétienne, à table ou entre eux. Nous devions vivre la Science Chrétienne, être la Science Chrétienne, et ne pas seulement en dire la lettre. Cette maison était le lieu au monde où l'on n'entendait jamais de bavardage sur la Science Chrétienne. » We Knew Mary Baker Eddy (Boston: The Christian Science Publishing Society, 1979), p. 196.
Quel exemple pour nous tous ! Notre vie a une force d'expression plus grande que tout ce que nous pourrions jamais dire. Et les paroles scientifiques soutenues par la démonstration et la vie chrétienne ont une autorité, une force et un pouvoir d'attraction proprement irrésistibles. Alors, n'est-ce pas le moment de s'exprimer clairement ?