« L'art, quand il est bien compris, est de la compétence de tout être humain » The Art Spirit (Philadelphie et New York: J. B. Lippincott Company, 1960), p. 15., écrit Robert Henri dans son livre The Art Spirit (L'esprit de l'art). Nous pensons, pour la plupart d'entre nous, que nous ne pouvons absolument pas être artistes. Nous n'avons aucun talent artistique, disons-nous, mais nous aimerions bien pouvoir exprimer nos sentiments avec une certaine beauté. Et souvent, même des artistes de grand talent sont en admiration devant les grands maîtres de l'art, désireux de peindre eux-mêmes de tels chefs-d'œuvre.
Les artistes renommés nous apportent la beauté, des idées qui incitent à la réflexion et que chacun peut apprécier s'il le veut bien. Mais avons-nous jamais réalisé que nous pouvons aussi apporter à l'humanité un art d'élévation spirituelle ? Ce que nous pouvons apporter, c'est l'art réconfortant et guérisseur de la Science Chrétienne. Notre Leader, Mary Baker Eddy, commente le fait d'être un tel artiste, lorsqu'elle dit dans Écrits divers: « L'art le plus vrai de la Science Chrétienne consiste à être un Scientiste Chrétien; et il faut plus qu'un Raphaël pour dépeindre cet art. » Écrits divers, p. 375.
L'art de la Science Chrétienne n'est pas une représentation matérielle du bien, mais plutôt une expression spirituelle de la présence de l'Amour divin qui guérit. Cet art démontre l'esprit de la Science Chrétienne exemplifié dans notre vie. Comme cet art est nécessaire pour guérir les gens de leurs maladies et de leur chagrin !
Pratiquement tous ceux qui étudient et pratiquent la Science Chrétienne connaissent un Scientiste Chrétien qui a transformé leur vie d'une manière exceptionnelle. Les pensées de cette personne, sa manière de vivre, son expression de l'amour, ont en quelque sorte touché notre cœur et notre esprit, et nous ont guéris. Nous pensons peut-être qu'une telle personne est tout simplement un Scientiste Chrétien exceptionnel, un artiste en Science Chrétienne, pourrions-nous même dire. Mais la plupart des artistes véritables possèdent une formation d'étude, de discipline de soi, et une totale consécration au perfectionnement de son art. Les Scientistes Chrétiens sincères reconnaissent en général la nécessité de prier, d'étudier la Bible et les œuvres de notre Leader, et de se discipliner. Mais est-ce que nous nous efforçons aussi d'abdiquer le conservatisme rigide d'une forme de pensée matérialiste qui nous empêche de répondre aux idées de l'Ame, Dieu, idées qui nous élèvent et nous inspirent ?
Un vrai sens des choses, spirituellement fondé sur les éternelles vérités de Dieu et de l'homme, préserve consciencieusement tout ce qui est bon et honnêtement utile à la démonstration du progrès et de la guérison. En revanche, des vues basées sur la matière émanent de la croyance que l'homme est un mortel possédant un entendement personnel limité qui lui est propre.
Cette fausse croyance entretient une routine étroite, dépourvue d'inspiration, caractérisée par des schémas de pensées mortelles restrictives qui ne laissent guère pénétrer le Christ guérisseur dans la vie d'une personne. Ce contraire apparent de l'Entendement divin est l'entendement mortel, ou pensée mortelle, qui résiste constamment à nos efforts pour nous élever au-dessus du monde, jusqu'à un sens spirituel de la Vie. Mais l'entendement mortel ne possède aucune réalité concrète parce que l'Entendement, Dieu, est Tout. Dans la mesure où nous prions pour cultiver notre sensibilité aux idées nouvelles de l'Entendement, porteuses de guérison, une attitude trop rigide ne peut s'emparer de nous.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: « Nous souillons nos vêtements avec le conservatisme, et il nous faut ensuite les blanchir. » Science et Santé, p. 452. Ce conservatisme n'est rien d'autre habituellement que de la peur: crainte d'être mal compris, de paraître ridicule, incertitude quant à savoir si ce que nous faisons est la bonne chose. Mais la peur de commettre une erreur ou la crainte des opinions des autres ne peut s'emparer de nous quand nous avons le désir de répondre aux directives de Dieu. Lorsque nous prierons pour nous-mêmes avec ferveur et régularité, en sachant que nous sommes en réalité l'homme, l'expression de l'Entendement divin, nous acquerrons le jugement spirituel qui permet de faire la distinction entre les actions basées sur les impulsions d'un égoïsme superficiel, et celles qui découlent d'un désir de faire la volonté de Dieu. Voilà comment nous pouvons être libres de répondre spontanément aux idées toujours fraîches de l'Entendement.
Dieu, l'Ame, nous fournit constamment, par le Christ, la Vérité, les idées spirituelles qui peuvent éveiller, stimuler, réconforter et guérir les autres. Notre travail est de nous libérer de préjugés et d'opinions apparemment innés afin de pouvoir répondre à ces idées de guérison spirituelle.
Ainsi, un jour, je visitais une exposition d'art avec une amie praticienne de la Science Chrétienne, dont la vision spirituelle n'avait jamais manqué de m'inspirer et de m'aider. Nous regardions un tableau que je trouvais totalement inintéressant parce que je n'avais aucune attirance pour le sujet. C'est ce que je lui dis. Aussitôt, sa remarque sur le ton et la beauté du tableau, et sur la sensibilité que l'artiste avait visiblement manifestée pour son sujet me fit l'effet d'une réprimande. Cette amie n'avait aucune formation artistique, et pourtant sa perception était pleine de finesse et d'inspiration. Je vis pourquoi elle était toujours en mesure de répondre à mes besoins. Elle éprouvait de la sympathie, une tendre compassion à l'égard des autres, et elle était dépourvue de préjugés profonds à l'encontre de l'humanité. Sa remarque tranquille me fit voir l'attitude de pensée, la liberté chrétienne, qui nous permet d'exprimer l'esprit authentique de la Science Chrétienne qui guérit.
Nous pouvons tous avoir cette sensibilité spirituelle qui répond aux besoins de l'humanité par une guérison effective, si nous étudions la vie de notre Maître, Christ Jésus, et si nous nous efforçons de suivre son exemple. Mary Baker Eddy écrit au sujet de Jésus: « Son exemple est, pour les Scientistes Chrétiens, ce que sont pour les artistes les modèles des grands maîtres de la musique et de la peinture. » Rudiments de la Science divine, p. 3.
Parce que Jésus représentait le Christ, la vraie idée de l'Amour divin, son amour pour Dieu et pour l'homme était sans mesure, et c'est cet amour spirituel qui s'exprimait dans la vraie guérison chrétienne. Les guérisons de Jésus nous font comprendre qu'il devait être gouverné par l'Entendement divin au point de savoir par intuition ce dont chaque individu avait besoin. Il n'avait pas d'opinions personnelles préjugeant des autres, son esprit n'était pas borné par l'orthodoxie religieuse ou ritualiste. Il a apporté le Christ guérisseur aux habitants de la terre d'Israël. Mais il n'était pas limité dans son œuvre, car sa compassion porteuse de guérison était ressentie tout aussi bien par les gens d'autres nations, comme lorsqu'il a guéri la fille d'une femme cananéenne après que la mère l'eut supplié de l'aider. Voir Matth. 15:21–28. Et comme Jésus savait toucher les gens de manières variées ! Parfois il ordonnait à une personne de se lever, comme lorsqu'il a dit au malade de la piscine de Béthesda: « Lève-toi... prends ton lit, et marche. » Jean 5:8. Une autre fois, il a dit à une femme affligée de terribles difficultés physiques: « Va en paix, et sois guérie de ton mal. » Marc 5:34.
Ces guérisons indiquent que Jésus était libre de répondre au besoin du moment, puisqu'il guérissait toujours en se basant sur l'unité réelle des gens et de lui-même avec Dieu, le bien. Une déclaration de Mary Baker Eddy dans Science et Santé exprime ce caractère chrétien: « Si nous voulons guérir par l'Esprit, nous ne devons pas cacher le talent de la guérison spirituelle sous l'enveloppe du formalisme, ni ensevelir la morale de la Science Chrétienne dans le linceul de la lettre. » Science et Santé, p. 366.
Ce talent de la guérison par l'Esprit appartient en fait à chacun d'entre nous, puisque nous sommes tous en vérité l'homme de la création de Dieu, l'idée de l'Amour divin. Et nous pouvons tous saisir l'essence de la véritable guérison, instantanée et sans effort. L'essence d'une telle guérison consiste à désirer aider autrui, et non pas simplement à faire des efforts bien intentionnés pour aider parce que nous sentons que c'est notre devoir; cela signifie écouter Dieu, en réduisant au silence toutes réserves mentales; et cela veut dire obéir aux idées spirituelles qui nous viennent. C'est seulement en renonçant à des idées rigides et préconçues concernant la façon de toucher les autres que nous pouvons céder à la façon divine de les atteindre.
« Demande à Dieu de te rendre habile / Dans l'art du réconfort » A. E. Hamilton, « Sympathy », cité dans Rétr., p. 95., telles sont les premières lignes d'un poème que cite Mary Baker Eddy dans son livre Rétrospection et Introspection. Ce poème termine le livre, ce qui indique peut-être l'importance qu'elle accordait à l'art chrétien qui consiste à réconforter et à guérir les hommes spirituellement, comme l'enseigne la lettre de la Science Chrétienne.
Tout comme personne ne peut dire à un artiste comment ses sentiments les plus profonds devraient marquer son œuvre, de même personne ne peut réellement nous dire comment notre compréhension propre de la Science Chrétienne sera partagée dans tel ou tel cas. Nous pouvons et devons apprendre l'éthique de la pratique de la Science Chrétienne, ainsi que les bases de la guérison spirituelle, grâce à une étude constante et grâce à ces moyens, fournis par Dieu, que sont le cours de Science Chrétienne et le fait d'être membre d'une église. Mais l'esprit de la guérison doit provenir de notre prière individuelle fondée sur un cœur rempli d'amour envers Dieu et l'homme. Cet esprit nous viendra si nous avons véritablement cette aspiration vers un christianisme transcendant qui infuse l'esprit dans la lettre. Dieu répond toujours aux prières dans lesquelles nous demandons une vraie spiritualité.
Être Scientiste Chrétien, c'est être artiste de l'Ame, dépeignant fidèlement dans toute sa beauté l'homme parfait, l'idée de Dieu. Tel est l'art guérisseur de la Science divine. Comme l'écrit Mary Baker Eddy: « L'Esprit est omnipotent; donc un christianisme plus spirituel sera un christianisme ayant davantage de pouvoir, ayant porté à la perfection dans la Science le plus important de tous les arts: celui de guérir. » Écrits divers, p. 232.