Cet article fait partie d'une série d'articles écrits par des jeunes venus récemment à la Science Chrétienne et qui expliquent comment ils se sont intéressés à la Science Chrétienne, ce qui les a convaincus de son utilité et de sa vérité, et comment les enseignements de cette Science ont transformé leur vie.
Par un après-midi de printemps, il y a plus de dix ans, je me trouvais devant la fenêtre d'une salle de classe au deuxième étage, en train de regarder la scène d'agitation qui se déroulait sous mes yeux. Des forces de l'ordre vêtues et équipées pour la répression des émeutes étaient aux prises avec des centaines d'étudiants qui manifestaient. Je reconnus quelques-uns de mes étudiants, qui auraient dû être en classe avec moi à ce moment même.
En me tenant là devant la fenêtre, j'avais presque l'impression de regarder le journal télévisé. J'avais trop vu ce scénario pour ne pas le connaître par cœur. Les sept années de ma vie à l'université semblaient s'être déroulées sur une toile de fond de nouvelles concernant la guerre au Viet-nam et au Cambodge et de manifestations contre cette guerre, ici aux États-Unis. Mais la scène que j'avais sous les yeux, ce n'était pas la télévision. Le campus où je me trouvais alors était, depuis assez longtemps, profondément déchiré, en proie à des problèmes moraux et politiques. Je me souviens que j'étais là, debout, en larmes—sous l'effet combiné de la fatigue, de la frustration et des gaz lacrymogènes qui pénétraient dans la pièce.
Je voulais faire quelque chose pour aider. J'avais toujours été par nature une personne d'action. L'engagement était absolument indispensable, pensais-je, si l'on croyait en une cause. Ou bien on se donne à fond à ce en quoi on croit, ou on ne fait rien du tout. Et si on ne fait rien, c'est qu'on ne croyait pas beaucoup, ou qu'on est hypocrite, ou tout simplement égoïste.
Or, tous ces arguments catégoriques devenaient de plus en plus confus avec le temps et le cours des événements. Ce qui semblait être des motifs élevés s'était terriblement déformé dans la pratique. N'y avait-il pas quelque chose que je puisse faire—si peu que ce soit—qui servirait vraiment la cause de la paix et de la liberté?
Pendant mes premières années d'études, j'avais commencé à m'intéresser à la Science Chrétienne après m'être liée d'amitié avec un membre d'une organisation de la Science Chrétienne dans une université. Je n'oublierai jamais la réaction de cet ami qui, après m'avoir écoutée exposer amèrement mes difficultés—personnelles, financières, dans mes études—s'exclama un jour: «Pourquoi ne fais-tu pas quelque chose?» (Et il le dit comme si c'était la chose la plus naturelle du monde!) «Bien sûr, pensai-je, faire quelque chose pour changer mes parents, faire quelque chose pour changer l'administration, faire quelque chose pour prévenir un désastre si je ne peux pas me procurer l'argent pour payer mes frais de scolarité dans quelques semaines!» (Vraiment, ce type devait plaisanter.)
«Alors, qu'est-ce que je dois faire?» demandai-je, d'un ton légèrement sarcastique, je l'avoue. Je ne m'attendais pas réellement à une réponse valable.
«En bien, je suis Scientiste Chrétien, déclara-t-il, je vais te dire par où je commencerais, moi, en tant que Scientiste Chrétien.»
Et j'avais écouté en silence avec étonnement et respect ce jeune homme sans prétention me décrire ce qu'il ferait si les problèmes que j'avais évoqués étaient les siens. Je ne me rappelle pas en détail ses paroles, mais je me souviens que je fus intriguée par le fait que, selon sa méthode, il fallait «commencer par quelque chose de vrai concernant Dieu».
Très vite, je commençai à assister régulièrement aux réunions d'une organisation de la Science Chrétienne à l'université. Les témoignages de guérison que j'y entendis ont été mon premier aperçu d'un nouveau genre d'engagement: l'engagement spirituel, qui consiste à employer des moyens spirituels pour «faire quelque chose».
Grâce à la Science Chrétienne, je commençai à entrevoir la nature de Dieu en tant que bien tout-puissant. Je me mis à utiliser cette vision spirituelle nouvelle pour aborder les questions qui me touchaient de près: les problèmes avec ma camarade de chambre, les relations compliquées avec un ami, un besoin d'idées originales pour des travaux artistiques. Puis je commençai à appliquer la Science aux problèmes physiques.
Un soir, tard, je m'entaillai profondément un doigt avec un instrument tranchant. Comme j'appliquais par la prière la vérité de la présence et de la totalité de Dieu qui guérit, le sang s'arrêta de couler, la douleur cessa rapidement, et je me remis au travail. En moins d'une journée, toute trace de blessure avait pratiquement disparu. Auparavant, en pareil cas, j'aurais pensé que des points de suture étaient nécessaires et je me serais attendue à ne pas pouvoir me servie de mon doigt pendant assez longtemps et à conserver une cicatrice. Je fus très impressionnée par ce que l'attachement de la pensée à la vérité de l'être spirituel pouvait faire. Quelques mois plus tard, une grave anémie dont j'avais souffert pendant huit ans fut complètement guérie.
Toute joyeuse d'avoir trouvé la vérité qui changerait inévitablement le monde et résoudrait tous ses problèmes, je parlais de la Science Chrétienne sans cesse à tous ceux qui voulaient bien m'entendre (et à beaucoup de ceux qui ne voulaient pas). Mais les discussions philosophiques animées se prolongeant tard le soir ne réussirent guère à convaincre qui que ce soit et ne contribuèrent pas beaucoup à spiritualiser ma pensée. Parfois, ce fut l'effet contraire qui se produisit. J'appris vite que la Science Chrétienne n'était pas simplement une philosophie. Je me rappelai les paroles de Jacques dans la Bible: «Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par les œuvres... La foi sans les œuvres est morte.»Jacques 2:18, 26.
Dans la Science Chrétienne, c'est la guérison qui prouve que nous comprenons les idées métaphysiques. C'est la seule preuve! Finies les discussions intellectuelles théoriques! Si elles sont parfois utiles, j'ai bien vu que ce n'est pas là que les batailles se livrent et se gagnent. C'est dans la vie quotidienne.
Mon étude de la Bible et des écrits de Mrs. Eddy me montra quelque chose d'extrêmement important. Je commençai à voir que si je voulais réellement effectuer des changements dans le monde, il me fallait d'abord changer ma perception de la réalité du monde. En d'autres termes, ce monde «extérieur» que d'autres et moi-même voulions changer n'était pas tout; c'était une image entretenue dans la conscience.
Christ Jésus a dit: «Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point: Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous.»Luc 17:20, 21.pJe me mis à rapprocher cette vérité d'une déclaration de Mrs. Eddy: «Pour saisir la réalité et l'ordre de l'être dans sa Science, il vous faut commencer par considérer Dieu comme le Principe divin de tout ce qui existe réellement.»Science et Santé, p. 275.
Ces deux déclarations m'ont donné un point de départ. Et j'avais certainement beaucoup de pain sur la planche! Je décriais l'hypocrisie et j'étais prête à prendre position publiquement pour ce que j'estimais être la justice politique et sociale, mais il y avait dans ma propre vie passablement de contradictions sur le plan moral. Et je n'y faisais pas face. Je commençais à voir que ce sur quoi il fallait vraiment que je porte mon attention, c'était mon propre sens de la réalité. Je devais accepter l'harmonie de Dieu et l'impeccabilité inhérente de l'homme comme étant la vérité de l'être. Dans la mesure, quelle qu'elle fût, où j'acceptais la guerre, la haine, la pauvreté, etc., comme des réalités, je niais le gouvernement omnipotent de Dieu et j'étais incapable de contribuer à amener une guérison de la situation par la prière.
J'étais en train de découvrir que le genre de changement révolutionnaire dont le monde avait besoin était spirituel et que si j'espérais y contribuer d'une manière sensible, je devais croître sur le plan spirituel. Il fallait beaucoup plus qu'une proclamation naïve de la vérité. Il fallait plus que les sacrifices que j'avais pensé avoir faits ou que j'étais prête à faire pour une noble cause. Avoir une pensée assez spirituelle pour pouvoir guérir comme Christ Jésus l'a enseigné à ses disciples exige une introspection sincère, un profond engagement envers Dieu, et aussi que l'on soit prêt à sacrifier l'orgueil, la colère, la propre volonté. Chose plus facile à dire qu'à faire, mais au moins je commençais à voir où se trouvait la solution.
Alors que je regardais tristement la foule en colère se bousculant et s'injuriant, cet après-midi-là, je vis plus clairement que jamais que la vie est une lutte spirituelle. Les remous se produisant dans le monde sont en fait des vues collectives de l'humanité, concernant la réalité, qui se heurtent et s'opposent les unes aux autres. Et je voulais «faire quelque chose» plus que jamais auparavant! Mais il ne sert à rien de se lancer dans une action sans demander à Dieu «comment» et «quand». Ce jour-là, j'ai reconnu qu'il fallait absolument que ma compréhension de Dieu grandisse, car rien d'autre, aucune autre action dans laquelle je pourrais me lancer, ne ferait autant pour produire des avantages durables pour l'humanité.
Après avoir perçu cela, je me retirai mentalement de la situation d'affrontement qui m'entourait sur le campus, et je décidai d'approfondir mon étude de la Science Chrétienne. Je ne tournai pas le dos aux problèmes mondiaux, mais je me mis à chercher leur solution spirituelle. Peu de temps après, je demandai à suivre le cours de Science Chrétienne d'un professeur autorisé et fus acceptée.
Deux ans plus tard, j'entrai dans la pratique de la Science Chrétienne à plein temps. Nulle part ailleurs il ne se passe davantage d'activité passionnante! Être le témoin de l'effet du Principe divin, l'Amour, dans le cœur et la vie des enfants, des hommes et des femmes est la plus grande aventure qui existe. Rien ne dépasse la satisfaction qu'apporte la guérison.
La prière véritable est l'engagement dans son sens le plus élevé. Je me rappelle ce fait et les preuves innombrables que j'en ai lorsque je suis tentée de me laisser accabler par les nouvelles. Les bouleversements qui se produisent dans le monde diminueront à mesure que chacun de nous participera à leur guérison. Comme nous devrions être remplis d'espoir, sachant que le Principe du bien infini, l'Amour divin, nous montrera comment être «engagés» au sens le plus noble du terme.