Pourquoi l'affluence se fait-elle plus grande dans presque toutes les églises chrétiennes au moment de Pâques — comment expliquer que nombre de gens, qui d'ordinaire ne pénétreraient jamais dans une église, se sentent poussés à s'y rendre ce jour-là ? A coup sûr, il ne s'agit pas uniquement de tradition et de cérémonie. N'est-ce pas plutôt parce que l'humanité s'émerveille de l'amour qui amena Jésus à donner sa vie pour ses amis... et ses ennemis, s'émerveille de la force qui ressuscita sa vie ?
Cette force vitale de l'Esprit, toujours jaillissante, a peut-être été interprétée matériellement au moyen de rites païens du printemps et de croyances panthéistes. Mais elle n'a, en réalité, rien à voir avec la matière. Bien au contraire, elle nous donne la compréhension spirituelle qui élimine l'orgueil humain et les croyances matérielles. Tel est le pouvoir de Pâques qui est source de résurrection. Bien que la célébration de Pâques atteigne son apogée, selon la tradition chrétienne, après l'équinoxe de printemps, nous pouvons, chaque jour, en ressentir le pouvoir grâce à l'amour, à la reconnaissance et à un mode de penser plus spirituel.
Un des Statuts de notre Leader dans le Manuel de L'Église Mère stipule qu'aux États-Unis, les membres de L'Église Mère ne devront pas marquer le jour de Pâques par des célébrations spéciales, des fêtes ou l'échange de cadeaux. Et Mary Baker Eddy ajoute: « La gratitude et l'amour doivent demeurer dans le cœur de chacun, chaque jour de toutes les années. Ces mots sacrés de notre Maître bien-aimé: “Laisse les morts ensevelir leurs morts” et “Toi, suis-moi”, incitent à des efforts chrétiens journaliers pour les vivants, de manière à illustrer l'exemple de notre Maître ressuscité. » Man., Art. XVII, Sect. 2.
Cette invitation à glorifier — et même à imiter — notre Maître ressuscité, plutôt qu'un héros mort, est l'exigence unique de Pâques. Elle nous incite à nous soumettre chaque jour à cette force qui est source de résurrection et de vie, à nous attaquer à tous les problèmes, l'un après l'autre, à leur apporter une solution spirituelle au lieu d'attendre que la mort amène leur dissolution. La promesse que c'est là chose possible, que tout problème de l'existence peut trouver une solution, pourra sembler un miracle impressionnant. Mais tel est le message de Pâques, la promesse de la résurrection.
Le pouvoir qui défie les sens physiques et qui, sans être influencé par leur témoignage, affirme que l'homme est immortel, apporte la résurrection. Il guérit les malades et les affligés, car il abolit le présupposé fondamental qui soustend maladie et accident, à savoir que l'homme doit mourir un jour. Rien de surprenant à ce que le jour de Pâques soit un jour glorieux !
Mais alors dirons-nous, pourquoi se contenter de glorifier Dieu pendant un seul jour ? Si le monde chrétien faisait de chaque jour une fête de Pâques, la terre serait transformée. Si seulement cette fraction de l'humanité que constitue la chrétienté était convaincue de la résurrection, tous les hommes pourraient voir se réaliser le millénium.
Pâques annonce la gloire du millénium. Dans le cœur de tous ceux qui célèbrent vraiment Pâques, en lui donnant sa signification véritable, il brûle un feu inextinguible, qui, même tout petit, consume les croyances lassées et fait jaillir un nouvel espoir de vie en Dieu.
En se soumettant à la mort, Jésus donna naissance à une plus haute idée de l'homme. Il ne se contentait pas de développer des théories sur l'immortalité de l'homme, il offrait comme preuve sa propre vie. Comme le dit clairement Pierre: « Nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l'ont tué, en le pendant au bois. Dieu l'a ressuscité le troisième jour, et il a permis qu'il apparût. » Actes 10:39, 40.
Jésus ne pouvait pas rester dans la tombe. Il savait trop ce qu'était la Vie. Il avait trop démontré que sa nature était semblable à celle du Christ.
Grâce à sa résurrection, nous savons que le chemin qui mène à la Vie éternelle est le chemin de l'Amour, un chemin que rien ne peut interrompre mais qui nous fait inclure, pardonner et guérir tous les hommes — même nos ennemis.
Aussi méfiant soit-il, celui qui célèbre ce jour d'allégresse peut au moins réussir à transcender quelque peu une vision matérialiste de la vie. Il peut voir que l'univers et sa propre identité ne sont pas uniquement ce que les sens physiques lui révèlent. Peut-être prendra-t-il même conscience de la présence de l'Amour divin et obtiendra-t-il le pardon de quelque faute commise dans sa vie.
La résurrection rend possible pareil moment. Sa plus parfaite expression en fut la carrière de notre Maître qui donna des preuves indéniables de ce qu'il enseignait. Pourtant la Science Chrétienne montre clairement que la résurrection n'est pas un fait unique, qu'elle n'est pas seulement l'expérience du Maître. Ainsi que Mrs. Eddy la définit dans Science et Santé, la « résurrection » est la « spiritualisation de la pensée; une idée nouvelle et plus élevée de l'immortalité, ou existence spirituelle; croyance matérielle cédant à la compréhension spirituelle » Science et Santé, p. 593..
Christ Jésus démontra le pouvoir résurrectionnel qu'avait l'Ame pour rétablir son corps, tout comme il avait utilisé ce pouvoir pour rétablir et guérir les autres. Lorsque, nous aussi, nous utilisons les lois de Dieu pour guérir, nous participons à notre propre résurrection.
On ne peut retarder la résurrection. Elle manifeste cette force puissante qui contraint les croyances matérielles à céder aux vérités spirituelles. Il en résulte, entre autres, que les églises se remplissent le matin de Pâques.
Lorsque nous commençons à saisir l'immense signification de ce que fit Jésus, nous sommes tout d'abord accablés par sa crucifixion. Voilà un homme sans péché qui endura la douleur et la mort, parce qu'il avait compris que c'était là la mission que Dieu lui avait confiée. Si nous comprenons qu'il nous montrait ainsi le Chemin, nous éprouvons une immense dette de reconnaissance envers lui.
En se soumettant aux conditions de la mort, il nous en prouva l'irréalité ultime. En outre, il prouva que la matière et le péché seraient aussi combattus et vaincus et qu'on en démontrerait finalement l'irréalité.
Acceptant et utilisant la grande force de l'Esprit, qui ressuscite, Jésus nous offrit le moyen et l'occasion de triompher du péché et des théories matérielles relatives à la vie. Lorsque nous comprenons ceci, notre attitude mentale change. Nous disons avec vénération: « Il a vécu pour que nous apprenions à vivre spirituellement. » Et nous découvrons une force nouvelle — la force du Christ — qui nous permet d'être gouvernés par le divin.