On attendait un Sauveur. Au moment où est né Christ Jésus, bien des gens se préparaient à l'avènement du Messie. Et pourtant, la plupart d'entre eux ne parvinrent pas à reconnaître son avènement. Les chrétiens d'aujourd'hui peuvent se pencher sur ce qui s'est passé il y a deux mille ans et comprendre la raison profonde pour laquelle cet événement a été si peu remarqué: il se produisit de façon si inattendue !
Des idées préconçues sur la façon dont viendrait le Sauveur, sur qui il serait ou sur ce qu'il ferait, empêchèrent un grand nombre de le reconnaître pour ce qu'il était. Ce n'était pas que les gens fussent indifférents, ou qu'ils n'attendissent pas le Christ; le problème, du moins pour beaucoup d'entre eux, venait de ce que leur sens spirituel était si peu développé qu'ils ne purent pas discerner cet événement magnifique.
De nos jours, il se peut que les chrétiens s'étonnent du manque de réceptivité qui caractérisa tant de gens à l'époque de Jésus. Il était là, parmi eux, menant une existence qui devait entrer dans l'histoire comme la plus marquante que le monde ait jamais connue. Peu, cependant, perçurent le Christ qu'il exprimait. Vue avec un certain recul, l'apparition du message de Dieu est pourtant si évidente, au moins pour les chrétiens du monde. La venue du Sauveur avait été prophétisée; il était né d'une vierge; son milieu était modeste; il acquit un pouvoir spirituel qui ébranla littéralement les partisans du matérialisme.
Aujourd'hui, les Scientistes Chrétiens se penchent sur l'origine de leur mouvement qui date de plus d'un siècle. Il se peut qu'ils s'étonnent du fait que la plus grande partie du monde chrétien ne parvienne pas à reconnaître la Science divine, le Consolateur promis par Jésus. Ce n'est pas que le monde n'ait pas attendu cette venue. Depuis longtemps, bien des gens sont certains que la réapparition du Christ est imminente.
Pour le Scientiste qui réfléchit, l'avènement de la révélation divine à cette époque semble tellement logique, naturelle et évidente ! Mais comme au temps de Jésus, l'apparition soudaine de l'idée spirituelle, bien qu'elle ait été attendue, s'est produite sous une forme et s'est accompagnée d'un message que peu d'hommes, relativement, ont été préparés à discerner et à accepter.
Nous pouvons, sans doute, nous rendre compte de la profondeur de ce qu'a dû ressentir Mrs. Eddy, lorsqu'elle a écrit: « Mon espérance lassée tâche de discerner le jour bienheureux où l'homme reconnaîtra la Science du Christ et aimera son prochain comme lui-même — où il percevra clairement l'omnipotence de Dieu et le pouvoir guérisseur de l'Amour divin dans ce qu'il a fait et ce qu'il fait actuellement pour l'humanité. Les promesses seront accomplies. Le temps de la réapparition de la guérison divine est de tous les âges... » Science et Santé, p. 55.
Il existe une ressemblance frappante entre le besoin d'un sens spirituel plus pénétrant, qui se faisait sentir à l'époque de Jésus, et le manque de perception inspirée qui caractérise notre époque. Dans les deux cas, le manque de perspicacité divine a retardé la réponse de l'humanité à l'appel du Christ, de la Vérité. Cette leçon que le monde en général doit apprendre, pensons-nous, est peut-être en réalité celle qu'il nous faut nous-mêmes mieux comprendre.
Que dire des cas où nous avons appliqué les vérités métaphysiques spécifiques à quelque difficulté humaine, mais où la guérison ne s'est pas produite avec cette rapidité qui caractérisait les guérisons opérées par Jésus ? Tout comme ceux qui vivaient au temps de Jésus attendaient avec un profond espoir le Christ sauveur, nous nous attendons aujourd'hui à être libérés de chaque problème auquel nous avons à faire face. Mais ne faisons-nous pas un peu cette erreur commise à la fois au temps de Jésus et de nos jours par ceux qui n'ont pas réussi à reconnaître la Science divine ? Notre espoir est-il concentré à l'intérieur de certaines limites ? Avons-nous des idées préconçues quant à la forme que prendra la réponse qui apportera une certaine guérison, lorsqu'elle se présentera à nous ?
La raison pour laquelle tant de gens, autrefois, sont passés à côté du message de guérison du Christ vient de ce que les sens matériels entendaient déterminer la façon dont « Emmanuel » ou « Dieu avec nous » (Matth. 1:23) devait apparaître dans l'expérience humaine. Peut-être avons-nous une décision importante à prendre et n'avonsnous pas pu voir quel était le bon chemin à suivre. Une maladie n'aurait-elle pas encore cédé à la santé ? Un problème de relations humaines ne serait-il pas encore résolu ? Quel que soit le défi à relever, sommes-nous vraiment réceptifs à la façon unique dont le Christ est peut-être déjà en train de fournir une réponse ?
Au lieu de prier plus fort pour que le Christ apparaisse, pour qu'il vienne nous sauver, il nous faut peut-être approfondir notre sens spirituel — cette qualité de la conscience qui nous permet de voir ce que le Christ est, en réalité, en train d'accomplir en nous, à l'instant même. Non pas que ce soit toujours facile. Par sa rigidité, la pensée mortelle voudrait s'accrocher à sa conviction que la réponse n'est pas encore là, qu'elle doit se manifester d'une façon déterminée à l'avance.
Mais le miracle de la bonté de Dieu apparaît souvent sous la forme originale, innovatrice et créatrice d'une réponse dont la base est spirituelle. Bien que nous ne reconnaissions pas encore la solution, cela ne veut pas dire qu'elle ne soit pas présente. Il est possible qu'il nous faille élargir davantage notre vision mentale, notre pur sens spirituel.
Ce point de vue plus large, plus étendu, ne sera pas seulement le résultat des efforts que nous accomplirons pour développer l'imagination humaine, ou de la recherche impatiente de nouveaux moyens qui nous aideront à échapper au problème. Un état mental mortel ne peut pas réellement voir les possibilités de l'Esprit. Mais en tant que reflet de l'Esprit, l'homme possède un sens spirituel qui ne connaît pas de restrictions, une capacité sans limites d'être conscient de la bonté de Dieu, toujours présente. Comprendre cela et reconnaître le fait que l'Entendement se révèle lui-même sans aucune restriction nous permet de voir les solutions là lù elles semblaient ne pas exister, du moins pour le sens matériel.
N'était-ce pas cette leçon que le serviteur d'Élisée eut besoin d'apprendre ? Le jeune homme se leva un matin pour découvrir que la ville était encerclée par les Syriens. Le sens matériel proclamait avec obstination que le prophète et son serviteur n'avaient aucun moyen d'échapper. Mais grâce au sens spirituel, Élisée vit qu'ils étaient en sécurité. « Élisée pria, et dit: Éternel, ouvre ses yeux, pour qu'il voie. Et l'Éternel ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d'Élisée. » II Rois 6:17.
Ce fut une solution tout à fait inattendue, surprenante, tout au moins du point de vue des sens matériels. Mais la solution spirituelle se présente fréquemment sous une forme inattendue. C'est pourquoi nous avons si souvent besoin de renverser les barrières mentales qui font obstruction et d'ouvrir notre conscience à l'éventail illimité des possibilités offertes par l'Esprit.
Sans aucun doute, il est essentiel, au cours d'un traitement, d'affirmer les vérités métaphysiques fondamentales. Il est naturel et essentiel de reconnaître que Dieu est bon et d'accepter la perfection de l'homme en tant qu'expression intacte de Dieu. Mais du fait même que Dieu est infini, la façon dont Il répond à notre besoin immédiat peut être imprévue.
Il devrait nous être possible d'évoquer la scène qui eut lieu à Bethléhem pour en tirer une leçon profonde sur la façon dont il nous faut élargir notre capacité de recevoir le don de Dieu, sous quelque forme qu'il se présente. Cette leçon va bien plus loin que l'histoire d'un enfant dans une crèche, que l'on n'a pas su apprécier. Ne percevons-nous pas l'écho de cette histoire lorsque nous-mêmes nous ne voyons apparaître aucune solution au problème auquel nous nous trouvons en butte ? Il y a une réponse. Cette réponse est à notre portée, maintenant. Mais il nous faut peut-être enrichir notre attente grâce à la perspicacité et au discernement spirituels, afin de reconnaître la façon unique dont Dieu est en train de nous révéler Son Christ.
