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C'est en prison que j'ai trouvé la liberté

Interview accordée par un « ex-résident »

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mars 1973


J'ai grandi à Brooklyn, faisant comme tous les enfants qui poussent dans un quartier déshérité. Mes parents faisaient de leur mieux pour m'élever convenablement, mais vous savez les gens ont déjà tant à faire avec eux-mêmes, c'est dur pour eux de voir ce qui se passe réellement avec les enfants.

Ma mère voulait que je reçoive la meilleure éducation possible. Mais à l'époque les écoles du quartier étaient exactement ce qu'elles sont aujourd'hui, sinon pires. Le lycée où j'allais, se trouve dans un autre quartier. Au point de vue études, il était excellent, même s'il était un peu comme un de ces clubs sectaires, un de ces instituts où prédominent des blancs appartenant aux classes moyennes, et qu'il a derrière lui une longue histoire d'antagonisme racial.

En ce qui me concerne, ça n'a jamais marché trop bien. Je ressentais, comme la plupart des noirs dans ces quartiers qui leur sont réservés, un grand vide solitaire et un manque de confiance dans la vie. Je n'avais d'autre exemple sous les yeux que les racoleurs, les colporteurs de drogues, les marchands de billets de loteries clandestines — les gangsters en Cadillac. Eux, ils avaient l'air de réussir. Quant aux noirs qui faisaient œuvre utile dans la société, on n'en entendait jamais parler au lycée.

« J'ai tout bonnement... essayé de me procurer les choses matérielles dont j'avais envie... »

J'avais coutume de rendre visite à un de mes amis, un jeune blanc qui habitait Forest Hills, beau quartier résidentiel; nous faisions tous deux partie de la même équipe de basket. A cette époque-là, j'aurais été incapable d'analyser les raisons pour lesquelles ils étaient si riches, et pas nous. J'essayais de m'intégrer à ce qui constituait les valeurs bourgeoises et, tout bonnement de me procurer les choses matérielles dont j'avais envie.

Je me mis à fréquenter une bande de jeunes un peu louche; ces gars de mon école dévalisaient les banques, simplement en braquant une arme sur le caissier. Chez eux, ils avaient pour ainsi dire toute une garde-robe genre Cardin et je me mis à voler des vêtements du même genre pour que tout le monde puisse voir comme j'étais chic !

Cette sorte de vol à l'étalage faillit me faire expulser du lycée. C'est-à-dire qu'on me réserva le traitement d'usage pour jeunes délinquants: la police détruisit les rapports qui m'incriminaient mais je fus traduit en justice. Je n'avais que quinze ans. « Si jamais vous étiez à nouveau déféré devant mon autorité, dit le juge, je vous ferais incarcérer jusqu'à vos vingt et un ans. » Cette promesse me calma pendant les trois ans qui suivirent, assez en somme pour en terminer avec le lycée.

J'aurais bien voulu obtenir une bourse universitaire sur base de mes prouesses athlétiques, mais ça ne marcha pas. Je n'étais pas le genre, je n'avais pas ce qu'il fallait. J'aurais voulu être un basketteur-étoile.

« ... comme si la terre s'entrouvrait sous mes pieds. »

Sans trop de conviction, je me tournai alors vers l'armée. On me choisit comme candidat officier, mais là aussi l'école d'élèves-officiers me renvoya, ayant indûment prolongé une permission de trois jours au cours d'un week-end à la maison. Et puis on m'envoya en Allemagne; j'y ai tout de suite fait du marché noir, suite à quoi l'appareil militaire me rendit à la vie civile, ignominieusement destitué. Ce fut alors pour moi comme si la terre s'entrouvrait sous mes pieds. Quand on m'apprit que, retour aux U.S.A., en raison de ce qui figurerait sur mes états de service je ne pourrais pas trouver de travail, je sentis qu'il fallait que je me venge — que je prouve que j'étais capable de prendre ma revanche sur la société, et que, pour survivre, je n'avais pas besoin de me conformer.

Une fois rentré, dans les rues de New York je m'engageai en toutes sortes d'activités illégales, jusqu'au jour où, en 1967, je commis un vol dans un supermarché. Mais il n'y eut pas de voies de fait et je n'étais pas armé. La police m'attendait pour me cueillir et c'est vraiment ce qui aurait pu m'arriver de mieux: je frisais la mort, mais Dieu, me protégeant de Son grand pouvoir, ne me laissa pas aller plus loin.

Voyez-vous, j'ai toujours senti, tout petit, et même plus tard quand je vivais sans foi ni loi, que l'avenir me réservait tout de même autre chose, et que j'étais destiné à quelque chose de plus grand; je ne savais pas quoi. La religion, je n'y pensais même pas. Mais maintenant mon destin, je le connais: c'est d'exprimer le bien, de m'accorder harmonieusement avec la loi universelle du bien, qui maintient l'homme avec la même précision qu'elle maintient les étoiles.

En fait le mal n'a aucun pouvoir. C'est tout à fait comme le dit Mrs. Eddy: « Le plus grand mal n'est que l'opposé hypothétique du plus haut bien. » Science et Santé, p. 368; Dans mon cas, l'erreur était exactement arrivée à sa maturité en vue d'être détruite. Elle était parvenue à son point culminant lorsque je fus appréhendé devant le supermarché. C'est là que j'ai fait mon premier pas en direction de la liberté.

Vingt-deux mois durant, on me maintint en détention préventive. Une maison d'arrêt, ce n'est pas un endroit sympathique. Gardiens et détenus se déchargent de leurs frustrations les uns sur les autres, à tout moment une émeute peut éclater. Le détenu ne reçoit aucun courrier, sa famille ou ses amis habituellement l'abandonnent, et la seule chose qui nourrisse son esprit, c'est la manière dont il va pouvoir prendre sa revanche et faire payer à quelqu'un tout ce qu'il aura souffert.

« ... et tout à coup, c'était comme si la résurrection de Lazare était ma propre résurrection. »

Au moment de mon arrestation, je ne savais pas du tout ce qu'était la Science Chrétienne. Je végétais dans ma cellule, l'esprit vide à force d'ennui et de frustration. Simplement dans un but de diversion, j'assistai un jour à un service de la Science Chrétienne. C'était exactement ce qu'il me fallait: une nourriture spirituelle. Dès lors, ma vie connut un grand changement, la Science commença à faire partie de moi-même. En pénétrant dans la chapelle de la prison j'étais comme un mort vivant, et tout à coup, c'était comme si la résurrection de Lazare était ma propre résurrection. En redescendant dans ma cellule, j'aurais pu chanter ma joie sur les toits; j'avais réussi tout de suite à assimiler quelque mesure de vérité, ayant discerné le fait que mon identité en l'Entendement, Dieu, avait toujours été bonne et qu'elle le demeurerait toujours.

Avec ma famille, les ponts étaient coupés, mais évidemment ma mère, elle, venait me voir. Elle s'aperçut que j'avais tout à fait repris le dessus et cela l'intrigua. Je lui parlai alors de la Science Chrétienne et comme elle avait toujours cherché la vérité, elle en entreprit immédiatement l'étude et inscrivit mon frère à l'École du Dimanche.

Les divers Scientistes Chrétiens qui venaient me rendre visite confirmèrent réellement ma foi en la Science; ils m'accordaient tout le soutien possible. Jamais ils ne faisaient de sermons; ce qui me plaisait, ce n'était pas ce qu'ils disaient, c'était leur attitude pleine d'amour. Ni la couleur de ma peau ni ce que j'avais fait ne les démontait aucunement; ils voyaient en moi l'homme réel que Dieu a créé et savaient que tout ce mal n'avait strictement rien à voir avec moi puisqu'il était irréel. Ils me traitaient comme un prince.

Je compris que je n'avais pas été pris au piège des circonstances. J'étais en prison, mais en tout cas j'étais libre de connaître la vérité, et la vérité constitue une loi libératrice. Elle a d'abord libéré ma pensée du mal, ensuite elle a libéré mon corps de la prison.

Et voilà comment la Science devint le mode de vie que je choisis; je me mis à fréquenter des hommes dont l'esprit s'ouvrait à la vérité: nous explorions ensemble la Bible, les périodiques de la Science Chrétienne et le sens des paroles de Mrs. Eddy, et ce, chaque jour, pour mieux comprendre. Nous ressentions une certaine harmonie, même dans ce cadre lamentable, un peu dans l'esprit de: « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux. » Matth. 18:20. Vous savez, puisque c'est chose inévitable, vous êtes en fait à même de démontrer l'harmonie: vous désirez cesser de souffrir. En voie de conséquence, mes camarades de prison ont commencé à raconter les guérisons qu'ils obtenaient, qu'il s'agît de maux physiques ou aussi bien de faux appétits. C'est comme ça que tant de détenus, et moi-même, en sommes venus à tellement aimer la Science Chrétienne. Réellement, je la vivais chaque jour.

On peut soit dégringoler au niveau de l'hostilité qui mène à la destruction, soit s'élever à la pureté de conscience alignée sur Dieu, l'Entendement suprême. Cet Entendement ne peut qu'apporter le bien à l'homme et à tout l'univers; c'est le seul pouvoir réel qui soit.

« ... je me sentais prêt pour la vraie liberté... »

Après presque deux ans de détention, je comparus devant un tribunal qui allait définitivement juger mon affaire. A ce moment-là, je me sentais prêt pour la vraie liberté: la liberté spirituelle. En conséquence je ne fus condamné qu'à une peine de quelques mois encore, qu'il me fallait purger à la prison d'État de Sing Sing. Ensuite on me transféra à une autre prison où il n'y avait pas de services de la Science Chrétienne, mais je fis la connaissance d'un merveilleux aumônier protestant qui me remit les derniers numéros du Christian Science Sentinel. Bien qu'ayant été détenu dans trois prisons différentes, je suis reconnaissant d'avoir toujours pu conserver mon Science et Santé et ma Bible et recevoir le Livret Trimestriel de la Science Chrétienne grâce auquel je faisais la Leçon-Sermon, ce qui m'aidait à purifier ma pensée.

Voyez-vous, en dépit des conditions inhérentes à la vie de prison, il y a toujours moyen d'être seul pour essayer de se trouver soi-même. Pour trouver la force spirituelle, Christ Jésus, notre Maître, se rendait seul au sommet de la montagne — avant de détruire les mauvaises pensées de ceux qui étaient en bas. On doit pouvoir mettre à profit la solitude pour se recharger spirituellement par la prière et être ainsi à même de juguler les pensées diaboliques d'hostilité, de désespoir que l'on rencontre dans la vie de prison. Un sommet: c'était bien là ce que représentait pour moi l'emprisonnement.

Enfin en octobre 1969, je fus placé en liberté conditionnelle et relaxé; mais j'avais été inculpé, il y avait si longtemps que je l'avais pratiquement oublié, d'avoir volé une voiture dans le New Jersey, et à ma sortie de prison, deux officiers de la police de cet état m'attendaient pour y retourner à nouveau jusqu'en juillet 1970. Et là il n'y avait pas non plus de services de la Science Chrétienne, mais je réussis à semer un peu la graine de Vérité en quelques cœurs réceptifs.

Je me rappelle que j'avais dit à l'un des juges: « Il se peut que le pardon du magistrat et l'acquittement que prononce le jury ne soient qu'un encouragement à la répétition du crime. Parce que, ce qui doit être détruit en soi, c'est le mobile qui en est la cause, et ce, par le coupable: moi-même en l'occurrence. » Je comprenais bien que ce n'était ni le juge, ni la police ni les membres du jury qui m'envoyaient en prison; et je n'étais nullement victime des circonstances. C'était uniquement mes mauvaises pensées; mes mobiles d'action dans la vie, devaient changer.

Souvent les gens me demandent si cette expérience m'a laissé une certaine amertume. Mais aucunement: j'ai appris que nous retirons de la vie ce que nous y mettons. Il y avait longtemps que j'avais semé les pensées qui m'ont conduit en prison, je ne faisais que récolter les conséquences de ma propre pensée, de mes mauvaises actions. A présent, je sais que j'ai corrigé tout cela. Si physiquement je suis sorti de prison inchangé, par contre j'ai grandi mentalement grâce à la Science Chrétienne.

La première chose que j'ai faite, une fois libre, c'est d'assister aux services de l'église filiale du Christ, Scientiste, dont ces gens qui m'avaient soutenu tout du long, faisaient partie. Et ça ne me paraissait pas étrange; pour moi c'était comme une continuation, j'allais vivre libre, à l'extérieur, comme j'avais vécu à l'intérieur, entre mes quatre murs. J'avais vécu dans la conscience du bien et je continuerais à en faire autant. J'avais vaincu les mauvaises pensées qui m'avaient caché l'harmonie de l'existence.

« ... si je suis arrivé à surmonter les horreurs de la détention, alors n'importe qui peut surmonter n'importe quoi. »

Au bout de quelques mois je suis devenu membre de L'Église Mère. En esprit, et en démonstration, j'avais déjà le sentiment d'en être membre. Et puis je suis devenu également membre d'une église filiale.

Je m'inscrivis à un programme universitaire spécial permettant aux membres de minorités ethniques de découvrir leurs aptitudes, de s'éduquer et de couvrir tous leurs frais. Ensuite j'ai été admis à l'université où j'ai d'excellents résultats dans le domaine de la création littéraire.

C'est par de grandes souffrances que j'ai trouvé la Science. Je désire à présent essayer d'en atteindre d'autres qui sont incarcérés et leur montrer que si je suis arrivé à surmonter les horreurs de la détention, alors n'importe qui peut surmonter n'importe quoi.

Un jour, un autre détenu m'a dit: « Tu sais, mon pote, au fond, je pourrais changer; oui, je pourrais changer, me racheter, faire mieux: mais changer et faire mieux quoi? Il y a si longtemps que je suis de l'autre côté de la barrière, qu'est-ce que je pourrais faire, dis ? Au fond, qu'est-ce que je sais faire ? »

Eh bien, à dire vrai, s'il en avait le moyen, il pourrait faire n'importe quoi. Et le moyen, c'est la Science Chrétienne !

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